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Sparks › Halfnelson

lp • 11 titres • 00:00 min

  • 1Wonder Girl 2:15
  • 2Fa La Fa Lee 2:54
  • 3Roger 2:30
  • 4High C 3:03
  • 5Fletcher Honorama 4:01
  • 6Simple Ballet 3:50
  • 7Slowboat 3:50
  • 8Biology 2 3:00
  • 9Saccharin And The War 3:57
  • 10Big Bands 4:15
  • 11(No More) Mr. Nice Guys 5:45

informations

Studios Bearsville, USA, 1971

Cet album est d'abord sorti aux USA uniquement sous une autre pochette sous le nom Halfnelson sur Bearsville (label de Todd Rungren) en septembre 1971; puis il est ressorti sous le nom sparks avec la pochette "mur de briques" du haut, dans plusieurs pays, en juillet 1972,6 mois avant "A Woofer In Tweeter's Clothing"

line up

Ron Mael (piano électrique Wurlitzer, orgue), Russell Mael (chant), Jim Mankey (guitare, basse), Earle Mankey (guitare, voix sur Biology 2) Harley Feinstein (batterie)

Musiciens additionnels : Thaddeus James Lowe (ingénieur-son), Todd Rundgren (production)

chronique

Et les frères Mael inventèrent l’Art Rock. Tout seuls, sans être membres d’aucune scène. Bon, il a existé quantité de bricoleurs sous amphèt dans les différentes scènes rock psyché des USA, et certains ne sont pas totalement sans rapport avec ce qui se trame ici, mais personne n’avait une personnalité aussi marquée, une telle constance dans le loufoque, dont le curseur est poussé très TRÈS loin pour 71, croyez-moi. Même Todd Rundgren qui produit le disque, même Thaddeus James Lowe, ex-frontman des Electric Prunes qui fait l’ingé-son, n’avaient pas foulé ce terrain plus que glissant : une sorte de cabaret futuriste, propulsé par une batterie, une basse et une guitare qui sentent déjà New York en 1977 ou Sheffield en 1982.

Je ne sais pas, moi, High C, que faire d’un tel titre, encore aujourd’hui plus d’un demi-siècle après les faits ? Combien d’idées à la seconde surgissent ici, l’air naturel et penaud, tel un bataillon de lapins blancs sortis du chapeau du Grand Sorcier ? Ce qui est ébouriffant ici, c’est à quel point tout sonne « Europe Continentale », un peu comme un petit dèj continental dont aurait chassé le bacon et les bagels new-yorkais pour se retrouver avec tout ce que le vieux continent compte de fromages et de viennoiseries cachant leur jeu. Fromage à pâte dure, à pâte molle ? À pâte à double-fond.

Simple Ballet est un manège de marionnettes en céramique de Hongrie, au rictus aussi ébahi que glauque (et le solo est psyché d’une façon désespérément perverse)… Quant au solo d’orgue tout en verre teinté façon œuf au plat tye-dye de Slowboat (qui jusqu’ici sonnait comme du Who lancé sur une mer de tweed peluché), c’est du Powerdove, du Fiery Furnaces, du Deerhoof, à tout le moins ! Et que trouver à dire du final hanté aux reflets mauves de Fletcher Honorama, si ce n’est que les Sparks sont à leur meilleur, et que personne, PERSONNE ne sonnera plus comme ça. Faites écouter ça à l’aveugle à quelqu’un qui aurait TOUT écouté sauf les Sparks, il hésitera quand même entre les années 50 et 2020, entre un complot des popeux japonais et un abject exercice de transformisme du genre faux groupe créé pour Phantom Of The Paradise, mais alors une scène coupée, maudite, ayant causé nausées et cris obscènes de cabaret berlinois des années 30 dans la salle.

Le seul titre bien ricain-morveux serait peut-être No More Mr Nice Guys : du vrai indie pas propre, avec solo mutant encore une fois, qui ignore juste encore qu’il suffit de tout couper avec des ciseaux d’écolier pour que ça tienne tout seul, ce qui sera la grande « leçon buissonnière » du punk et du post. Tout ce que la new wave, et même le post-punk, oserait… Et ça en fait, des choses… Tout cela, donc, avait déjà été osé ici, sur ce premier éponyme. Et pour savoir ce qui effraie le grand public depuis toujours chez eux, mettez vous Biology 2 dans les esgourdes (depuis quand les modules de TD font des bons titres de morceaux ?), un grand OVNI proto-Bungle basé sur un non-rythme à cloche-pied, plus malade encore que du Ariel Pink. Vomitif / succulent.

Et le pire, c’est que ce n’est pas dit que les « Halfnelson demos » de 1968 (...à l’écoute, c’est presque impossible à croire, mais les orgues typiques 60’s sont bien là) ne soient pas encore plus tarées que ce disque, avec des siphonneries proto-bruitistes comme Factory ou des ovnis authentiquement flippants comme Join The Firm (là, les The United States of America de Joseph Byrd ne sont pas loin... C’est à ce niveau). Mais ce Halfnelson est en fait, en ce qui me concerne, leur chef d’œuvre, à égalité avec Kimono My House (on perd en tubes speedés ce qu’on gagne en articulation et en amplitude, et aussi en subtilités sonores), avant que l’album suivant ne sature l’espace et les rende beaucoup, beaucoup plus expé et inquiétants. Même si quand ce machin est sorti, le public devait penser que ça n'était pas possible de faire plus Halloweenesque que Biology 2 sans verser dans le nucléaire. Mais les Sparks sont l’incarnation de cette idée : faire de l’expé avec du pop, en 3 minutes, sans explosions, sans virtuosité, sans atonalité ou réèlle disharmonie violente, mais surtout sans complaisance.

Je garde pour la fin l’explication de la première phrase : oui, ce disque est une première dans l’histoire... reste à définir de quoi. On peut le tenir pour le ground zero du post-punk (ces éclairs caoutchouteux de basse dans « Fa La Fa Lee », que pasa Conchita ?!), mais c’est encore plus le premier album d’Art Rock de l’histoire. Sorti 1 mois avant Camembert Electrique de Gong, 9 mois ( !) avant le 1er Roxy Music, et un temps proprement ridicule avant les premiers 10cc et Queen, Cockney Rebel et autres histrions moins historiques. Il est flagrant de constater à quel point on est déjà proche en tout points de Kimono My House, mais le grand public de 1974 le prendra comme une complète nouveauté, typiquement glam rock, alors que quand sort ce Halfnelson, le glam c’est 3 singles de T-Rex et rien d’autre. Dans les sauts quantiques de la musique rock post-Revolver (les Who de 66-67, Hendrix, Led Zep, King Crimson), les Sparks sont peut-être le dernier bond vers la métamorphose complète, le dernier artifice avant la réinitialisation punk, qui pour le coup gardera presque tout de la manière de jouer qu’on entend sur ce 1er album. Banco, mystificateurs !

note       Publiée le vendredi 19 janvier 2024

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    Shelleyan Envoyez un message privé àShelleyan
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    C'est marrant, je l'ai commandé la semaine dernière... J'attends avec impatience et la chronique renforce mon impatience...

    nicola Envoyez un message privé ànicola  nicola est en ligne !

    La pochette mur de briques a pris la fuite ?