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Borgne › [∞]

cd • 8 titres • 62:02 min

  • 1La Porte du Chaos7:17
  • 2Peu Importe Si Elle M’Aura Aveuglé7:12
  • 3Un Temps Périt6:03
  • 4Comme Si Ça S’Arrêtera… - Stone10:20
  • 5I Tear Apart My Blackened Wings Pt.19:02
  • 6I Tear Apart My Blackened Wings Pt.2 - Sun8:04
  • 7Mis à Mort Mis à Nu6:59
  • 8Chuter7:05

informations

Enregistré et mixé par Bornyhake au Chaos Studio. Masterisé par Raphaël Bovey au MyRoom Studio.

Pochette : Lab-o-cult. Illustrations du livret : Tryfar. Photo du groupe : Manon. Maquillage : Sarah. Montage graphique : Photophobia. La version CD est un digipack à six volets. Une version du (double) LP a été pressée sur vinyle blanc, à cent exemplaires.

line up

Bornyhake (voix, cordes, électronique, claviers, percussions, piano), Lady Kaos (claviers)

Musiciens additionnels : Élixir (outro su 3), Cyrielle Formaz (voix sur 3), La Dgenâtche (cris sur 6), Raphaël Bovey (samples additionnels)

chronique

Toujours cette quête… Revenu du Règne des Morts – le dernier de la trilogie précédente – Bornyhake vise l’Infinie. Le signe, le 8 couché, se détachant sur le front d’un crâne qui, lui-même, semble se dessiner aux contours d’une constellation…

Cette fois-ci – hormis les deux parties d’I Tear Appart My Blackened Wings – Borgne chante, déclame surtout en français. C’est à partir de là, peut-être, que nombre de francophones lâchent l’affaire, que pour eux ça devient trop « méta », le verbe gênant à force d’énonciation littérale et pourtant emportée, grandiloquente… Eh bien : pas moi, je dois dire. D’accord : ça surprend, au départ. D’accord : la bizarrerie de certaines tournures, les concordances cassées, peuvent gripper (« peu importe si elle m’aura aveuglé », « comme si ça s’arrêtera »…). Oui, aussi : Bornyhake parle de parler – glose sur le Verbe. Mais enfin : autant, plus que jamais avant, j’entends surtout là que le type, ainsi, part au bout de son idée, mène au plus loin qu’il peut son « trip » exploratoire – au bout d’une nuit où « eux seuls qui vivent dans le noir » peuvent voir au-delà des « couleurs ternes » telles que perçues par « ceux qui espèrent »… Vous trouvez ça « émo » ? Ça l’est ! Éhontément, même. Totalement investi dans son objet, son propos – se refusant au cynisme, à une forme de recul qui tiendrait de l’autocensure, qui limiterait l’expression. D’où ces survenues de voix « lyriques » féminines rêveuses au milieu des bouffées de gris-noir, qui cueillent tant elles affleurent sans chercher à voiler, qui touchent parce qu’on n’y soupçonne pas (en tout cas moi) qu’elles veuillent jouer le contraste grotesque, qu’il veuille les polluer. D’où ces séquences quasi new-wave, synth-pop, cold-wave feutrée – sur le suivant ce sera « pire », encore plus marqué, ça tirera sans vergogne jusqu’au Depeche Mode circa Music for the Masses, Violator, Songs of Faith and Devotion… D’où, déjà ici, quand Borgne retourne abruptement aux riffs d’un black à la découpe mélodique bien nette mais à la texture dégueulassée dans la masse (Comme si… encore), l’impression de se prendre d’autant plus ce mur, cette déferlante abrasive qui happe pour nous jeter… Où, au juste ? Eh bien encore une fois : dans ce cosmos sans l’illusion qu’on pourrait y survivre, qu’on pourrait y faire volte-face et recommencer – effacer les « mauvais calculs », comme il dit, une fois parvenu à la Porte du Chaos. Non… Mais là on VOIT. On sait enfin ce qui a, où ça a, où on a merdé. On est face à soi – et à… Tout, enfin. Pas d’espoir, donc, et rien qui puisse se refaire. Mais de là… Partir où on voudra. Agir enfin décillé, se délester de tout poids qui n’est pas cette vie même – fût-elle démise, fracturée – et trouver sa vitesse. Alors… « Stone » : et la batterie (boîte à rythmes ?) s’emballe, se cale en une espèce de beat techno – de hangar, glacé, salement matériel, et qui bascule encore, pivote les repères.

