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Rodolphe Burger › Cantique des cantiques & Hommage à Mahmoud Darwich

cd • 2 titres • 59:03 min

  • 1Cantique des cantiques18:27
  • 2S'envolent les colombes40:36

informations

"Cantique des cantiques" enregistré au Théâtre de l’Odéon (Paris) le 16/11/2011, "S’envolent les colombes" enregistré au Théâtre Molière (Scène nationale de Sète et du bassin de Thau) le 12/03/2010.

line up

Rodolphe Burger (chant, guitare), Yves Dormoy (électronique, clarinette), Ruth Rosenthal (chant), Rayess Bek (chant), Mehdi Haddab
 (oud), Julien Perraudeau
 (basse, clavier)

chronique

Le profane et le sacré, ensemble, n’en déplaise aux traditionalistes, aux orthodoxes de tout poil, ça ne devrait pas être un problème. Les langues, ensemble, qui se répondent, non plus. Ce monde manque un peu d’écoute, de dialectique. Mais pourquoi Diable (lui, encore) mettre côte à côte le Cantique des cantiques et Mahmoud Darwich ? Un hommage dit-on, un hommage double, car ce cantique-là, traduit par Olivier Cadiot et mis en musique par Rodolphe Burger, fut dit par Alain Bashung et Chloé Mons lors de leur cérémonie de mariage. Alain est parti. Mahmoud aussi, le poète palestinien, donc d’une terre effacée par l’histoire, forcément exilé. Profane/sacré, c’est déjà le Cantique lui-même, puisqu’il est un chant d’amour aux images érotiques évidentes, un dialogue entre couple(s), ici repris par Rodolphe lui-même, son sprecht-gesang moins cérémoniel que Bashung y fait merveille, et l’israélienne Ruth Rosenthal (du duo Winter Family), qui l’ouvre en hébreu, car le Cantique se trouve aussi dans le Tanakh. Sur la fameuse boucle minimale créée pour le mariage Bashung/Mons, Burger glisse sa guitare reconnaissable entre mille, des ornements électroniques discrets y fleurissent comme dans les jardins, ceux de Jerusalem bien sûr. Et Mehdi Haddab, membre du Meteor Band de Burger, apporte le son oriental de l’oud par touches de coloriste, comme ondulant autour des protagonistes. Une version du Cantique des cantiques chaude et sensuelle, l’église est maintenant loin, bien loin, l’auditeur emporté vers d’autres terres. Mais ce n’est qu’un prélude.

Et Darwich là-dedans ? Un poète intense, difficile. Il a écrit sur la terre (la même), sur le peuple (un autre), mais il a aussi écrit sur l’amour, l’amour physique, sensuel, le même que celui du Cantique. « S’envolent les colombes », c’est un très long poème qui se veut presque comme une réponse arabe au Cantique hébraïque. Extrêmement ambitieux, on y retrouve les échos du Cantiques, des images qui s'y superposent de façon évidente. Dès le tout début, « Je t’aime jusqu’à la fatigue », on ne saurait faire plus concret. Voilà donc la rencontre. C’est au libanais Rayess Bek, venu de la culture hip-hop, que revient la lourde tâche de dire les mots de Mahmoud Darwich dans sa langue. Alors ça commence par le oud qui crève le silence, puis les mots dans un souffle, avant que Burger ne prenne le relais et que, tout doucement, ne commence le voyage. Le trip, littéralement, car il s’agit bien de ça, un long trip de quarante minutes où trois voix se répondent, en trois langues, le français de Burger, l’hébreux de Rosenthal (et son français rendu encore plus sensuel par le charme de l’accentuation) et l’arabe de Darwich, dit par un jeune libanais. Sur la même ligne sonore que le Cantique, cette fois le oud mis naturellement en avant, toujours dialoguant avec une guitare sylphide et les touches électroniques de Yves Dormoy (le partenaire des projets les plus singuliers de Burger, souvenez-vous de Planetarium) qui fera aussi retentir un fabuleux solo de clarinette lors d’un pont instrumental. Le mieux est de fermer les yeux et de se laisser emporter par ces vagues d’intensité, Burger trouvant une ligne mélodique simple mais forte pour accompagner le leitmotiv « S’envolent les colombes, se posent les colombes » qui revient de façon régulière, comme un apex vers le lequel le poème monte, comme... vous savez bien. Avec un peu de chance, vous entendrez même la voix du poète. Créée pour la scène, cette adaptation prend le temps qu’il faut pour un tel texte, érotique, douloureux, impudique, traduit en français par Elias Senbar et ça n’est pas rien, qui fait de l’amour physique une dialectique entre les corps et les esprits plus qu’une cérémonie. Profane donc, mais sacré. Une ivresse.

note       Publiée le vendredi 18 février 2022

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