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The Incredible String Band › The Hangman's Beautiful Daughter

  • 1968 • Elektra EUKS 7258 • 1 LP 33 tours

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Membre Note Date
taliesin      jeudi 18 février 2021 - 17:42
Ultimex      jeudi 12 mai 2022 - 15:26
Dariev Stands      mercredi 17 février 2021 - 15:15
Tallis      mercredi 17 février 2021 - 19:17

lp • 10 titres • 49:51 min

  • 1Koeeoaddi There
  • 2The Minotaur's Song
  • 3Witches Hat
  • 4A Very Cellular Song
  • 5Mercy I Cry City
  • 6Waltz Of The New Moon
  • 7The Water Song
  • 8Three Is A Green Crown
  • 9Swift As The Wind
  • 10Nightfall

informations

Sound Techniques, Londres, Décembre 1967 - Produit par Joe Boyd

Tout comme pour l'album précédent, il existe un pressage mono, que je n'ai pas écouté.

line up

Robin Williamson (chant, guitare, gimbri, penny whistle ou flûte irlandaise, percussion, flûte de pan, piano, oud, mandoline, gimbarde, chahanai, harpe d'eau, harmonica), Mike Heron (chant, sitar, orgue Hammond, guitare,dulcimer à marteaux, clavecin)

Musiciens additionnels : Judy Dyble (vocaux sur "The Minotaur's Song"), Richard Thompson (vocaux sur "The Minotaur's Song"), Dolly Collins (flûte, orgue,piano), David Snell (harpe), Licorice McKechnie (chant, sagattes)

chronique

  • acid folk > scotland-borobudur crossroad

Attention, album unique, sommet de raffinement aux effluves baba-cool (mais le concept de baba naîtra après), à ne pas mettre entre toutes les grosses pattes. Difficile de trouver plus culte et célébré comme un trésor caché à réécouter infiniment que ce troisième Incredible String Band. Et pourtant, loin d’être un pensum intello ou labyrinthique (ce que seront, parfois, leurs albums ultérieurs), c’est un album qui se donne, généreusement et avec le sourire, du moins dans sa face A, celle éclairée par le soleil.

Koeeoaddi There, qui se charge de nous accueillir dans le domaine, annonce la profondeur accrue et la dimension délicieusement plus cérébrale de cette 3ème offrande. On pourrait facilement y voir un cousin imaginaire de Syd Barrett, perché sur son muret d’où il observe une galerie de personnages qu’il nous décrit avec la prose la plus ordinaire… Mais c’est comme si leur étrangeté à notre monde émanait malgré tout à travers ce mur de mousse et de basalte. C’est le titre le plus mystérieux du groupe, oscillant entre nursery rhyme, koan taoïste, et récit gigogne s’ouvrant sur une sérénade qui évoquera parfois la danse des féés gouttelettes de Tchaikovsky, version Fantasia… Avant de s’amuser comme un gamin à faire rimer « fish », « dish » et « wish » comme le fera Eric B. Une idée presque parfaite de la perfection. Ce qui est très fort, c’est que ces lentes volutes de mystères ne s’évaporent pas tout à fait sur la chanson suivante, la plaisantine Minotaur’s Song, où une sorte de Eric Idle parade comme un coq, tandis que derrière, une cohorte de bonnes sœurs répète ses paroles dans un vestibule glacial. Est-ce ce piano, est-ce la mélodie à l’humeur inclassable ? L’énigme subsiste, même si l’on se marre, et la jonction est opérée avec Witches Hat, où l’apôtre Robin, d’humeur plus médiévale que jamais, s’imagine réincarné en chapeau de sorcière. Est-ce à dire qu’une autre écossaise, habituée des Cafés, a écouté ce disque... ? Et c’est presque l’air de rien que s’installe A Very Cellular Song, ritournelle amicale qui déplie ses 12 minutes comme le va-nu-pieds qu’était Heron, revenu des marchés puniques, où des talismans changeaient de mains pour 2 dirhams, entre deux rangées d’orangers ployant sous leurs fruits. Qu’importe si 4 ou 5 chansons sont imbriquées ici façon oignon, personne ne s’en plaint quand la grâce est omniprésente, jusque dans les tintements de ce clavecin trop martelé, dans les bêlements stridents de ce kazoo idiot heureux, et toujours ce piano… Jusqu’à ce passage qui traumatisera des générations d’auditeurs, où il semble être question des amibes, figurées par ce drone d’orgue aqueux… « oh, here we go slithering… » (JK Rowling, encore vous). Tout ceci se donne directement, mais en vérité, ne se consume que mieux soir après soir, longtemps, dans une intimité assez restreinte, tel un bâton d’encens vieux de quelques siècles.

