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Vainio / Väisänen / Vega › Resurrection River
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Mika Vainio, Alan Vega, Ilpo Väisänen
chronique
Depuis la chro du premier VVV, Vega et Vainio sont morts. Avant que le troisième V passe de V à T, voici le second VVV. Moins agressif et cru qu'Endless, plus pernicieux, mais avec un excellent "potentiel de réécoute", comme disent les critiques au banc d'essai. Vega ? Vega y fait du Vega. Décrire Vega ? Absurde, cela reviendra toujours à renvoyer au premier Suicide, parce que ça a toujours été la même chose pendant quarante ans... Avec des variations. C'est ce que les vegaphiles aiment dans le Vega : le fait qu'il fasse toujours pareil mais avec des petites nuances. Et sur Resurrection River, y a Vega dans un peu tout le nuancier de son crooning dégénéré, avec cris, murmures, hoquets, ruminements, borborygmes de résident d'EHPAD en plein exorcisme, voire hurlements comme au temps du Frankie Larmiche pour ceux qui se seraient endormis avec le filet de bave ("Job Blue" pousse bien le bouchon question invectives d'ivrogne). Bref en forme pour retrouver Pan Sonic, encore irradiés par le Kesto, qui lui déroulent le tapis rouge... Mais aussi le bleu, le vert, le jaune et surtout : le gris. Le gris d'une machine sorcière, qui diffuse ses ondes au magnétisme radioactif. Vainio et Väisänen aussi ils font un beau nuancier, et sont un peu le meilleur substitut à Rev que Vega aura trouvé... Ils ne se répètent pas ici, alors qu'ils pourraient comme tant d'autres looper le coach, mais préfèrent varier les plaisirs, plonger ce vieux rockab' des limbes dans toutes sortes d'ambiances, en général bien sordides, avec le petit plus du raffinement sonore. Et collantes aux réécoutes, charriant comme un parfum de sortilège vaporeux. Si j'ai été moins accroché qu'avec Endless aux premières écoutes, trouvant la fusion moins réussie, je réalise en fait après ces minuits accumulés en sa compagnie, que Resurrection River reprend les choses là où le sinistre final "Disgrace" les avait laissées, bien plus inspiré qu'American Supreme en réalité. Je serais à présent incapable de dire lequel des deux VVV est le meilleur, tant celui-ci joue sur des effets plus subtilement vicieux, même quand il donne dans le hip-hop ("I got wheels, I got nails"). Des évocations délicieusement troubles, des ambiances plus diffuses où l'indus est un pouls écrasé qui vous aimante en loucedé ("Desperate Nation", "Life", "Black Crucifix"). Une fois n'est pas coutume, certains esprits chagrins trouveront que la voix, à la façon de certains rappeurs mal intégrés aux instrus, gâche ces ambiances qui se suffiraient à elles-mêmes ; pour moi au contraire, sa présence donne une armature à l'ensemble, comme un fil conducteur (mais sévèrement grillé le fil). V et V déploient sous le mic du vétéran des trésors de suggestion ("It was her eyes"), des moments en creux qui, lentement mais sûrement, empoisonnent et emprisonnent les neurones, de leurs scintillements étranges. Sans hésiter quand il faut à faire parler le beat, qui passé la house mystique de l'intro s'anesthésie souvent... Et à ce titre la psychotique "11:52 PM", à part du reste, organique et vintage, fait partie des titres les plus hallucinés du Vega - à coup sûr je l'inclurais dans son best-of, si je faisais encore des compilations avec ma mini-chaîne CD-K7. Appel sensuel, depuis les sommets de la dimension Suicide. Même topo pour le titre épo ("Oh Glory Glory, Hallelujah !"), la cartoonesque "Sellin' my monkeys (to the junkies!)" ou pour la plus-Suicide-tu-meurs "Chrome Z-Fighters 2003". Alors, "Pfff, encore un album expé-bidule expédié en deux-deux avec la voix du vieux zinzin sénile collée dessus ?" Non : un jukebox hanté, jouant au milieu d'une usine abandonnée, quelque part dans le Wasteland.
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