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Smashing Pumpkins › Gish

cd 1 • 10 titres • 45:46 min

  • 1I Am One
  • 2Siva
  • 3Rhinoceros
  • 4Bury Me
  • 5Crush
  • 6Suffer
  • 7Snail
  • 8Tristessa
  • 9Window Paine
  • 10Daydream / I'm Going Crazy

informations

1990-1991

line up

Billy Corgan (chant, guitare, basse), James Iha (guitare, chœurs), D'arcy Wretzky (basse, chœurs, chant), Jimmy Chamberlin (batterie)

Musiciens additionnels : Mary Gaines (violoncelle sur "Daydream"), Chris Wagner (violon et alto sur "Daydream")

chronique

(Les) Smashing Pumpkins étaient un trio de jeunes gens sympathiques au potentiel certain. Hélas, ce petit groupe est tombé sous la coupe d'un chauve : l'effroyable Billy Corgan, preuve sonore indéniable envoyée au Créateur pour lui signifier que l'invention de la cloison nasale n'était finalement pas une si bonne idée. J'ai toujours eu envie de dégripper cette voix qui grince, comme un gond de porte au couinement agaçant, j'ai tenté de traiter à la bombe de lubrifiant. Mais même quand j'en injectais à grosses giclées dans les enceintes, ça marchait jamais. En plus ça dégueulassait tout. J'ai demandé conseil au Casto, au Brico : walou, macache, y a rien à faire monsieur, désolé. D'la belle saloperie pour les nerfs, ce Corgan. Vous comprendrez donc aisément pourquoi pester contre cette vile créature m'est aussi élémentaire que de boycotter le tofu au wakamé et aux graines de chia. À part peut-être Bob Dylan, autre cas d'étude pour les pathologies de la sphère ORL, je ne connais pas de vocaliste plus irritant dans la section "must have" des 1000 artistes qu'il-faut-avoir-écouté-avant-d'être-mourru-sinon-t'es-pas-culturé...

Mais je grince des doigts au lieu d'aller à l'essentiel : Gish est sans doute ce qu'ils ont sorti de moins répréhensible, les coloquintes. Un joli petit album mi-Rock mi-Bluettes, simple, sensuel et sans prétention, la seule coquetterie étant les cordes sur "Daydream". Gish est naturel, bucolique, dans des teintes mauves charmantes, volontiers fougueux... Innocent, car encore épargné par une mégalo-ambition de chanteur/compositeur pas vraiment à la portée de son démiurge-malédiction. Gish, même s'il est fondamentalement cucul la praline et n'a bien sûr pas le gabarit d'un Monster Magnet, en est plus proche que de la mayonnaise alterno-gnagna-ouin-ouin des suivants (l'étiquette "stoner" chatouille même un peu par moments)... Quoique tout bien réfléchi, je le rapprocherais davantage des Screaming Trees, ce qui est un très gros compliment pour Smashing Pumpkins. J'y relève aussi ce même amour de Black Sabbath que chez l'ado Soundgarden ("Siva" ne découle-t-elle pas directement de "Paranoid" ?) Et ça pour mes tympans, c'est pas dégueulasse ! Gish est ce skeud de grunge gentiment néopsyché, saupoudré d'un peu de shoepop et de dreamgaze, mais surtout FRAIS. L'encombrant Corgan y était encore portion congrue, et encore à peu près supportable. Cela était de toute évidence dû à un phénomène acoustique dit de "capillo-absorption des ondes" : en 1991 la longue chevelure du juvénile Corgan amortissait les sons les plus néfastes de ses cordes vocales, mieux que ne le feront sa coupe courte et a fortiori son crâne en peau de seuf (qui ne les filtrera plus du tout et pire les fera rebondir, amplifiant leur pouvoir pathogène). La tignasse corganienne à sa pousse maximale agissait donc un peu à la façon d'un silencieux de pot catalytique de mobylette, adoucissant ses fréquences les plus néfastes, rendant comestible ce timbre nasal niaiseux et nauséeux, ennemi fondamental de l'harmonie. Le pouvoir du cheveu est un univers décidément fascinant... Mais plus que Corgan ou sa toison qui diminuera en même temps qu'augmentera la circonférence de son melon (colie ou pas), Gish vaut surtout pour ses zicos. Zicos, oui. Zicos de fort bon aloi, même. J'y inclus les mains de Corgan, bien dissociées du reste. James Iha et lui ont potassé leurs manuels des éditions Iommi & J Mascis, le batteur n'est pas Fyfe Ewing mais s'en approche parfois, et la bassiste, euh... elle s'appelle D'arcy. Et D'arcy elle est cool comme son prénom, et on entend bien sa basse. Et bien entendre une basse, c'est comme bien voir des hanches dans une silhouette.

C'est d'ailleurs la basse qui me fait toujours du gringue dès la très cadencée "I am One"... Puis à la suite de ce semi-tube, Gish se laisse déguster sans prise de chou, la rosée de citrouille se recueille à même la feuille. Les riffs cavaleurs de "Bury me" et "Tristessa", l'indolence douillette des ballades exsangues "Crush" et "Suffer", les morceaux de petit con narquois qui servent à rien mais qui ronronnent dru comme "Snail" ou "Window Paine"... Même si je fais la moue devant la surcotée "Rhinoceros" - du Pixies mou et dévitalisé, qui heureusement se requinque sur la dernière partie à gros shoots de guitares vitaminées. Un album ma foi très mignon, sans prétention, ambiance "pique-nique & douilles". Ce que Smashing Pumpkins auront fait de meilleur, oui. Me farcir la suite de leur discographie m'étant une perspective aussi alléchante qu'un marathon sur l'intégrale de Saez, j'en resterai là, sans regrets. J'apprécierai dans mon coin la Gish lorraine, avec ses riffs en lardons déglacés au xérès qui fondent sous la dent, son groove adolescent, et son doux parfum de matin du printemps grunge. Ainsi va la vie.

note       Publiée le samedi 10 avril 2021

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The Gloth Envoyez un message privé àThe Gloth

pour moi leur seul bon album. J'ai apprécié Siames Dream à l'époque, mais je ne crois pas que je le réécouterais maintenant.

Gouzi Envoyez un message privé àGouzi

"("Siva" ne découle-t-elle pas directement de "Paranoid" ?) "

ou de 1969 (Stooges)

torquemada Envoyez un message privé àtorquemada

Raven, tu peux aussi passer ta hi-fi en mode karaoké, au moins ça ne salit pas le salon.

Aplecraf Envoyez un message privé àAplecraf

C'est aussi un de mes préférés. Le côté décomplexé et loin des mégalomanies progs qui suivront est un plaisir simple

Note donnée au disque :       
kaoadonf Envoyez un message privé àkaoadonf

Mon adolescence, j'ai beaucoup aimé, même si j'ai découvert les citrouilles avec siamese dream que je préfère largement. Une entrée en matière intéressante pour ce groupe culte des années 90/2000.