En cette époque où toute la pop regarde avidement vers le futur, qu’on imagine technologique, surtout en Angleterre, Williamson & Heron rêvent éveillés du passé. Un passé idéalisé, glorieusement imaginé en Asie, tout enluminé de ses splendeurs et de sa sagesse enfantine et ancestrale à la fois. La logique de l’époque aurait voulu que les deux compères foncent un cran plus loin dans la pop de chambre, dans cette influence Donovan qui était si incontournable sur « Mad Hatter’s Song » et « Painting Box », voire qu’ils intègrent la chanteuse Licorice comme troisième membre et achèvent de céder au charme hippie des étés de l’amour. Seulement voilà, les hivers sont enchanteurs et longs, là-haut, dans les terres hautes d’Écosse… On y cultive patience, tiroirs et charades sans fin, billevesées du cosmos qui dansent sur le fil de la plus secrète et profonde compréhension – où de la farce sophistiquée et cryptique Monty Pythonesque. En vérité, les instruments exotiques, omniprésents et maîtrisés à merveille sur 5000 Layers (comme domptés par un Brian Jones qui aurait achevé sa mue) sont encore bien là … Mais il y a ce je ne sais quoi de moins fleuri que sur le précédent, comme si la très grande sagesse de l’hiver lui-même, colosse perpétuellement identique avec sa barbe blanche, avait soufflé au duo que la réponse était dans une forme de silence, de recueillement athée mais pas moins en adoration. Il y a cette respiration qui permet plus que jamais à la musique de nous parler avec sollicitude et humilité, comme un poète revenu d’un tour du monde qui n’aurait qu’à sourire pour laisser désirer encore plus de ses histoires des antipodes et des tréfonds du temps.

La nuit est longue, et l’hiver encore plus : c’est ce que semble dire cette face B un peu exacerbée et parfois exaspérante (ce qu’annonçait la trop longue coda de A Very Cellular Song, et qui fait manquer le 6 à cet album). Il faut bien s’occuper au grenier, au fin fond de l’écosse : « Pour ton propre bien, il faut que tu arrêtes d’imaginer tout ça, pourquoi tu ne vas pas jouer en bas avec les autres »… Du merveilleux Waltz Of A New Moon à Swift As The Wind, il est permis de trouver les hululements barbichus un poil trop emportés, mais en même temps, on devine que ce sont ces titres plus abscons (aaah, Water Song et ses bruits de noria dans une oasis d’Égypte, ramenées comme en baluchon de peau de chèvre), imitant parfois avec une vénération béate les Pandits, les maîtres-chanteurs traditionnels d’Inde (3 Is a Green Crown), qui ont le plus marqués la génération des babas anglais. Qu’est ce que c’est que cette musique, que cette humeur, qu’est ce qu’ils ont pris ? L’ambiance reste indescriptible. Ça crypte, ça plane, ça en pince pour de la corde sympathique, ça sympathise avec l’orient façon Facteur Cheval, ça religionne, ça s’alanguit, ça poétise plus que jamais… Il y a vraiment la sensation que ces types ont été en Asie et veulent en faire ressentir toute l’atmosphère lourde, dorée et immuable aux pauvres harassés Européens.

Il y a toujours un moment où la magie pointe son nez, parfois au bout de plusieurs minutes de circonvolutions (le reflux méditatif de 3 Is A Green Crown), comme sur les tintements aigus de Nightfall, qui vient annoncer les ultimes frimas avant le printemps avec une infinie délicatesse, comme si la musique racontait les motifs en fractale du 13 000 ème flocon de neige à s’écraser-là, sur l’antique carreau de vitre, où votre arrière-grand père avait déjà barbouillé sa buée… « If you’ll answer this riddle, you’ll never begin… »

note       Publiée le mercredi 17 février 2021

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    space_ritual Envoyez un message privé àspace_ritual

    Pour moi c'est Swift as the Wind

    Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

    je ne connais pas encore ce skeud, ah quel oubli... Par contre les couches de l'oignon je les ai bien arpenté. Oubliez pas de lire le Seasons they change de Jeanette Leech, bouquin sur le développement de la folk psyché des années 50 à 00's.

    taliesin Envoyez un message privé àtaliesin

    Une référence pour David Tibet - c'est par C93 que j'ai connu ce groupe et cet album - et en effet, la pochette... ;-)

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    Tallis Envoyez un message privé àTallis

    Un peu pareil. Un univers vraiment particulier dans lequel je n'arrive pas à entrer tout à fait...

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    Shelleyan Envoyez un message privé àShelleyan
    avatar

    Le seul que j'aie possédé mais purée, c'est vraiment pas évident...Une musique vraiment spéciale, jamais confortable, ni dans les sons, ni dans les mélodies, ni les ambiances...Revendu (si ça se trouve, je le rachèterai dans 3 ans)...C'est pas la qualité du groupe qui est mise en cause, c'est mes oreilles qui sont peu préparées.