C’est complètement con comme pensée mais s’il fallait sortir se battre lors d’un grand conflit social, peut-être bien qu’avant d’aller charger les flics, je me collerais Moral Hex sur les oreilles. Rien d’une musique violente, galvanisatrice plutôt. C’est un aspect que j’apprécie chez beaucoup de ces formations anarcho ayant effectué, consciemment ou non, le lien entre les valeurs libertaires et les sonorités goth old school, Rubella Ballet en tête, cette propension à la mélodie claquante. La scène deathrock ricaine contemporaine s’est beaucoup inspiré de cet état de fait et les hélas éphémères Moral Hex en font partie. De l’old school pur jus avec une énergie tribale découlant directement du punk mais en plus sombre avec un chant revendicateur mais très mélodique (‘Corporate’, l’excellent ‘Paranoia’). Une musique parfaite en concert pour donner envie de bondir dans tous les sens mais aussi pour écouter chez soi: rythmique tantôt tribale, tantôt punchy (aspect groovy du charleston), lourde parfois, des guitares incisives, alourdies de spleen par instant et des mélodies imparables que la production brute mais loin d’être bordélique met en valeur. Il y a quelque chose d’épique dans ce timbre qui semble mener l’ost à l’assaut dans les rues désertes d’une métropole en ruines, une envie d’y croire même si tout parait perdu. Six chansons impeccables, combattives plutôt que résignées car emplies d’espoir en un avenir meilleur pour une piétaille qui redevient actrice de son devenir. Galvanisateur, oui, définitivement, au sens pacifique du terme malgré une couverture à la 'Guerre des Mondes'.