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Ka › Iron Works

cd • 15 titres • 52:58 min

  • 1D.N.A.
  • 2247365
  • 3Really Though
  • 4Mr. Officer
  • 5Iron Work
  • 6I Know What It's Like
  • 7Hood
  • 8Sunday To Sunday
  • 9Children
  • 10Stay Gutter
  • 11Bully
  • 12Patience
  • 13Get 'Em
  • 14Ace Boon
  • 15Pride/Lackin' Vocals

informations

line up

Ka (MC), Yanedus (production)

chronique

  • introspection

Brownsville, Brooklyn, 2008. Sur le point d'être repéré par GZA, Kaseem Ryan, le soldat du feu à la double vie de rappeur, MC depuis 1993, n'a pas encore pleinement développé son abstraction. Mais quelque chose rôde dans la fatigue, les journées perdues, l'éphéméride qui fane, les rues la nuit, qui s'emplissent de silhouettes sans but précis. Ka n'est encore qu'un inconnu dans une routine, oui. "I live a blue-collar life". Vie simple de travailleur résigné à gagner sa croûte honnêtement, qui pourtant sur l'oreiller lui murmure des visions de maraudes - du moins quand il arrive à dormir. Son style de flow est un peu plus musclé, plus "performeur" collé au beat ("Bully", "Ace Boon"), opérant sur des thématiques à la gangsta conscient (dualité résumée on ne peut plus sobrement à travers la balle utilisée comme stylo sur la pochette), tissant déjà des allitérations minutieusement ciselées ("Iron Work", "Get'em"), cherchant déjà à imposer cette forme de stupeur rappée qu'il saura purifier au fil des années. Ka est en entraînement intensif, fait des tractions dans son encadrement de porte de studio, suit les préceptes des maîtres planqué dans la masse, mais il est cet observateur en recul, pas encore vraiment détaché mais glacé, ce scribe du hood à la mécanique imperturbable. Son austérité déjà manifeste raconte son quartier au niveau de l'abribus, scrute les choses en angle, calcule les chances de chaque élément et aligne chaque piste comme on coche les cases sur un document administratif. Maintient la flamme basse, garde la main sur le fer. Quant aux prods ? Très rudimentaires, mais suffisantes pour tramer des choses. À la fois lointaines et pourtant très intimistes. Ka rappe sur des synthétiseurs de pauvre, sortis d'un sous-sol jamais visité depuis les années 80. Instrus moroses, d'un boom-bap typique des années 90 pourrissantes et du frais nouveau millénaire, post-Mobb Depp/Capone-N-Noreaga, avec pas grand chose à tartiner, mais ce qu'il faut de cafard à travers leurs sonorités semi-plastiques. Manque de moyens ? Peu importe : Ambiance. Nocturne, bien sûr. L'intro sur un son de synthé terne de chez terne donne le la, un petit bout de piano archi-basique suffira à décorer, un écho suffira à faire frisonner. Même s'il est parfois trop relou ("Hood") ou trop raplapla ("Sunday to Sunday"), le Ka juvénile rôde en laissant une impression de contrôle et de concentration absolus, comme s'il était à chaque seconde rivé, yeux écarquillés, à la lueur des claviers et aux ombres fuyantes de ses rimes. Ka a commencé comme ça, dans ce camion réfrigéré d'album. Et si Iron Works est limité à ses parois blanches et lisses, ne laisse qu'un arrière-goût de fréon et de néant, ce qu'il fait, il le fait bien. Avec, déjà, ce sens aigu de la sinistrose ("247365"), ou cette sensation de rap en sustentation, dans l'onirique et l'interlope ("Children", "I know what it's like"). Son petit carré de réel est analysé avec une rétine de sniper tirant à bout portant. Sa tristesse, aseptisée mais déjà profonde, creuse son sillon dans le plus anonyme goudron. Ka a avancé le premier pion.

note       Publiée le dimanche 18 avril 2021

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