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Death In June › Symbols and Clouds
cd 1 • 20 titres • 73:36 min
- 1Death Is The Martyr Of Beauty
- 2He's Disabled
- 3The Mourner's Bench
- 4Because Of Him
- 5Little Black Angel
- 6The Golden Wedding Of Sorrow
- 7The Giddy Edge Of Light
- 8Ku Ku Ku
- 9Hollows Of Devotion
- 10But, What Ends When The Symbols Shatter ?
- 11Cathedral Of Tears
- 12Lord Winter
- 13God's Golden Sperm
- 14Omen-Filled Season
- 15Symbols Of The Sun
- 16Luther's Army
- 1713 Years Of Carrion
- 18The Accidental Protégé
- 19Rose Clouds Of Holocaust
- 20Leopard Flowers
informations
sorti en 2009 en édition limitée 1000 exemplaires très chère, format coffret-croix en granit gravé au laser, avec runes, badges et autretés fétichistes, et disque bonus avec versions guitare-voix des chansons ; réédité en 2017 ; la pochette principale est celle de la réédition 2017, la seconde est le coffret collector sur fond blanc
line up
Douglas Pearce (chant, tous instruments)
Musiciens additionnels : Michael Cashmore (guitare, claviers), Campbell Finley (trompette), James Mannox (percussions), Rose Mcdowall (chœurs), Simon Norris (melodica, vibraphone), David Tibet (chœurs), Max Wearing (voix), Graham Hawkes (orgue, claviers)
chronique
Symbols & Clouds résulte d'une hybridation-mutilation frôlant le sacrilège pour les fanatiques des deux albums originaux, cette sainte mamelle neofolk qui, hélas pour le matérialisme antédiluvien des derniers qui attendent encore leur tranche de zique des mains craquelées du vaguemestre, est devenue objet de spéculation : But, What ends when the symbols shatter? et Rose Clouds of Holocaust ont été assemblés sur un seul disque Mort-en-Juin 2-en-1, gagnant deux chansons ("Cathedral of Tears" et "Leopard Flowers" disposées à la fin des track-lists respectives) mais amputant au passage celles chantées par Tibet (saufs chœurs résiduels). Morceaux évincés par Pearce à la suite d'une brouille entre les deux hommes, semble-t-il. Attitude un tantinet puérile qui me rendrait l'austère Douglas presque sympathique, étant donné que sa finauderie de barde mystico-crypto-runesque ne m'a jamais réellement fasciné, tout au plus intrigué... Pearce est en effet un invité très occasionnel de mes errances musicales, contrairement à cette brave meule mélancolique de Wakeford. Une sorte de guest apo-folk, si vous préférez. Mais je dois dire que redécouvrir ces deux albums sur un seul disque m'a permis de m'accoutumer à ces chansons que je confondais un peu toutes entre elles, et de me laisser emporter par la sarabande, non sans délice.
