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Olivier Messiaen (1908-1992) › Quatuor pour la fin du temps
- 1983 • Erato 4707 917 CB-2 • 1 CD
9 titres - 67:32 min
- Quatuor pour la fin du temps (1-8)
- 1/ Liturgie de cristal
- 2/ Vocalise, pour l’ange qui annonce la fin du temps
- 3/ Abîme des oiseaux
- 4/ Intermède
- 5/ Louange à l’éternité de jésus
- 6/ Danse de la fureur, pour les sept trompettes
- 7/ Fouillis d’arcs-en-ciel, pour l’ange qui annonce la fin du temps
- 8/ Louange à l’immortalité de jésus
- 9/ Cinq rechants, pour douze parties vocales réelles.
line up
Guy Deplus (clarinette), Huguette Fernandez (violon), Guy Deplus (clarinette), Jacques Neilz (violoncelle), Marie-Madeleine Petit (piano) ; cinq rechants : solistes des choeurs de l’O.R.T.F, Marcel Couraud.
remarques
Mise à part cette merveilleuse version (d'ailleurs rééditée en collection économique "le voyage musicale"), qui allie austérité de jeu et sensualité sonore, les versions de Vera Bets, Georges Pieterson, Anner Bijlsma et Reinbert de Leuw (Phillips), ou de Myung Whun-Chung, Gil Shaham, Tian Wang et Paul Meyer (DG) sont particulièrement remarquables.
chronique
- Styles
- musique classique
- Styles personnels
- musique de chambre-xxième siècle/contemp
Si ce «quatuor pour la fin du temps» est une des partitions les plus accessibles du grand Olivier Messiaen, c’est aussi, à mon sens, une de ses plus douloureuses, tendues… pénétrantes. Loin, très loin du quatuor à cordes, piano, clarinette, violon et violoncelle ne semblent pas jouer, à peine chantent-ils… non : ils parlent. La science du compositeur et le choix de ses divers systèmes d’expression, propres à chaque instrument, rendent chacun de ceux-ci si distinct l’un de l’autre qu’ils semblent souvent s’opposer, se répondre, voire se cabrer. A l’arrivée, la richesse de couleurs et de textures, la densité de l’œuvre dépasse bon nombre de travaux pour plus vaste effectif. Les mélodies sont dissonantes, souvent difficiles et les rythmes sur lesquelles elles se déroulent extrêmement audacieux. Accès, coups brutaux, silences interminables, lenteurs tirées… les instruments se tournent autour, parfois sourds les uns aux autres. Messiaen joue sur les rencontres. Il y a dans ces huit pièces qui composent l’œuvre des duos, des trios, des quatuors… en passant par l’extraordinaire «abîme des oiseaux» pour clarinette seule : l’instrument s’y révèle comme jamais, part du silence, s’élève avec lenteur et tension, piaille… l’oreille reste fascinée par la rondeur de la note qui se déploie, son épaisseur, la finesse de sa ligne, son galbe mélodique laborieusement exprimé. Tout au long de cette œuvre majeure, on entendra le piano comme des éclats de verre, le violoncelle comme une rumeur profonde et expressive toujours en retrait noble, la clarinette et le violon comme les deux enfants turbulents qui courent et crient. Dans le duo «louange à l’éternité de Jesus», le piano marque pendulairement l’accord, tandis que le violon se plaint avec lenteur, étirant sa note jusqu’au bout avant d’aller chercher la suivante, morne, touchante, inquiétante ou simplement mélancolique. Messiaen suspend le temps, le reprend, le malmène par des accès rythmiques et «cacophoniques», dessine les cieux à l’aide des couleurs d’un piano aux aigus d’eau et de cristal. Cette partition extraordinaire nous invite à aller au plus profond des choses qui nous sont dites, des coups d’archets donnés, des saillies stupéfiantes d’une clarinette multiple, tour à tour délicate ou violente. Les mélodies cassées et surprenantes, la «danse de la fureur», déséquilibrée et éprouvante, le «Fouillis d’arcs-en-ciel…», il y a dans ses cinquante sublimes minutes tout l’art d’un des très grands maîtres du XXième siècle. Inspirée de l’Apocalypse de Saint-Jean, écrite en 1941 alors que le compositeur est en captivité, elle cherche à s’extraire des lois physiques, elle cherche à supprimer la matière, et la linéarité du temps. Elle cherche à se soustraire à la contrainte… une œuvre sombre et douloureuse, mais une œuvre de liberté.
note Publiée le mercredi 4 septembre 2002
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- bubble › Envoyez un message privé àbubble
abolition de la mesure dans le ressentit .. bien sure que c'est très écrit . j'ai les partoches de ce quatuor aussi ( je l'ai joué au piano ) .. quatuor pour la fin DU temps et non fin DES temps ..
- Alfred le Pingouin › Envoyez un message privé àAlfred le Pingouin
"Abolition de la mesure"? Ouuuh t'y vas fort... Vraiment je sens des trucs très très écrits, tu les sens vraiment les métriques à la réécoute, je conçois que la première fois c'est costaud mais bon... (après je dis ça je triche un peu j'ai suivi plusieurs fois ses pièces avec partition sous les yeux)
- bubble › Envoyez un message privé àbubble
chez stravinsky ( sacre , les noces etc ..) on compte encore bien les mesures chez messiaen ça devient beaucoup plus difficile .. quasi abolition de la mesure...fin DU temps. perso ce quatuor me fait plus penser au travaux de Bartok qu'a strav mais ce ce tiens ...
- Alfred le Pingouin › Envoyez un message privé àAlfred le Pingouin
Sûr qu'il y a un rapport: Stravinski, grosse influence revendiquée par Vander et par Messiaen.
- Sirius › Envoyez un message privé àSirius
Ne connaissant aucun des travaux de Messiaen, je suis tombé par hasard à la radio sur la "Danse de la fureur", et la première chose à laquelle j'ai pensé c'est : "zeuhl". Ces rythmes saccadés, ces notes qui rebondissent et ces thèmes qui tournent, ça m'a évoqué aussi bien Magma que Chrome Hoof (en extrapolant). Va falloir que je creuse ça.