Quel peut bien être l’intérêt d’écouter (et acheter) des versions démo ? La démarche se justifie lorsque derrière la production exécrable ou bourrée de tics d’époque, l’auditeur averti devine les squelettes de bonnes compositions, ce qui n’est pas le cas ici, ‘Bloody Kisses’ étant non seulement mon Type O Negative favori mais un putain de bon album superbement produit. Je voyais davantage cet achat comme une forme de gag, un jumeau diabolique, complément instructif de sa lumineuse progéniture. Il faut en effet l’admettre, hormis le soin apporté au livret (détournement de l’original, teintes verdâtres respectées, belles photos et hommage à Peter), musicalement, à moins d’être mordu, se taper ces morceaux de haut vol en version grille-pain ne présente qu’un intérêt moyen. La première chose à retenir de l’expérience est peut-être de noter à quel point les morceaux sont déjà construits et structurés dans ces versions brutes, la seconde est de déguster un inédit, ‘Scream’, efficace pièce de doom gothique qui eût mérité une disponibilité avec une meilleure qualité; il n’eût clairement pas dépareillé sur l’album final avec ses orgues, ses carillons, son chant magistral sur le refrain. Le combo a choisi de ne pas le garder, dommage. Autres cadeaux, ‘if she loved me’, morceau jamais réellement terminé en studio, lit-on sur les notes, et uniquement joué en concert à de rares occasions. Un truc qui ne fera pas date mais n’est pas désagréable pour autant. Le second bonus est assez rigolo, une version live de ‘Kill all the white people’, de basse qualité hélas, avec Phil Anselmo en guest. En réalité, c’est un vrai massacre vocal (dans ce qu’on distingue dans le chaos) mais on le classera dans les documents d’archives. A noter que ‘Summer girl’ n’est autres que ‘Summer breeze’ avant que les compositeurs originaux (le duo folk pop Seals & Ashcroft’) ne trouve les changements de paroles de fort mauvais goût (traduction: avec une connotation sexuelle plus ouvertement exprimée). Un pirate pas cher et aisé à acquérir comme un compagnon et un documentaire quant à la réalisation de ce qu’on peut appeler un chef-d’oeuvre, rien de plus, même si je ne doute pas que ça ait été sorti par de vrais fans.