Ce fut l'occasion de replonger dans ces acoustiques aux reflets de jade et de jais, leurs longues et fines cordes cristallines qui scintillent et tourbillonnent, surplombées par cette voix menue recroquevillée dans ses narines... Et de réaliser que c'est quand même du très singulier et du bien magnétique, l'ambiance de cette musique. Monotone mais onirique, enchanteuse-vénéneuse et comme infectée de fausse candeur, elle coule tel un sirop de coquelicot dans les synapses. Plus d'une heure de folk ample et étrange, blottie dans sa part de mystère, toute en ruines fleuries et crépuscules rosoyants, avec de temps à autre cette curieuse trompette qui se radine dans le paysage pour mettre un peu plus de couleur... Les deux albums s'enchaînent de façon si fluide que je les dissocie très peu au final, et, moi qui longtemps pensais préférer Rose Clouds (sans doute à cause des sublimes "Symbols of the Sun" et "Luther's Army" qui me plongent à chaque fois dans un état de saudade), je serais désormais bien en peine de savoir lequel je préfère à l'autre. Je savoure le présent du lagon inversé, et toutes ces mélopées qui se ressemblent fort disposées comme en miroir, chaque chanson se reflétant dans l'autre, sensation de répétition d'un même motif avec de subtiles variations, d'ensorcellement malicieux, se glissant comme des farfadets vicieux dans les draps des neurones, en susurrant leurs allégories, dès la folk psychédélique de "Death is The Martyr of Beauty" et ses relents Pink Dots, sentant perler les grosses gouttes de la grotte d'où point "God is disabled", sifflotant l'inoxydable tube "Little Black Angel" et toutes les suivantes ou presque... Cette fuite en avant des guitares acoustiques noyées dans un bain de réverbération qui vous enveloppe comme un fin linceul, ces échos de sons bizarres et volontiers grotesques qui vous collent dans l'obscurité comme des sangsues-lucioles : tout cela a un charme unique, non démenti. L'écho parfait des cordes comme capté d'un studio hors-de-prix du Paradis ayant plus de séduction que le chant aigre-doux du Douggie, cette voix pincée-dépassionnée, avec sa préciosité altière de vieille pimbêche anglaise tenant son spleen comme un speculoos - l'émotion pour Pearce c'est un petit biscuit oui, qu'il tient en levant le petit doigt, l'émotion, t-t-t attention : on la grignote avec mesure et tenue, s'agirait pas de faire des écarts ou ce genre de choses sans distinction... Douglas Pearce il est un peu comme Jean-Louis Murat au fond : il aime pas l'impudeur, les trucs qui dégueulent leur cœur en sueur et en tremblant, à la Brel. Pas trop le style de la maison. Le Pearce son sentiment il le distille comme un gin premium infusé aux fleurs de bleuet et de souci, sa chose à lui c'est plus l'envoûtement par la mélopée roudoudouce. Toute ses jolies mélodies qui se répètent à satiété, sortilèges tournicotant joliment, nous cajolent et nous dorlotent, un peu comme si on était le bébé de Rosemary...
Douglas Pearce chante des berceuses pour adultes, en somme, c'est aussi bête que ça. Que les vieux poupons qui les savourent en suçant leur pouce serrent contre leur poitrine une petite peluche de totenkopf ou non, importe peu : ce sont bien les mêmes rêveurs doux-amers, au fond... Qui feront ce qu'il veulent comme des grands, avec les paroles, les symboles, leur double-sens profond, le côté "troll" ou archi-sérieux de Pearce, triangle rose ? treillis kaki ? masque kabuki ? M'en fiche : je sifflote dans les nuages, et j'écoute un peu ça comme du Maxime Le Forestier, du Hugues Aufray ou du Francis Cabrel (et "Ku Ku Ku" comme du Pierre Perret), au petit déjeuner avec ma chicorée, mon pain toasté et mon jus de clémentine. "Je viens du ciel, my little black angel, et les étoiles entre elles ne parlent que de toi..." ou quelque chose comme ça. Un grand bon bol de belles notes chatoyantes, à savourer par lapées de chat. En attendant comme le messie la venue de cette trompette magique, celle d'un des anges de l'Apocalypse peut-être, que le pervers Douglas aura pris dans son filet à papillon.
Dans le même esprit, Raven vous recommande...

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- zugal21 › Envoyez un message privé àzugal21
Je me le suis procuré bien que possédant par ailleurs tous les titres, sur les 2 albums, le mini pour Cathedral of Tears, le Discriminate pour Leopard Flowers. Cette compile présente bien l'intérêt dont parle le Corbeau : 71 minutes d'homogénéité posée et cristalline, propice à l'immersion.
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- Shelleyan › Envoyez un message privé àShelleyan
Je plussoie. Je ne pense pas toujours à l'écouter mais pour des raisons techniques, je possède le coffret-croix et c'est pas évident à ranger comme truc. On peut pas le suspendre, pas le poser contre un mur, pas le mettre sur un chevalet, du coup il reste connement posé à plat...
- zugal21 › Envoyez un message privé àzugal21
Très belle chro, Korbac
- Note donnée au disque :