2nd Gen › irony is

Non mais regardez-moi un peu cette petite frappe de Manchester bien criarde ! Rythmique Facom, samples BTP... Bienvenue chez le DJ-MC Wajid Yaseen, a.k.a 2nd Gen, issu d'un collectif métissé coranico-sulfureux (Fun'Da'Mental, sorte de Muslimgauze big beat vu de loin). Aaaaah je me souviens encore de ce matin de fin de collège où, bien avachi dans le bus par un hiver plus noir et froid que le fond du fion du Niflheim, je me suis reçu dans les esgourdes le premier titre de ce skeud, gravé sur un sampler D-Side (ou Elegy ? J'ai un doute, mettez-vous d'accord là-dedans on a pas qu'ça à foutre !) J'peux vous dire que j'étais tout vautré dans ce vieux fauteuil de car scolaire avec sa mousse de rembourrage qui dégueule par divers trous bouffés par les briquets, à penser à la prof d'anglais et à ma fin de journée dans huit heures, et qu'j'ai tout de suite grand ouvert mes yeux comme des soucoupes, en visualisant des outils perforants traversant les crânes moches et rigolards de tous les passagers du fond qui me vannaient depuis leurs fringues de marque, me sentant comme exploser dans mon falzar Complices et mes manches longues Tissaïa. Crevez par le boum-boum sans concession du hip-hop indus, fils de putes fans de Sinsemilia !!! "And/Or" est toujours aussi brutalement et abruptement efficace au casque. Aussi vivifiant qu'une mèche SDS dans les rotules, le rap de l'an 2000 pour mon cas ça a été cette merde en plus de l'inévitable Marshall Mathers LP. "And/Or" = Concassage en règle, capable de se mesurer à Tonton Broadrick, juste armé d'une pauvre perceuse Black & Decker premier prix, de sa gnaque brute, et de son flow de racaille anonyme qui bondit sur la rythmique comme si elle était dans Prodigy. D'ailleurs j'mentionne pas Saint Justin gratis : Techno Animal a participé au remix sur le single... avec MC Dälek ! Vous irez me fouiner tout ça. Après cette intro de folie ? Ben l'flow s'fait la malle, ça traboule et ça déroule, avec du brutal et du temporiseur, ça n'hésite pas à injecter un peu d'americana dans sa sauce ("Black Spring") mais c'est le gris métallisé et le noir carbone qui dominent, sans jamais lâcher les pinces-croco de la gégène sur les couilles des tympans. Même si y a comme une grosse sensation de vide et de truc qui a servi à rien, à l'issue du skeud : c'est normal. Cette musique ne sert absolument à rien. Mais elle est indiquée au réveil. Pfff, quand je pense que ce 2nd Gen est un des disques dont je devais parler quand je suis arrivé sur Guts of Darkness, et qu'en chemin j'me suis un peu emmêlé dans les fils éclectiques... Cette saloperie n'a pas perdu de sa puissance bête et conne aux réécoutes, malgré ce côté bidule-basique qui m'empêche de pousser à plus de 4, note carrée qui lui va bien au container fracassé. Simple et efficace, comme un coup de boule du bitume environnant qui en aurait marre des regards noirs et des mollards.