Tout va vite dans le monde d’aujourd’hui ou du moins en distille-t-on l’impression, la musique n’échappe pas au phénomène. Tout est si accessible, rapide, on en espère sans cesse d’avantage. Le moindre groupe ayant produit son premier titre le place sur Bandcamp ou Youtube (une nouvelle manière de concevoir le single après tout) et du coup, quand il nous plaît, on s’étonne que le mois d’après, l’album ne soit pas prêt. C’est oublier que nombre de ces formations manquent de temps et de moyens car ne vivant pas de leur art…Il faut savoir être patient. Le fan de Dominion le sait lui dont les productions de son groupe sont rares et avares en titre, le dernier en date ne fait pas exception: une composition originale et une reprise des Sisters of Mercy (tellement personnalisée qu’elle en est méconnaissable). Le groupe a durci son gothic rock en lui injectant une bonne dose de rugosité purement rock à l’image du timbre du chanteur plus râpeux que de par le passé. ‘Wolves’ assure bien le job de par sa belle intro cristalline suivie d’accords énergiques et si la voix surprend sur les premières mesures, on s’y habitue vite. Elle colle bien au parti pris électrique des sonorités de gratte. La version de ‘Lucretia my reflection’ évite l’écueil de la copie scolaire, optant pour un départ lent, décharné; ce n’est que lorsqu' éclate le refrain qu’on fait le lien. Beau boulot. Dommage que le single ne compte pas un troisième titre. Malgré la qualité de la musique subsiste chez moi une légère ombre, une vague impression que le combo ne gère pas encore à 100% cette orientation musclée, comme s’il forçait encore la donne. D’ailleurs, s’agit-il bien de cela ou expérimentait-il une approche plus brute ? Subsiste un léger goût de fin ouverte pas dérangeant mais avec point d’interrogation quand même. Patience, enfants du sombre, tout ne fonce pas toujours aussi vite qu’on ne le croit à notre époque; c’est comme à la pêche, l’attente confère sa qualité à la prise. Paraît-il.