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Worm Ouroboros › Worm Ouroboros

cd 1 • 9 titres • 62:26 min

  • 1Through Glass
  • 2A Birth A Death
  • 3Winter
  • 4Goldeneye
  • 5Failing Moon
  • 6Riverbed
  • 7Brittle Heart
  • 8Pearls
  • 9A Death A Birth

informations

pochette par Lorraine Rath

line up

Lorraine Rath (chant, basse, flûte), Jessica Way (chant, guitare, glockenspiel), Justin Green (batterie)

chronique

Il y a des jours où je suis à la recherche non pas du temps perdu (c'est une perte de temps) mais de musiques à guitares envoûtantes/avec des morceaux qui se terminent pas. Et alors je ne sais plus si pour me relaxer dans les caresses de cordes interminables, je dois aller du côté Isis ou du côté Neurosis. Gloussez, mais ça m'arrive. Je me sens dans ces moments entre deux eaux, entre deux mondes, je ne sais plus très bien si je suis dans Moby Dick ou dans Le K... Je ressens une gêne, un peu comme ce requin de la finance qui a du mal à ouvrir son parapluie parce qu'une des baleines est cassée, et qui lève les yeux plus haut pour échapper aux arêtes des gratte-ciels. Je suis ce banal amateur de musique avide de lumière autant que d'obscurité, et ce disque gris-vert-clair m'est tombé dans les mains des oreilles parce qu'il le devait, pas parce qu'il y a un palmipède dessus (j'aime pas trop les palmipèdes, même quand il plongent pour chasser la perle bleue - c'est quand même un peu tarte, un palmipède).

Worm Ouroboros est apparemment un assemblage avec du Amber Asylum, du Agalloch et du The Gault dedans... En somme la promesse d'une musique qui voit la nature du côté immuable, et la tristesse en pleine lumière comme une condition sine qua non du vivant. J'ai vu ces liens de line-up quand j'ai archivé mon exemplaire et transmets en chroniqueur informatif, sait-on jamais... Descriptif : une musique triste, lente, sensuelle, planante, relaxante mais comme du laudanum pendant l'extrême onction, sans horizons nets ni silhouettes autres que fugaces, avec des guitares chatoyantes qui même en grésillant vous lapent les tympans comme des pierres à lécher, une basse-couleuvre rôdant sous leurs lignes, et ces deux voix de femmes angélico-sirènes, d'apparence a priori anodine, toutes de joliesse et de gentillesse, qui de leur douceur absolue vous font atteindre une forme de stupeur neurasthénique... Atmosphérique, le gros mot est lâché. Il nous apparaît alors, de façon aussi claire que la célèbre fontaine de la chanson, ce que fait la créature Worm Ouroboros, dont la fausse innocence cache des desseins aussi délétères qu'une Julee Cruise embauchée chez Durutti Column : elle nous tourne autour, nous enveloppe de sa langueur infinie... Et nous absorbe, comme un Cocteau Twins en plus ferrugineux et étiré. Usant de ballets voluptueux pour nous enfoncer au plus profond de l'incertitude existentielle... L'émotion en saudade étalée à l'infini. Le recueillement au pied des forces invisibles qui régissent le monde du rêve et des végétaux. La plénitude, qui au détour d'une mélodie esquissée du bout des algues, d'une accalmie aux reflets d'orage lointain qui approche sans cesse, peut se muer sans prévenir en inquiétude, comme ce doute insoutenable sur le devenir de notre âme lorsqu'elle quitte l'enveloppe, les jours où on observe l'air en suspension, le lait disparate des nuages à l'agonie, qu'on entendrait presque hurler de souffrances tandis qu'ils s'évanouissent dans le pastel sans fin d'Ouranos. Même si tout est doux, et agréable... déglutir est devenu difficile, parce qu'on est de roche. Parce qu'on est devenu une statue, cette effigie d'ange aux yeux vides surplombant la fontaine, et que notre cœur a été dégusté à la petite cuillère pendant le salon de thé des fées. Ambiance d'extrême ambivalence au classicisme vénéneux, dont la tiédeur est un gouffre sentimental où stupeur, émerveillement et inquiétude se confondent en une soupe primordiale. La musique planante, vue du fond des abysses, avec un flûtiau plus dangereux que toutes les guitares métalliques assemblées. Mortification par le mou. Abandon dans les songes de ce bivalve millénaire ou de ce saule aux larmes intarissables, qui attendent la fin des eaux sur Terre.

note       Publiée le mercredi 3 mars 2021

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