Last Days Of Humanity › Horrific Compositions of Decomposition

Même pour les amateurs sincères de la musique de LDOH, le groupe est resté dans les mémoires avec Putrefaction in Progress (PIP) comme ce pinacle du grindcore inécoutable, ce rebutoir universel, qu’on ne sort du placard que pour la grosse défoulade ou pour la blague facile, qu’on passe sournoisement sur l’enceinte familiale ou entre amis pour effarer les non-métalleux. Et pour tout dire, cela marche aussi avec la majorité des métalleux, qui s’empressent d’y voir l’incarnation des pires clichés sur l’inanité musicale du genre. En écoutant ce nouveau CD sorti en 2021, 15 ans après l’éternel Putrefaction in Progress et quelques EP/splits récents, les pires ennemis du groupe jubileront peut-être : « ça y est, Last Days Of Humanity a mis un genou à terre et s’est remis à faire de la musique ». Ils n’auront pas tort. Le (nouveau) batteur ne domine plus les morceaux à coups de casserole ; les guitares, plus grasses, sont redevenues discernables. La voix de Hans Smits, moins uniformément hydraulique qu’avant, n’est sans doute pas très éloignée du bruit que ferait le Dracula amateur de gambette qui orne la pochette ; à défaut d'être humaine, elle a cette fois un visage possible ! Dans leur ensemble, les « décompositions » sont plus compréhensibles et plus variées. Elles perdent en radicalité ce qu’elles perdent en linéarité. Je pense avoir rarement fini une écoute complète de PIP, et je finis facilement celui-ci. En un sens Horrific est un retour au death/grind volontiers plus lent de Hymns of Suppuration, qui faisait la part-belle aux mid-tempi et aux samples, la prod moderne en plus. Passé l’intro, cependant, on retrouve vite toute la puissance du LDOH de PIP, véritable boucherie médico-chirurgicale dont le haut débit de viandasse minute s’atténue parfois judicieusement pour laisser place à des samples d’interviews de serial killers et quelques breaks qui sonnent étonnamment « sludge ». Un nouveau disque forcément moins marquant que les précédents, qui avaient amené le goregrind à ses dernières extrémités, mais assurément un bon disque.