Oui : Bornyhake est sacrément « parti » – maître de ses moyens d’avant (les riffs en trémolo black, donc, les ambiances heavy épiques mais défaites, les plombages « indus » qui viennent durcir et concasser tout ça…), sûr de ses moyens nouveaux (ces lignes de chant « waveuses » disais-je, cette langue natale comme réappropriée – ces mots que d’aucuns jugeront naïfs ou prétentieux, qui le sont peut-être ; que moi, encore une fois, j’entends surtout comme des « frappes directes », une mise à nu – Mis à Mort Mis à Nu dit l’avant-dernier titre – qui tient moins de l’exhibitionnisme ramenard que l’expression la plus brute, la plus crue possible, la moins déguisée). Je trouve que c’est encore autre chose – que c’est ailleurs, même si cohérent avec – que ses précédentes « phases » (la trilogie Entraves de l’Âme/Royaume des Ombres/Règnes des Morts déjà évoquée, les albums « à numéros » des débuts avec leur côté de moins en moins « bricolé » mais leur facture toujours « artisanale », de volume en volume). Je trouve qu’il fait bien – parce qu’il nous y emmène. Je crois qu’il a raison – puisqu’il a les siennes, la sienne – d’oser ce chant clair presque mal assuré, à la fin d’I Tear Appart (deuxième partie). D’enchaîner sans palier de re-compression sur la percée rectiligne dans le dur, machinique, de Mis à Mort… – tempo en surchauffe mais rythme desséché, asséché, guitares qui sonnent par passages comme des samples – en sont sans doute…

Voilà : Borgne m’a encore perdu, égaré, au début de ce nouveau chapitre – entame d’un nouveau cycle ? J’ai encore pensé, les premiers coups, qu’il faisait « trop », cette fois, que ce coup j’allais lâcher l’affaire. Non : y revenant, au bout, je m’y suis retrouvé – enfin : j’ai retrouvé ce que j’aime dans sa musique, encore différemment, à nouveau transformé, toujours tellement reconnaissable, la substance toujours tenue. J’ai attendu la suite… A l’image d’après, il y a eu, il y aura, il y aurait une COULEUR – émergeant en surface.

note       Publiée le mardi 19 janvier 2021

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    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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    Tiens, il vient d'en sortir un nouveau... Temps Morts, s'appelle. Et ça démarre très métalindus (canal nineties, y'a du Nine Inch Nails des débuts et cie. je trouve, dans ce son, à première écoute. Du Young Gods, aussi, et puis du heu, Treponem Pal ? Bah des trucs du style, oui. "En plus BM" au moins pour ce qui est de la voix, oui. Et puis ce coup principalement en anglais, il semble).

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    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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    Bah après moi je m'y suis fait, donc... Et Lausanne, à priori le mec doit être francophone, même si variante "dialectales" ou quoi. Et c'est pas non-plus du français-bizarre à la Young Gods ! (Dont ceci-dit les textes m'ont toujours causé précisément pour cette étrangeté en partie, hein, c'est justement pas la même chose). Mais oui.. Je comprends que ça puisse rayer durablement certaines oreilles, bloquer façon "non y'a vraiment pas moyen".

    Bon, à ce train je pense que je finirai par vous causer un jour de certains Québécois (non... pas Foreteresse) et de leurs paroles euh, prophéto-rôlesques ! Des/un gens à qui je trouve décidément des connections (disons estéthiques) avec le ci-présent Helvète.

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    yog sothoth Envoyez un message privé àyog sothoth
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    En phase avec la chro, je suis Borgne avec intérêt parce que musicalement, ca fonctionne toujours, que son évolution est intéressante... mais les calembours ("Un temps périt"...) et les tournures... euh... chaloupées que tu mentionnes, sur le français où on tilte plus facilement, ca pique un peu, quand bien même ca doit aussi être assez courant chez les anglo/germano/nordo/(etc.)-métalleux.

    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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    Ah, je t'avoue n'avoir pas suivi le sketch sur le benightskull... J'irai voir si je trouve ça demain, pas la foi pour, juste là.

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    Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

    et forcément en voyant la pochette de ce Borgne il faut que je pense au Benighted et aux blagues gutsiennes sur son artwork...

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