Кино, c’est simple, retour aux sources mais le disque est également connu sous le nom de ‘Чёрный альбом’ soit ‘l’album noir’ en raison de sa pochette mais aussi du fait qu’il soit sorti à titre posthume. Été 1990, Viktor se tue au volant de sa voiture, échappant de peu à la malédiction du club 27. Il avait terminé les parties vocales et devait rejoindre le groupe pour l’enregistrement de la musique que ses comparses devront finir sans lui avant de splitter. Face à une personnalité aussi populaire que Tsoi, nombre de rumeurs et légendes ont bien sûr couru autour de cette ultime production, certains allant jusqu’à prétendre qu’il aurait de toute manière constitué l’ultime opus pour le combo. Nous ne le saurons jamais. Une chose est sûre, il n’est pas aussi plombé que son prédécesseur et renoue avec la cold wave/new wave dynamique plus typique avec des mélodies soignées, presque enjouées parfois (‘Звезда’), sauf que rien n’est jamais vraiment enjoué au royaume de Кино…Il inclut de fort belle pièces telles que ‘Кончится Лето’ au titre tragiquement prémonitoire (‘L’été est fini’), dans un style évoquant parfois une version soviétique des Smiths, avec quelques bribes de Cure (certaines guitares un peu grises), Nits et New Order éparpillées dans le tout. Le groupe affectionne sa rythmique sèche (due probablement à l’usage du Yamaha RX-5 et de percussions électroniques à la base, d’où une frappe directe peu riche en roulements de toms), les guitares suivant une inclinaison automnale avec de brefs éclats plus électriques, le chant de Tsoi faisant le reste. Le combo avait définitivement trouvé sa formule tout en la faisant varier sur presque chaque disque. Les ultimes sorties dégagent forcément une forme d’aura presque sacrée; ‘Кино’ n’est pas le meilleur essai pour nos Russes mais il est clair qu’il est bon et leur permet, sans doute forcés et contraints, de tirer la révérence au sommet de leur art. A noter deux bonus, dont une courte pièce mélancolique acoustique (35 secondes) où la voix de Viktor est nappée d'un étrange halo, comme s'il s'adressait à nous d'outre-tombe...