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L'Effondras (☉) › Anabasis

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Wotzenknecht      mardi 21 novembre 2023 - 09:45
Ultimex      dimanche 15 mai 2022 - 14:12
Dioneo      vendredi 7 janvier 2022 - 17:45
GrahamBondSwing      mercredi 26 octobre 2022 - 21:52
moustache      vendredi 7 janvier 2022 - 19:57

lp • 5 titres • 39:41 min

  • 1The Grinding Wheel7:04
  • 2Ce Que Révèle L'Éclipse11:00
  • 3Aura Phase4:48
  • 4Anhedonia7:13
  • 5Norea9:34

extraits vidéo

informations

Enregistré et mixé par François Carle au Little Big Studio. Masterisé par Fred Lefranc au studio Bruit d'Avril.

Photo : Arianna Trigiante. Coproduction Medication Time/araki/Kerviniou Recordz/98 Décibels.

line up

Nicolas Bernollin (batterie), Pierre Lejeune (guitare), Raoul Vignal (guitare)

chronique

Vraiment, c'est comme ça que l'entends : L'Effondras, ici comme avant, ne jouent pas le Mystère.

Une fois de plus l'évidence s'écoule, plutôt – dès ces premiers arpèges croisés des deux guitares, ces patterns solides, exacts, parfaitement en place et parfaitement vivants des toms, des caisses, les claquements de cymbales en échos. Quand ils en parlent, ils causent Mécanique, presque, ou simplement « cuisine », comme on dit – tournes et signes convenus à l'avance pour passer à la suivante, accordages... Sans détailler la, les techniques mais en mots toujours bien concrets, parfois allusifs mais jamais fumeux.

Pourtant, cette fois encore : la musique qu'ils jouent semble s'ouvrir et se contracter, se concentrer et s'épanouir dans un air comme brumeux, chargé de gouttelettes en suspens à quoi elle se confond, s'irise, qu'elle précipite en pluies et projections matérialisées dans l'instant qui la porte, qu'elle trace et file. Pas de mystère disais-je mais aussi : pas de discours asséné – seulement ce temps soudain palpable, senti. Dévalé ou grimpé. Suspendu, parfois. Éclaté/Regroupé.

Faux paradoxe, à vrai dire – et sans doute pas vraiment, pour qui s'y est une fois plongé, réel, persistant malentendu. Je veux dire : cette limpidité qui fait qu'on ne peux recevoir, percevoir ce flot en se contentant de le déchiffrer, que cette immédiate familiarité, lisibilité qui l'empêche de sonner finie, arrêtée, prévisible. C'est plus simple et – partant ? – plus insaisissable, il me semble. C'est qu'en ne prétendant pas que plus tard – qu'à décrypter les symboles, les indices des titres, les images – on atteindra à une révélation, L'Effondras jette qui l'écoute en plein dans la réalité propre de sa musique. Celle-ci même qui raconte – parce que j'insiste : L'Effondras, de disque en disque, de plage en plage, au cœur même de tout ça, c'est narratif – et hautement ! Parce que ce que ça raconte, ici – sur ce disque comme sur les précédents – ce ne sont pas des arcanes et épisodes... Ce que raconte cette musique, c'est sa propre substance, son expression, son articulation. Ce sont ses propres chapitres – qui ne sont pas les recensements des mouvements de sa matière mais ces mouvements eux-mêmes, et cette matière elle-même.

« La belle affaire » ? Pauvre découverte ? Toute musique, au fond, pourrait se définir ainsi ? Eh bien... Peut-être. Mais combien – de disques, de moments, de concerts – réalisent ce simple postulat ? Combien de groupes, un musicien (nouvellement intégré) remplaçant l'autre (parti après l'album précédent, Les Flavescences) peut imprimer si fortement cette impression double : que le corps de sa musique reste tellement unique, intègre ; alors que chacun de ses membres, organes, a subtilement changé, muté, que tout et parties se sont lentement transmutés pour ne pas dépérir, qu'on les trouve entiers et mouvants à chaque instant du parcours, à quelque point qu'on entende les saisir ?

