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High Rise › Disallow

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Dioneo      mardi 9 mars 2021 - 17:51
GrahamBondSwing      mercredi 10 mars 2021 - 17:26

cd • 5 titres • 34:06 min

  • 1Disallow6:02
  • 2Whirl6:50
  • 3Sadame5:26
  • 4Ikon7:05
  • 5Grab8:44

informations

Produit par High Rise.

line up

Asahito Nanjo (basse, voix), Munehiro Narita (guitare), Pill (batterie)

chronique

Cette fois il y a LE son ! High Rise trouvent l'équilibre – le bon déséquilibre, plutôt, la déformation, la distorsion de TOUT adéquate à leur musique débordante, excessive, gorgée de teintes saturées qui dégoulinent et giclent, tachent. Comme sur les précédents albums (studio) – le II et Dispersion – on entend tout, chaque instrument. MAIS : ça crache ! Ça bave. Comme sur les précédents albums (live) – celui simplement appelé High Rise Live, l'inaugurale Psychedelic Speed Freaks (attendez... non, quand-même pas comme sur celui-là ! … ça ne se refait pas, un coup pareil) – on dirait que le boucan produit par le trio déborde la bande enregistreuse, qu'elle ne parvient pas à tout absorber, que la musique essaye d'en jaillir, d'en sauter pour nous assaillir, s'épandre dans la pièce. MAIS … Eh bien etc. : mais on entend parfaitement la basse, la guitare, la batterie, dans cette débauche – on a beau la retourner en tous sens alors qu'elle nous chope pour faire de même, on ne trouve pas de défaut, pas de sortie dans cette mécanique à priori contradictoire. (Un rendu le plus dégueulassé possible ; mais parfaitement lisible ; mais très sale ; mais chaque élément nettement découpé/découpant ; mais... ainsi de suite, on m'aura compris).

Aussi : le jeu est particulièrement sauvage et dense, ici – la guitare de Narita toujours toute en wha et fuzz expressionnistes, qui sculptent les déchiquetures de matières, riffs et textures, feedbacks qu'elle excrète ; s'adjoignant là, exceptionnellement, d'autres effets saillants, par endroits (le phaser/flanger sur le départ en flèche Disallow, le morceau) ; la basse de Nanjo s'emballe tout autant, ronde mais trop pleine, compacte, pour sonner douce, moelleuse, travaille au corps les morceaux comme l'écoutant pendant que l'autre taillade ; la voix du même lâche comme d'habitude quelques bribes, quelques phrases refroidies dans un bain de réverbe carbonique – mais plus seulement au début des plages, sur celui-là, plus systématiquement avant que l'électricité seule, et la frappe, se mettent à pleuvoir, la jam ; et puis la batterie... Eh bien : c'est un certain Pill, cette fois, derrière. Qui joue par ailleurs, il paraît, dans des groupes punk/hardcore. Nettement, en tout cas : ça s'entend ! La différence, je veux dire, d'avec les disques d'avant. Dans la lourdeur – une lourdeur sèche – dans la puissance des coups. Dans la violence précise – là aussi – de ce que le gars fait déferler... En variant les figures, en plus, en inventant des jongleries, en compliquant vicieusement – c'est à dire sans que ça s'entende toujours tout de suite, sans que la pulsation, le groove, deviennent moins évidents – le roulement sans fin de la chose... Oui : cette fois, High Rise GROOVENT. Curieusement. Avec rudesse, démanchement brutal, Saint-Guy toujours toute crue...

A vrai dire c'est là-dessus – ce Disallow – qu'High Rise, à mon avis, grave ses compositions les plus mémorables... Celles qu'on reconnaît tout de suite, quel que soit le temps – jours, mois, années... – qu'on puisse laisser filer, tomber, se consumer entre les réécoutes. Celles qui sonnent comme leurs « classiques » partout où ils les jouent – sur les live officiels d'après, certaines bandes sorties avant, bootlegs ou pas, « avalisées » ou pas par le groupe (Nanjo, d'ailleurs, sortira – avait alors déjà sorti lui-même nombre de ces enregistrements – sur cassettes ou Cdr via son label La Musica...). Les bouts, les séquences les plus consistants, les mieux formés – sans pour autant que ça perde en rugosité, en incandescence, en intensité – de leur flot de chaos cosmique en écoulement continuel, hurlant, du souffle brûlant/givrant expiré/inspiré sans répit à la bouche de l'entité High Rise. Disallow/Whirl/Sadame/Ikon : impossible d'en stopper le jaillissement, l'enchaînement, l'entraînement ; impossible pourtant, tout autant, de les confondre, une fois qu'elles se sont imprimées. Et puis...

