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Bo Burnham › INSIDE (The Songs)
- 2021 • Autoproduction aucune • 1 Téléchargement Web
digital • 20 titres • 53:17 min
- 1Content1:36
- 2Comedy5:19
- 3FaceTime with my Mom (Tonight)2:20
- 4How the World Works4:15
- 5White Woman’s Instagram4:00
- 6Unpaid Intern0:34
- 7Bezos I0:58
- 8Sexting3:21
- 9Look Who’s Inside Again1:23
- 10Problematic3:13
- 11302:34
- 12Don't Wanna Know1:03
- 13Shit1:18
- 14All Time Low0:54
- 15Welcome to the Internet4:35
- 16Bezos II0:45
- 17That Funny Feeling5:01
- 18All Eyes on Me5:02
- 19Goodbye4:09
- 20Any Day Now0:57
informations
Chansons issues du programme Netflix INSIDE.
line up
Bo Burnham (chant, piano, effets)
chronique
- dépression post-moderne
Bo Burnham est l’un de ces types agaçants qui semblent avoir toutes les qualités et tous les talents possibles, armés pour réussir à la fois dans la vie et dans le monde du showbiz. Deux existences pour le prix d’une, qui ont soumis cet artiste à une pression trop grande, à des crises de panique répétées. Il aura fallu un exil de plusieurs années pour lui redonner le goût de rire avec son public. Ironie du sort : en janvier 2020, la pandémie de Covid-19 s’est invitée dans ses projets de retour sur scène. Ainsi forcé par les circonstances, le prodige du stand-up signe un Netflix Special, vraiment spécial, où il se met en scène seul et coincé entre quatre murs, plus d’un an durant, en improvisant son cocktail habituel de chansons entrecoupées de sketches (ou l’inverse). Le film se compose de clips musicaux faits maison où Burnham montre toute sa maîtrise du médium ; il semblait naturel qu’il en lâche bientôt la bande-son dématérialisée, surtout devant son vif succès auprès des millenials, qui se lancent parfois dans des sur-analyses dithyrambiques voire assez mal placées. Que valent les seules chansons qui émaillent ce spectacle désabusé, une fois dénudées de leur habillage vidéo ? La synth-pop rigolarde reprend toute la gamme des gimmicks au goût du jour, soit le pompage esthétique ‘80s dans toute sa vacuité (agrémenté des dernières fausses trouvailles pop type auto-tune), mais dans un esprit très second degré qui excuse d’emblée son interprète et qui fait baisser la garde des plus sceptiques. Quand on gratte un peu, on voit bien que l’angoissé ventile ses frustrations par la chanson et l’humour noir dans un mélange étrange, où les aveux peuvent sembler calculés. Ce n’est pas lui faire un mauvais procès. N’oublions pas que Burnham est conscient de cette problématique, qu’il cherche toujours un moyen de justifier son recours à la facilité. Bête de cirque aliénée, numéro de new wave mélancolique, comédie musicale d'un nouveau genre. La parodie et la satire côtoient le tragicomique, laissant des phases de respiration, d’ouverture, comme dans un exercice de cohérence cardiaque pour bipolaires. C’est marrant et bien pensé, on se surprend même à fredonner un air à la con sur Jeffrey Bezos ou sur le fait de se sentir comme une sombre merde. Cynique et pessimiste face au goût du sang, tel que pouvait l’être George Carlin vis-à-vis du cancer humain, le comédien++ critique le capitalisme et le néolibéralisme outranciers, tout en souscrivant (en bon Américain) à l’autodérision et à l’autocritique en vogue, dans laquelle le blanc ne devrait plus avoir voix au chapitre. Tout ça reste touchant, grâce au traitement hilarant des thématiques de confinement (chat vidéo, sexting, streaming), dans les limites de notre belle société du spectacle bien sûr. L’intime se glisse quand le trentenaire met toutes vannes dehors. Les faux-semblants d’Instagram cachent une jeune femme perdue sans ses parents pour la guider, tandis que le super-vilain Internet, miroir déformant de nos perversités et de nos lubies, rappelle qu’il est né avec les meilleures intentions du monde. Fin d’époque ou fin des temps, nostalgie crépusculaire, Burnham touche au génie dans les ambiguïtés qu’il cultive. Une formule deviendra, à n’en pas douter, un cri de ralliement pour les générations hyperconnectées : « L’apathie est une tragédie, l’ennui est un crime ». INSIDE est un curieux baume au cœur. Les coupures nettes des chansons, fluidifiées à l’écran par des effets de montage, entament parfois sévèrement l'impact des paroles (pay off) et donnent en général l'impression d'un album inachevé. Voilà pourquoi il vaut mieux se tourner vers le show en lui-même et ses jeux de lumière hypnotiques. Le talent nocturne et éclatant de Bo, avec ses chansonnettes façon Philippe Katerine, ne manquera pas de faire des émules sur nos petits écrans. Je prends les paris.
note Publiée le vendredi 11 juin 2021
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- DukeOfPrunes › Envoyez un message privé àDukeOfPrunes
C'est vrai, la réaction en mise en abyme est bien trouvée, et surtout c'est drôle, ça se moque pas mal de ce type de vidéos tout en l'utilisant comme matériau de base. En fait, le programme fusionne cinéma traditionnel (lumières, cadrages et montages), cinéma direct (face caméra), clips musicaux, vlogs et autres "contenus en ligne" pour former un tout cohérent. Ce qui n'est pas le cas de cet album, soit dit en passant. Pareil, j'ai commencé à regarder ça avec beaucoup de distance, avant de valider. Burnham se la joue assez méta, ce qui est très à la mode, aussi...
- Note donnée au disque :
- microbe666 › Envoyez un message privé àmicrobe666
j'ai justement vu le show cette semaine, et ça m'a bien plu, j'y ai trouvé beaucoup de choses très "justes" (y compris la perception de l' "ennui" du spectateur) ; assez scotché par la "reaction video" à sa chanson sur les unpaid interns (et la reaction video à la reaction video et ...). Le mec a effectivement surement vlà les talents, je n'avais pas pris au pied de la lettre toutes les parties sur les troubles divers, qui sont bien rappelés dans la chro. Je me demande si je prends pas trop de distance, parfois. Voilà bien un spectacle original, en tout cas.