Tout chez Bastet évoque la félinité, du look de panthère noire de leur chanteuse aux rythmiques; à l’image de la déesse, leur musique est douce et sauvage. Pas de beats déchaînés, le groupe opte pour des tempi modérés mais néanmoins lourds, martelants, une atmosphère sombre baignée de synthés spectraux faisant office de lune, de guitare flirtant avec le deathrock, ce qui n’empêche pas non plus quelques chansons de bien balancer (‘Darkness’, ‘Transparency’). Les compositions de ce premier essai m’évoquent volontiers l’eau d’une rivière de nuit, mouvante, ondoyant, un peu dangereuse, jamais totalement prévisibles, parfois moins noire lorsque les nuages se lèvent et que la lune promène un peu de son argent sur les vaguelettes (le mélancolique ‘Siren’). Demeure un lointain aspect punk dans le fait que Bastet visent des mélodies simples mais efficaces, directes, optant pour l’atmosphère plus que la technicité (le jeu n'est pas encore 100% fluide), la touche final résidant dans le chant perpétuellement nappé d’un léger halo de réverbération. Impossible de ne pas songer à des formations telles que Siouxsie and the Banshees, X Mal Deutschland, Malaria ! même…Et ce n’est pas grave car le combo dégage une atmosphère plus tenace, envoûtante, que prévue, se dégageant au fur et à mesure des écoutes, un drôle de sentiment à la croisée du glauque et du beau, entre peur et rêve. Bastet, la déesse-chat, protectrice des femmes enceintes et des enfants mais également parfois à visage de lion, réputée pour ses colères terribles. Il y a bien de ça dans cette musique, sombre et charmeuse mais dissimulant dans son velours une griffe acérée… 4,5/6