Anthrax › Fistful of Metal

Je ne possède que deux Anthrax : Sound of White Noise et celui-ci. Je m'en bats les reins avec des moufles en daim qu'il existe des albums plus intéressants dans leur discographie, j'ai la version vieillie en fût de groove d'Anthrax et j'ai celle-ci, la version brute d'alambic ! D'ac'OK, cette pochette est ce qu'elle est... Mais elle marque plus la rétine qu'aucune autre du groupe, et est aussi satisfaisante que la scène de Jean-Claude Dusse qui, à défaut de conclure, plante son bâton dans l'vieux con ! Et ce skeud approxim'hâtif est bien dans cet esprit d'expression directe. C'est avec deux morceaux que j'ai découvert Anthrax, sur une compile Mega Metal : "Deathrider" et "Metal Thrashing Ma(aaaaaaaaaaaaaaaaa)d". Deux titres ultimes. Anthrax qui déboulent furax sur Mega Force, et qui à défaut d'avoir un chanteur de la trempe de John motherfuckin' Bush, sont à l'aise comme des piranhas dans leur bocal de pilsner... Hein, Belladoquoi ? Anthrax n'ont eu qu'un chanteur en 2D, dans leur période acnéique : Neil Turbin. Nom intéressant, et plutôt pas mal porté. Strident, le Neil. Ah ça, de l'aigu y en avait chez Anthrax comparé aux autres du Gros Quatre ! Si vous craignez les vocalises type "castration simultanée", passez votre chemin ! Les jeunes Anthrax avaient moins bouffé de Venom que les morveux Slayer, et moins de Motörhead et de Queen que les minots Metallica, mais ils étaient tout aussi rock'n'roll à leur façon. Leur sauce ? Un rejeton loubard new-yorkais de Judas Priest. Fistful of Metal sue l'hormone en fusion par toutes les pores, le speed en guenilles et gants cloutés qui encugule la punkette. Trop jeune et mal dégrossi ouaip, et qui l'assume et l'affirme haut et fort jusque dans sa reprise de "I'm eighteen" - au risque de sonner comme du Kiss survitaminé ("Death From Above"). Les guitares sont surannées à souhait, mais crissent avec délice. Vous voulez du riff et du solo énergique ? Hangar blindé, service à volonté. Merci de jeter vos emballages dans la nature. Y a de la mélodie pour les sophistiqués qui en veulent ("Panic"), mais toujours à portée de grimace... Les griffes de la jeunesse, avec des boutons blancs comme autant de mines antipersonnel. Fitsful of Metal maîtrise les préceptes du caniveau et vous déchire des shorts à mi-cuisse dans vos vieux jeans. Aussi bon que Kill'em All ou Show no Mercy ? Certes non. Mais une définition du speed-thrash acide, plus captivante que tous ces revivals musclés et qui, dans toute sa sa verdeur glorieuse et sa fougue fébrile, nous rappelle ce que doit être le bon vieux thrash des familles : une musique de puceaux armés jusqu'aux dents.