Et puis comme souvent, pour finir : les trois se risquent, retournent à une sorte d'Informe – à l'improvisation sans rythme puissamment scandé, sans repères marqués. « Grab » donc : « Attraper », « Saisir ». Paradoxe, puisque de toutes les plages du disque, c'est la seule à quoi on ne trouve rien, d'abord, à s'accrocher ? Tout au plus cette espèce de roulement de hi-hat fermé/ouvert, vaguement martial, Marche, guidée de peloton ? La basse qui joue la souplesse inquiétante, comme des câbles cassés mais pas déconnectés de la source, du générateur – livrés aux courants, aux vents, mouvements imprévisibles, autant inéluctables que lents... La guitare qui ne fait que grincer – mais plus fort que tout le reste, déchirures de l'enveloppe qui tenait tout le reste, avant. Mais « Grab », pourtant et en effet : dans ce « marasme », on est empoigné par lui ; happé, retenu pendant que le paysage – l'impression d'une certaine familiarité, malgré les incessants cahots ; l'enveloppe du monde, la force centrifuge, la vitesse qui tenait tout sur les autres titres, gainait – se délitent, arrachent tous leurs liens... « Grab »... Peut-être bien une des raisons, oui – une des définitions possibles du disque... Une de celles que c'est par celui-là, souvent, presque toujours, par quoi j'y retourne, je m'y replonge pour un cycle. Celui-là. L'un des.

(Avec un certain live dont on causera plus loin... Avec comme conséquences, aussi, au fil des années, des excursions en terres connexes – où tout ou partie des ci-présents jojos arpentent et forgent avec d'autres, sous des noms changeants, parfois récurrents, parfois portés une fois avant que l'oubli les avale... Vrai qu'une fois « mis » là-dedans, on n'en sort pas si facilement – et pas si volontiers, surtout, tant ça valait bien, finalement, de d'abord trébucher, d'y verser tête nue la première).

note       Publiée le mardi 9 mars 2021

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    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo  Dioneo est en ligne !
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    Bah marrant, moi je trouve que là ses soli sont toujours justes, ne "s'égarent" pas, justement, moins que sur d'autres ! Mais bon, deux individus, deux paires d'oreilles (et organismes, et cervelles etc.) qui n'attrapent/ne digèrent pas les choses pareil... Et puis bon, j'ai "attaqué" High Rise avec celui-là et le live Durophet, perso, et u que j'ai insisté d'abord sur ces deux-là, je me suis vite fait à ce son en effet très particulier (les basses ici, ouais !) et à les entendre jouer comme ça.

    Quant à Grab c'est sûr qu'elle peut surprendre ! Encore plus "éloignée du rock" que les deux que tu cites des Stooges, oui, c'est vrai - et du jazz même free, je dirais, pour LA Blues. On est encore tout à fait ailleurs, là, dans une autre pratique de l'impro - pour ma part j'aime bien ça mais sans doute que d'avoir vus des dizaines de trucs "d'impro non-jazz" en concert au fil des années, en ayant commencé avant d'écouter le groupe, a du aider à ce que ça passe direct sans que je me dise "c'est quoi ces conneries qui vont nulle-part ?"...

    Note donnée au disque :       
    GrahamBondSwing Envoyez un message privé àGrahamBondSwing

    Ben, la sauce n'a pas pris pour moi. C'est assez paradoxal, car objectivement je lui trouve pas mal de qualités : je suis d'accord avec la Chro Dioneo, il est plus groovy que les précédents. La basse est incroyablement mise en avant (j'ai songé au Live de Grand Funk Railroad dans le genre), elle a tout fait vibrer chez moi, j'ai du toucher au potard des basses fréquences pour éviter que les bibelots glissent dangereusement du buffet (Marie-Pierre Casey venait de passer un coup de Pliz). Alors qu'est-ce-qui coince ? Je trouve Narita moins inspiré dans ses soli, tout bêtement, il s'égare franchement parfois... Et puis il y a la dernière plage "Grab" qui m'a laissé on ne peut plus froid : je m'dis qu'ils auraient pu tenter un truc à la "We Will Fall" ou un "LA Blues" à leur manière, mais non c'est vraiment autre chose pour le coup, c'est le morceau qui me fait pencher pour un 3/6.

    Note donnée au disque :