Sofa › Grey

Avant que le label Constellation n'éclate au grand jour grâce à l'engouement général suscité par les musiques cinématiques et orchestrales de Do Make Say Think et Godspeed You Black Emperor !, celui-ci affichait sans complexe son orientation alternative avec, entre autres, ce Sofa, un des premiers groupes qu'ils aient signés. Qu'on ne s'y trompe pas ; ce sentiment pesant de fatalité, de pessimisme et de noirceur indélébile qui lie tous les albums signés sur ce label est bel et bien présent. Seulement, le discours est ici sans comparaison possible avec les groupes précités : agité, nerveux, extatique, Sofa donne l'impression d'avoir ressuscité d'entre les morts Ian Curtis de Joy Division qui se serait adjoint les services de Fugazi, A Minor Forest ou Sonic Youth, au choix. Les inflexions de sa voix laissent transparaître la même détresse et la même fragilité, la même émotion. Basse et guitare peuvent se montrer farouches comme le tir groupé en ouverture, "Ch.2chi." et "Monotone", qui happent littéralement l'auditeur. Le tempo devient plus posé sur "80000" et même d'une lourdeur de plomb sur "Red Lake" qui nous écrase de tout son poids. "Comma" réinjecte un taux d'adrénaline conséquent à l'album, tout comme le bien nommé "Stress", quelques titres plus loin. Ce sont précisement dans ces moments de pure énergie que le groupe se montre le plus séduisant, même s'il ne brille pas par son originalité. Ces quelques solides titres méritent largement une exploration plus attentive de l'album, certes loin d'être indispensable, mais tout de même plus que satisfaisant.