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John Zorn › Masada Anniversary Edition Vol. 4: Masada Recital

  • 2004 • Tzadik TZ 7190 • 1 CD

détail des votes

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cd • 12 titres • 49:13 min

  • 1Kanah4:15
  • 2Socoh3:46
  • 3Mahshav5:39
  • 4Karet2:05
  • 5Abidan3:07
  • 6Malkut2:15
  • 7Azekah6:05
  • 8Nezikin2:14
  • 9Karaim8:55
  • 10Hath Arob2:12
  • 11Aravot3:48
  • 12Mahlah4:52

informations

Composé par John Zorn. Enregistré le 17 Février 2004 à Hit Factory, NYC, USA.

design : Heung-Heung Chin. Peinture : Karen Liebowitz

line up

Sylvie Courvoisier (piano, arrangements), Mark Feldman (violon)

chronique

  • free-musique de chambre

Les albums de Masada, c’est un peu comme les Pokémon, il faut les collectionner tous. C’est l’avantage et le défaut des séries, y a toujours cette envie de clore absolument la chose, juste parce que bon, faudrait pas laisser un seul numéro sur le côté. Après, il y a largement pire que les albums de Masada (sous n’importe quelle forme, on y revient) si on se doit de se livrer à ce genre d’attitude obsessionnelle. Avec celui-ci, donc le quatrième dans la série du dixième anniversaire (vous suivez ?), Zorn "inaugure" la formule qu’il va tenir ensuite sur les deux prochains livres, le Book of Angels et le Book Beri’ah, à savoir donner l’espace d’un album entier à une seule formation (il l'avait fait sur le double album The Circle Maker avec deux groupes différents), ce qui permet aux interprètes de se déplier avec beaucoup plus d’envergure et de se saisir des petites mélodies écrites avec minutie par Papa Johnny (faut le dire, il a ce rapport musical très protecteur avec toute sa famille élargie), entres lesquelles se dessine tout le travail de l’improvisation. Pour cette première, nuls autres que le violoniste Mark Feldman, coutumier de l’univers Masada (Bak Kokbha, Masada String Trio) et la pianiste suisse Sylvie Courvoisier, dont la seule incursion avait pris la forme d’un trio avec Susie Ibarra et Ikue Mori (donc très bruitiste et expérimental, bien loin du jazz d’inspiration klezmer). Si le titre donne le ton en évoquant de la musique de chambre, un récital donc, il ne faut pas s’attendre à une interprétation littérale des thèmes de Masada, même si les moments de pure lyrisme comme le délicat « Mahshav » ou l’ouverture sur un « Kanah » des plus bouleversant pourraient faire croire le contraire. Mais, oh que non, grands naifs ! D’abord, Masada c’est tout autant d’accès de violence et de dissonances, et si vous croyez qu’un duo piano/violon n’en est pas capable, vous ne connaissez pas ce couple là.

En effet, plus qu’un duo, un couple, un dialogue musical autant qu’amoureux sans doute qui n’hésite pas à virer de bord dans les franges les plus extrêmes que leurs instruments leur permettent. C’est que Courvoisier autant que Feldman ne se contentent pas de l’archet ou des touches, interfaces dédiés à tout fonctionnement « normal », ils vont aussi chercher leurs cordes à mains nues si besoin est, avec force véhémence parfois. Feldman reprend donc son pizzicato sur « Abidan » comme il l’avait déjà fait, mais sur un rythme plus posé et accompagné cette fois de ce piano qui ici gronde de basses ronflantes puis se fait grattouiller les intestins façon autoharpe. Sur « Malkut », vous savez ce fameux morceau où Zorn cite la « Lettre à Élise » de Beethoven, les deux musiciens allient leurs idées déjà éprouvées dans les versions précédentes et ce sont des fulgurances de part et d’autre, des accélérations en courbes brutales et des cascades cristallines. Sur « Nezikin », Courvoisier utilise son piano, tout son piano, comme instrument de pure percussion en contrepoint des inquiétants glissandi de Feldman, dans une sorte de chaos totalement maitrisé qui retombe toujours sur ses papattes . On pourrait continuer comme ça ad libitum tellement le duo est proprement hallucinant dans sa façon de dialoguer et de créer entre les thèmes des moments de beauté pure en arabesques ci d’une grâce absolu, là frappant l’auditeur par leur férocité imprévisible, jouant avec le silence et la tension re-tendue puis relâchée, faisant jaillir des flots de notes amalgamées ou trottinant sur des chemins beaucoup plus minimalistes. En leur permettant de se déployer sur une douzaine de morceaux du livre de Masada, certains très bien connus de l’amateur, d’autres plus obscurs, Zorn offre à Courvoisier et Feldman un terrain de jeu à la taille de leur talent d’interprète, les arrangements très riches et variés de la pianiste offrant une nouvelle vision globale de ce que peut être Masada. En découle une expérience d’écoute incroyablement satisfaisante qui va bien au-delà de l’aspect généreusement fourre-tout des compilations d’artistes précédentes, tout le spectre de Masada ayant le temps d’être abordé et exploré par une facette neuve et cohérente. Alors quel plaisir de découvrir une version aussi surprenante et minimaliste du toujours merveilleux « Karaim », sur huit minutes quasiment planantes, moment totalement saisissant parmi d’autres de ce récital pas nécessairement facile d’accès au premier abord, Courvoisier étant souvent assez déstabilisante surtout dans ses accès les plus dissonants. Ainsi s’ouvre avec brio la voie à une nouvelle étape dans l’univers toujours en expansion des livres de Masada.

note       Publiée le lundi 10 mai 2021

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