Voici le premier album satanique que j'ai possédé. Car je n'ai point découvert la musique du cornu par le metal, mais par la techno. La techno allemande hispanophone et hexakosioihexekontahexaphile, pour être plus exact. Acheté à peu près au même moment que Homework, ce premier Six-Cent-Soixante-Six se révéla tout aussi débile mais plus dark pour mes mauvais goûts naissants, et tourna beaucoup plus souvent. Il fait remonter le souvenir douloureux de mon premier Tamagotchi, mort de malnutrition. Du collier stretch imitation tatouage de Jess, cette allumeuse pseudo-gothique au carré plongeant et à la libido angoissante. De son futur inséminateur par défaut Kévin, rôdant comme une menace bardée de stickers publicitaires dans sa Fiat Punto tunée, garnie de woofers capables de vaporiser un chevreuil bien nourri à plus de cinq-cent mètres, et qui a sûrement fait watter ce disque plusieurs fois entre un Sash! et un Alice Deejay, avant de finir sa dernière course contre platane. Cet album est-il Le Mal ? Il l'est. Il l'est... Un peu comme Venom, un peu comme Deicide ; mais cette fois avec Anton LaVey joué par un Antonio Banderas qui carbure au Get-Perrier, et veut convertir des nanas en top fluorescent mouvant leur body comme sur une pochette de Dance Machine. Satan déboule sur la piste, avec une voix burnée, avec de la réverb', et avec des sons qui font pip-pip-tut-tut-pouet-pouet et clignotent de partout. Jess la diablesse porte des cornes qui clignotent elles aussi, et se trémousse comme une succube de Fun Radio, en moulinant de sa fourche gonflable sur des beats jupe à rave le bonbon, attirant à elle les dalleux du dancefloor, émoustillés par tant d'interdit... Les voies du démon sont pénétrables. Mon cortex l'était lui aussi, à la sortie. Encore perméable aux découvertes sans frontières et interdit de boîte de nuit, il fantasma une cathédrale-club, et fut impressionné par ces spoken words inquisiteurs du DJ, encore plus badass que ceux de Snap. Il vit des polygones à queue fourchue sautiller sur des géodésiques enflammées, imprima à jamais les tubes acid-stridents "Alarma" avec son alarme-pet de baudruche et son aspirateur à main, "Amokk" et son sample Titanic-discount, et tous ces petits sons ridicules mais entraînants, ces aigus qui pulsent et ces basses qui bouncent. Oui. J'ai tripé comme un malade sur "El Fuego" et son break 6,66-bit, reçu comme une loi suprême les injonction burnées du DJ-Démon sur la mortellement accrocheuse "La Vasca se mueve", avec cette voix virilement ténébreuse, frémi avec les anges déchus sur "I'm Your Nitemare", kiffé l'électrostimulation fitness de mes lobulus auriculae sur ce "Paradoxx" plus con que ce "Du Hast" d'autres teutons fripons, ou ce "Diablo" aussi sinistre que le jeu s'ils l'avaient sorti en version Game Boy... En somme, exploré les différents cercles de l'Enfer comme s'ils étaient la chenille de l'Himalaya, les auto-tamponneuses, ou la pince à peluches, glissant toujours sur la peluche qui jamais ne tombera où il faut, comme mon cortex qui glisse de sa nostalgie impuissante sur ses sons du passé, qui plus jamais ne découvrira ce plaisir primordial de l'écoute de 666, et aura perdu des neurones à jamais sur cette musique abrutissante, avant de vous parvenir sur cet écran brillant dégoûtant... Ne me jugez pas, acceptez-moi tel que je suis, en sachant d'où je viens. Puisque Dieu vomit les tièdes, j'imagine que Satan les avale... La note sera neutre. 3 fois 6, divisé par la racine cornue de mon adolescence pourrie moins mon diabolo fraise, égale 3 sur 6.