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Swervedriver › Mezcal Head

cd 1 • 14 titres • 60:56 min

  • 1For Seeking Heat
  • 2Duel
  • 3Blowin' Cool
  • 4MM Abduction
  • 5Last Train To Satansville
  • 6Harry & Maggie
  • 7A Change Is Gonna Come
  • 8Girl On A Motorbike
  • 9Duress
  • 10You Find It Everywhere
  • bonus édition US
  • 11Never Lose That Feeling / Never Learn
  • bonus réédition
  • 12Planes Over The Skyline
  • 13The Hitcher
  • 14Cars Converge On Paris

informations

Sur la réédition 2008, "Never Lose That Feeling / Never Learn" est simplement intitulée "Never Lose That Feeling"

line up

Adam Franklin (chant, guitare), Jimmy Hartridge (guitare), Steve George (basse), Jez Hindmarsh (batterie, percussions)

Musiciens additionnels : Stewart Dace (saxophone sur "Never Lose That Feeling/Never Learn")

chronique

"Est-ce que ce monde est sérieux ?" me demande la pochette de Mezcal Head. J'en sais rien, cette réalité me suggère que non. Y m'faut du son de guitare parfait pour me purifier, brûler des caloriffs, foncer à travers chemins caillouteux et prés, sans jamais regarder derrière. Alors je sors. Faut prendre l'air, et le taureau par les cornes. Rodéo, rando, rienafout', dix-mille pas par jour minimum dixit cette grosse baltringue d'OMS, on lambinera plus tard. Baladeur bien loti dans la poche arrière, oreilles blotties dans les coussins des écouteurs, j'avance au son du Swervedriver, plus déterminé que le lapin rose de la pub. Crapahutant dans les étendues du monde de demain, certes sans fixer mes godasses - car je ne suis pas un trve shoegaze désolé, je préfère éviter les arbres et les lampadaires - mais songeur de chez rêveur, zonant sans savoir où je vais au son d'un album de rock vraiment très cool au nom très sympa, à l'esthétique vaguement inspirée par l'Amérique latine, et sur lequel écrire quoi que ce soit m'est longtemps apparu comme pure trivialité. Dès la granuleuse "For seeking heat" et jusqu'au suprême final-bonU.S., je ronronnais ma race sur Mezcal Head, mais j'avais pas envie d'en causer. C'était mieux comme ça : j'aime pas être parasité par les pensées analytiques quand j'écoute un disque - damnation du chroniqueur, pure saloperie. Mais voilà, quand je suis dehors, j'y déguste parfois les sons de plus près, et ça a fait ça avec le Swervedriver. Je sais pas si ça tient à l'oxygénation accrue de la caboche découlant de la machinerie bipède en action, mais tempête dans un verre d'eau-de-vie d'agave, maelström dans les esgourdes, valses d'idées me viennent.

"Dis-moi qu'est-ce que t'as fait, pendant ces années ?" Que dalle ! J'ai trainassé, rêvassé, et puis un peu cogité, et bien souvent sur les années 90, qu'elles étaient ceci, qu'elles étaient cela, décennie d'une gourmandise affolante, et patati et gnagnagna, que c'est con de raisonner par tranches de dix ans, que ça se chevauche plus qu'on le dit, et surtout, pour en revenir à nos moutons ou plutôt à nos vachettes, que le second Swervedriver fait monter d'un cran la barre de snack aux cahuètes ! Raise était gouleyant ? Mezcal Head est enivrant. Une souplesse rythmique insolente et un naturel hallucinant pour condenser toute une époque en un son rock-pop (plus que pop-rock) a priori très lambda, mais magmatique, et d'une fluidité absolue... Un album qui a fini par gagner ses galons et se placer au sommet de ma mini-collection "fixegrole", alors que j'ai longtemps buté sur son côté extrêmement, euh... Joli ? Faut dire que Swervedriver, même quand ça fait dans le noise rock sur l'entame, c'est toujours d'une bellâtrerie aveuglante. Encore la faute à ce chant langoureusement insipide, pure eau minérale de nineties. Parce qu'il faut quand même bien leur répondre, aux shoegazophiles qui chouinent depuis des années que leur genre musical n'est pas assez reconnu par rapport au grunge (même si la balance a été pas mal rétablie grâce à internet il me semble) : les chanteurs de cette vague britannique avaient en général BEAUCOUP moins de charisme vocal que leurs homonymes américains. Les voix de ces falots d'anglais étaient alors faites de flotte plus que d'alcool, d'homéopathie plus que de drogue dure... Mais alors pourquoi donc 5 sur 6 et pas 4 comme pour Raise, bigre de bougre de corbac, espèce de chroniqueur du sentier ?

Parce que LES GUITARES, nom d'un Thurston Moore en goguette, hé oui encore elles, encore meilleures ! Démoniaques de fraîcheur et délicieuses de vigueur. Swervedriver barbouillaient des quatre cordes comme peu de groupes. Peintures électriques magnifiques, un vrai tableau de maître à ce niveau. J'en cueille les gerbes d'étincelles en état d'émerveillement constant. Rien de surprenant à découvrir que Franklin et Hartridge ont été marqués par les bruits d'usine automobile locale, les découpes de tôle et tout ce qui s'en suit, avant d'élaborer leur son. La bagnole est étroitement liée à Swervedriver, c'est p't'être pour ça que l'image de cette cage en métal à la con revient si souvent au sujet du groupe. Et c'est peut-être pas un hasard si un des meilleurs titres de Mezcal Head s'appelle "Duel", et que ce riff supra-puissant en son cœur m'est aussi jouissif que la chute fracassante de cette crevure de camion-citerne tout rouillé à la fin du meilleur film de Spielberg (oups - SPOILER) ! Le reste est régalade, nickel chrome washed-out, jusque dans les sons parasites incrustés vicieusement - tondeuse incluse - un peu à la Pere Ubu, dans ces guitares en état de grâce permanent. Que ce soit le feeling plus Bob Mould d'une "Blowin' Cool", le gimmick très "Planete Claire"/"Peter Gunn" qui motorise "Last Train to Satansville", le fuzz fabuleux de "A Change Is Gonna Come"... Viens chercher bonheur, amoureux du grésillement purifié ! Et que dire de ce final-appendice, bon sang ? 'gnifique ! "Never lose that feeling / Never Learn" est assurément le sommet du Swerve. Une harmonie d'aciérie ultra-accrocheuse, à la Jesus Lizard grunge, menant à une deuxième moitié onirique, monde mi-post rock mi-shoegaze mais sublimé, saxo sexy en sus. Onze minutes magiques qui pourraient s'étendre sans mal sur le triple de temps. Le genre de morceau à savourer idéalement au sommet d'un immeuble un soir d'été orageux, en regardant le ciel s'électrifier au loin dans une soupe rose s'assombrissant... De quoi faire fondre toutes mes résistances ! J'y suis resté perché. La larve dans la teille de mescal était un gros fusible. What-mille points d'énergie, peut-être même plus.

note       Publiée le samedi 17 avril 2021

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