Straight Panic › The Satanic verses

Etoile du Matin, la beauté du diable (Eglise St-Paul de Liège, Belgique)… Et pour cause, ‘Si un homme couche avec un homme comme on couche avec une femme, ils ont fait tous deux une chose abominable ; ils seront punis de mort : leur sang retombera sur eux’, une de ces billevesées extraites de la bible (et titre d’un morceau) que les extrémistes de la ‘Bible belt’ aiment à brandir comme des étendards pour justifier leur besoin de violence…Tout dans Straight Panic est traité au spectre d’une cause gay extrême, de la théorie queer (la sexualité, mais aussi le genre — masculin, féminin ou autre — d'un individu ne sont pas déterminés exclusivement par son sexe biologique (mâle ou femelle), mais par son environnement socio-culturel, par son parcours de vie ou par ses choix personnels.) sans oublier quelques opinions d’extrême gauche et d’un zeste de misanthropie comme il est de coutume dans le genre. Ce disque reprenant le titre sulfureux de Salam Rushdie selon cette perspective est un opus de power electronics jouant beaucoup sur la déformation de boucles de voix, qu’ils s’agisse de samples (‘Fasces’, ‘Leviticus 20:13’) ou de la propre voix de Thomas Boettener (‘التطيين’), empilés en couches avec des variations d’aigus, quelques vagues de bruit blanc, des torsions, des bruitages modifiés (‘لواط’) conférant des ondulations pas foncièrement rapides, une intensité palpable mais moins basée que certains projets sur l’agression pure; l’ultime pièce travaille même à partir d’un échantillonnage de violon. Les nerfs sont certes mis à rude épreuve par ces manipulations sèches, ces sonorités rageuses, (on est loin de l’amplitude de Smell & Quim) mais j’y trouve mon compte grâce à un travail relativement varié évitant de trop se cantonner dans les murs de bruit blanc permettant ainsi de tenir le temps d’un disque complet même si j’eus pour ma part apprécié un chouia de basses en arrière-plan pour conférer un poil de corps et d’amplitude. ‘The Satanic verses’ n’en reste pas moins un travail fort, suffisamment extrême pour les amateurs de power electronics mais avec une légère ouverture aussi pour les amateurs d’indus old school curieux.