Eh bien... L'Effondras, ici encore, y parviennent. Ce moment-ci de leur musique nous renvoie – une fois de plus et pas exclusivement, certainement pas comme point d'entrée d'un système clos, forclos – à tous ceux qu'on connaissait, auparavant, d'eux. Tels heurts de cordes passés dans les effets de Pierre Josserand, sur d'autres disques, semblent sonner comme l'annonce – comme un échos émis avant, presque, par moments – du picking de Raoul Vignal, ici fondu dans l'entraînement mutuel, l'intrication et les écarts de ceux-là et des riffs de Pierre Lejeune. La batterie qui dès le début du groupe – le premier disque à la pochette Lion Vert – avait trouvé, comme généré sa place, ses vitesses, déblayé l'espace de son souffle, continue de l'explorer, de le déployer sans dire s'il en génère la structure ou si c'est vice-versa ; ou si la question se voit non-avenue puisque réciproquement les deux idées se font de l'une et l'autre rebond et sens sans arrêt renouvelés, alternés.

On ne saura pas lequel, lesquels des sens, au moment de nommer le disque, ils ont bien pu vouloir donner à ce titre – s'ils en ont retenu un, parmi ceux qu'il évoque. L'Anabase : nom d'une expédition militaire historique, antique, d'un frère contre son frère, passé ensuite nom commun pour désigner l'une ou l'autre campagne ; la phase d'aggravation d'une maladie ; ou dans d'anciennes musiques, une mélodie qui monte, élève ses degrés... C'est vous qui voyez. Eux en penseront peut-être autre chose. Et comme disait l'un d'eux : « Non. Mais... Pourquoi pas ? ». (Peut-être une clé parmi d'autres, dans ce champs non verrouillé où rien ne pointe entrées, sorties, axes ou traverses une fois qu'on y a mis le pied).

note       Publiée le vendredi 7 janvier 2022

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Dioneo Envoyez un message privé àDioneo  Dioneo est en ligne !
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Cimer... Et tiens, Tool c'est pas forcément un nom que je serais allé chercher pour causer des Flavescences - mais en même temps Tool, à part Lateralus qu'un pote m'avait gravé et que j'ai pas mal écouté un temps, et Aenima pareil mais moins, je connais très mal donc bon, c'est bien possible ! Après chez L'Effondras je trouve qu'il y a un truc "foncièrement pas metal" - dans la simplicité apparente des structures, justement, le côté faussement en retrait des musiciens, le jeu "à l'économie pour un maximum d'effet". (Je généralise hein, je sais bien que "metal" c'est pas forcément antinomique avec ça, même en s'en tenant au sens "moderne/actuel" du mot...). Mais oui, sinon : musique ni frontalement glaciale, ni ouvertement brûlante, mais pourtant pas tiède pour autant, et dont on découvre les détail "thermiques" et autres au fil des écoutes (sur ce disque comme sur les albums et EP précédents). Et ce donc malgré "l'évidence" immédiate de leur truc - j'insiste parce que c'est l'effet que ça m'a fait tout de suite et que ça ne s'est pas démenti depuis.

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GrahamBondSwing Envoyez un message privé àGrahamBondSwing

Belle chronique. La musique est en phase avec la couleur de la pochette : on est sous un ciel gris qui ne laisse jamais percer ni les rayons du soleil, ni les éclairs d'un orage d'été... mais il ne fait pas si froid et toutes les audaces sont permises. Pour les amateurs d'amertume et de demi-saison. J'ai commencé à écouter les Flavescences aussi : plus direct, plus Toolesque (c'est plutôt un compliment).

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Dioneo Envoyez un message privé àDioneo  Dioneo est en ligne !
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Eh bien perso j'ai mis plus de temps à y entrer que dans le premier aussi, j'avoue - mais une fois venu c'est bien venu, quoi. Curieusement il m'a fait aussi réécouter d'une oreille neuve et apprécier davantage le précédent, Les Flavescences, où ils étaient encore dans l'ancienne formation et où, comme on disait dans l'interview, j'ai eu l'impression "retrospective" qu'il amorçait ou annonçait déjà des choses entendues sur le ci-présent.

Quant aux concerts : dans cette formation là c'est toujours aussi prenant... Celui qu'ils avaient donné le 30 septembre dernier aux PDZ (à Besac City) m'avait "rassuré" là-dessus (si besoin était hein... c'est à dire que non, j'y allais pas dans cet esprit "on va vérifier un truc", vraiment pas) !

Message édité le 08-01-2022 à 09:44 par dioneo

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moustache Envoyez un message privé àmoustache

Faut que je le retente mais je lui préfère les précédents. Vu en concert sous l'ancienne formation et c'était très envoûtant !

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