Throane › Une balle dans le pied

Hmm. C’est avec cet EP que ça devient sérieusement emmerdant d’évaluer Throane. On constate bien sûr qu’on est devant une belle pièce de post-black, nettement surnageante dans le torrent des sorties oubliables qui pullulent, par exemple, sur la chaîne OdiumNostrum. « Un des meilleurs morceaux de Throane à ce jour », comme on le claironne un peu partout ? Le problème, c’est qu’il sort après 3 années d’absence et deux albums qui ont déjà épuisé pas mal d’idées, et qu’il donne surtout l’impression d’entendre un medley des meilleurs passages tirés des essais précédents. Muni d’une excellente production à la PMM (Plus une main à mordre), cet EP met en valeur une batterie qui ose se faire un peu plus folle qu’avant (sur les roulements du premier interlude, ou dans le chaos des parties finales). Mais le potentiel qu’avait ouvert l’apparition de la basse sur PMM n’est pas exploité, et les riffs sont identiques à ce qu’ils furent toujours. Dehn Sora nous étale toute sa panoplie du bon blut-aus-nordien, il nous fait le coup de l’accord lourd sur lequel s’égrènent trois petites dissonances, le coup du riff qui fait plusieurs à-coups hurlants dans le silence avant de démarrer vraiment, le coup des vilains tremolo qui montent dans les aigus. Tout cela est bien exécuté, bien pensé, bien ficelé, on retrouve le riff d’intro sous une autre forme à la fin, voilà, mais l’impression de déjà-entendu prend ici le dessus, du moins quand on s’est déjà bien rincé les oreilles avec les précédents. Alors oui, la note est vache, mais il se pourrait que cet EP place Throane à la croisée des chemins : sera-t-il la clôture d’une période, l’aboutissement d’une formule usée jusqu’à l’os, avant l’ouverture de nouveaux horizons ? Ou le premier élément d’une discographie caractérisée par l’éternel retour des mêmes tics de composition et de riffing ? « Une balle dans le pied » : peut-être bien que c’en est une. La suite nous le dira.