C’est comme ça, les bonnes fées ne jettent par leur dévolu au hasard, qu’elles soient synthétiques ou non et ces dernières avaient bien deviné en la jeune Hélène de Thoury une élue. Des années plus tard, leur prédiction s’est avérée on ne peut plus exacte, cette femme n’arrête pas. Non contente d’écrire, jouer, enregistrer, produire, masteriser, mixer, elle multiplie les expériences sans la moindre baisse de créativité ou de qualité. D’emblée, en parallèle de son fabuleux groupe Minuit Machine, elle lance son propre projet, Hante. Pourquoi, me demanderez-vous ? La réponse est tout sauf aisée; quiconque pratique la musique aime à avoir son truc à soi, non pour forcément explorer des voies différentes, plutôt les travailler autrement avec une liberté à part. C’est l’impression que je ressens avec ce premier opus, pas si fondamentalement autre que Minuit Machine dans l’axe de travail mais où les nuances font la différence. Une orchestration légèrement plus dépouillée, un poil moins ouvertement sombre, plutôt hantée (le nom ne tombe pas de nulle part après tout), plus nostalgique des 80’s également dans le feeling sans jouer la carte de la nostalgie à outrance pour autant, quelques paroles en français aussi. Pour le reste, rien ne change, madame a non seulement du flair quand au choix de ses sonorités mais aussi dans l’approche simple mais riche des mélodies. Niveau chant, il lui manque certes le charisme de Amandine Stioui mais elle s’en sort très bien, usant d’un timbre volontiers froid mais jamais glacé. La production est de plus excellente, une impression d’espace nocturne, un sentiment mystique presque au milieu des synthés et des rythmes dansants. Aucune faiblesse, Hélène sait d’emblée où elle va, fait preuve d’une maturité impressionnante et d’une maîtrise remarquable tant dans la composition, l’orchestration, que la production. Du coup, même si les chansons tournent volontiers autour des cinq minutes, aucune lassitude, le disque s’écoute tout seul, comme une forme de virée en décapotable dans la nuit mais à travers la campagne, pas la ville.