Il s’en passe des choses à minuit; en 1999 on recommandait expressément d’éteindre son ordinateur avant l’heure fatidique le 31 décembre de crainte de nombreux problèmes informatiques ayant pour conséquence le bouleversement de notre planète…Lequel n’a pas eu lieu, encore une tempête dans un verre d’eau. Près de vingt ans plus tard, voilà que sort le premier album des Français de Midnight Computers. Premier réflexe: les associer à cette scène darkwave/post punk contemporaine menée par des formations telles que Ash Code, Twin Tribes, She past away et autres, ce qui est tout à fait légitime de prime abord. Pourtant, le combo s’en démarque en parallèle par l’usage de sonorités plus râpeuses, à commencer par les effets du chant, une intention plus agressive par un usage assumé de l’électronique évoquant davantage la vague dark wave teutonne que la cold wave/post punk sans la renier pour autant. Deux pièces en témoignent avec talent, le rêche et dansant ‘Succubus’ au parfait potentiel de hit, de même que l’excellent ‘Tears’ qui tout, en usant du bourinage de basse, se distingue par sa ligne de clavier entraînante et sexy as fuck sur laquelle les vocaux plus plaintifs se collent à merveille. Il y a quelque chose de Soft Moon parfois dans cette fusion réussie du post punk avec quelque chose de plus râpeux mais avec, ce qui ne gâche rien, une touche mélodique prenante. Entre ces deux bombes, une collection d’honnêtes morceaux, fougueux, mêlant adroitement l’aspect froid ou grinçant de l’électronique avec l’impulsion organique de la basse. Pour conclure, The Midnight Computers nous offrent deux chansons version démo d’une telle qualité tant niveau son que mixage qu’on se demande bien ce qu’une version ‘aboutie’ aurait pu apporter de supplémentaire, ‘Our most Beautiful lies’ rejoignant carrément le trio de tête des tubes possibles de ce cd (clavier qui botte en touche une fois encore, le chant qui suit à merveille). Bonne surprise donc que cet opus que l’on s’apprête à écouter comme beaucoup d’autres et qui affirme rapidement une identité plus marquée que prévu.