Trouble Fait' › Appearance

Voilà plus de vingt ans que Trouble Fait’ n’avaient pas sorti de mini mais nulle déception, les Français ont l’habitude d’être bons quel que soit le format du disque et ce dernier opus ne déroge pas à la réputation. Il faut dire qu’il est agréable d’avoir des musiciens hexagonaux (ils ne sont pas les seuls, on est bien d’accord, mais ils ne sont pas légions non plus) capables de déroger aux sacro-saintes règles de la cold-wave et de tremper également leur écriture dans les eaux sales du gothic rock. Cela nous donne une musique plus émotionnelle qui ne se retranche pas derrière le verbe, une froideur affectée, pour masquer ses tourments et ses questionnements. Cet univers, les membres de Trouble Fait’ le côtoient depuis si longtemps qu’ils y ont aussi trouvé une assise, un équilibre, oserais-je le dire, un bonheur palpable et leur musique s’en ressent. Rien à prouver, elle est naturelle, mélancolique sans doute mais tournée vers l’avenir, sombre mais pas au sens torturé, hivernale et printanière à la fois, contemplative par moments mais puissante également. C’est le métissage parfait réalisé sur ‘Appearance effect’ ouvrant brillamment le mini, une boîte sèche, des guitares rêche, une basse ronde, adoucies par les notes neigeuses du clavier et le chant d’éternel jeune homme de Jicé portant en son timbre cette même passion qu’à ses vingt ans. Un future classique pour le groupe. Plus lent, ‘The Doorway’ affronte Children on Stun, Rosetta Stone, Vendemmian sur leur propre territoire et ne leur cède aucun pouce de terrain. ‘Skilled reptile’ au velouté reptilien démontre aussi cette qualité des Français de tisser de vrais climats et de ne pas céder forcément au schéma couplet/refrain. Nul besoin, la chanson restera dans la tête sans nécessité de racolage. Quand je vous disais que leur musique semble couler naturellement… En conclusion (déjà, hélas), un ‘EI in L.A’ (autre hit) qui traduit tant dans les intonations du chant que les orchestrations subtiles une impression d’isolement, voir de colère, de l’individu dans une mégapole. Prenant. Sincère. Emouvant. Encore une réussite à épingler à la discographie de ce groupe généreux et sensible. Presque un pléonasme.