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Queen › Queen II

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Dariev Stands      mardi 8 décembre 2020 - 14:06
zugal21      mercredi 15 novembre 2023 - 06:16
Int      mercredi 18 janvier 2023 - 21:51
Ultimex      lundi 23 mai 2022 - 15:43
torquemada      mardi 16 novembre 2021 - 21:55
GrahamBondSwing      jeudi 21 janvier 2021 - 15:41
Coltranophile      jeudi 17 décembre 2020 - 15:59
SEN      mardi 8 décembre 2020 - 14:38
Raven      mardi 8 décembre 2020 - 14:06
Nicko      mercredi 9 décembre 2020 - 09:57
Dead26      mardi 8 décembre 2020 - 20:09
taliesin      mardi 8 décembre 2020 - 14:24
Klarinetthor      mardi 8 décembre 2020 - 21:04

lp • 11 titres • 40:42 min

  • Side White
  • 1Procession
  • 2Father To Son
  • 3White Queen (As It Began)
  • 4Some Day One Day
  • 5The Loser In The End
  • Side Black
  • 6Ogre Battle
  • 7The Fairy Feller's Master-Stroke
  • 8Nevermore
  • 9The March Of The Black Queen
  • 10Funny How Love Is
  • 11Seven Seas Of Rhye

informations

Aout 1973 aux Trident Studios - Produit par Roy Thomas Baker et Robin Cable (sur la 8, 9 et 10) - Ingé-son : Mike Stone

line up

Brian May (guitare, chœurs, guitare acoustique sur la 2 à 5 et sur la 10, chant lead sur la 4, cloches sur la 9, piano et orgue sur la 2), Freddie Mercury (chant lead sur les 2, 3, et 6 à 11, chœurs, piano sur la 2 et 7 à 11, clavecin sur la 7), Roger Meddows-Taylor (batterie sur tous les titres sauf la 8, choeurs, chant lead sur la 5, gong sur la 3 et la 6, marimba sur la 5, tambourin sur la 2 et la 11), John Deacon (basse sur tous les titres sauf la 1, guitare acoustique sur la 2)

Musiciens additionnels : Roy Thomas Baker (castagnettes sur la 7, stylophone sur la 11)

chronique

  • virginal-cossu outrepassant le chapelet

Et c’est ainsi, au son de cette guitare méconnaissable, entre cornemuse et trompette en sourdine, que démarre la période de frénésie créatrice de Queen, qui durera jusqu’en 1977 et pendant laquelle ils sont sans l’ombre d’une contestation possible (ce n’est plus les 60’s) le meilleur groupe du monde. Led Zep ? Leur pic est avant. Bowie ? Plutôt avant et après. Gentle Giant, Amon Düül II, Stevie Wonder ? Ils font aussi forts dans leurs genres respectifs, mais pas mieux. Personne ne fait mieux. Voilà, maintenant que j’ai dit mon truc et que vous n’êtes pas d’accord, puisons si vous le voulez bien dans l’extraordinaire réservoir à images que constitue Queen II, alias l’album tactical-RPG de Queen, ancêtre de tout ce que le metal (prog ou non) a engendré de groupes champêtres et héroïc-fantasy, et il y en a un paquet, de Opeth à X-Japan en passant par Enslaved. « Procession » est la bande-son minimale d’une cérémonie d’adoubement au pied d’un autel intime, non loin du bénitier sacerdotal : entendez le cœur qui bat du frêle escuyer qui s’apprête à devenir preux chevalier, sentez son humilité face à l’épée qui se pose sur son épaule, recevez la lumière blafarde, perçant le vitrail, qui vient soudain nimber son visage. "Par le truchement de cette guitare, je te fais six-cordiste". C’est un peu ce que May croit entendre de la voix de son daron, avec qui il a longuement forgé sa guitare Durandal… euh pardon Red Special dans l’atelier attenant à la demeure familiale. L’heure est venue pour toi de manier cette guitare, fiston… Fais-en bon usage, défend la veuve et l’orphelin, et botte-moi le cul de ces pillards viking de Led Zeppelin, sans parler de ces vandales de Who qui osent faire la guerre avec des synthétiseurs, engeance du malin, hérésie, iconoclastes !! May, sur cette Side White, est sérieux comme jamais. Trop sérieux pour faire du prog. Son truc, c’est désormais le hard épique, point. Déployer des trésors d’harmonies comme des châteaux forts juchés sur des rocs solides et charpentés dans le riff le plus pur. « White Queen », chanson d’amour platonique à la virginale blancheur, ne vous émouvra que certains jours, près du solstice d’hiver… Mais ces jours-là, vous verrez dans quelles profondeurs glacées May est allé chercher ces arpèges mélancoliques, ce solo toutes trompettes dehors (c’est plus subtil que des trompettes, vu qu’il s’agit toujours d’un seul et même instrument, la Red Special), cette ambiance venteuse et solitaire dans laquelle Mercury déambule comme une nymphe masculine, hésitant entre ange et pâtre saxon, entre résignation et espoir, entre garçon et fille… Si Queen a quelques liens avec le glam rock, ce n’est surtout pas par modernité mais par pudeur médiévale. Oui, cette sorte d’étrange pudeur qui n’a rien à voir avec la perfection des statues antiques, cette pudeur qui fait que toutes les figures humaines chez Jérôme Bosch & consorts ont tous l’air androgynes, asexués… Meilleure chanson sur l’amour non-consommé de tous les temps ? Peut-être… Après ça, il faut un peu respirer, s’octroyer une nécessaire récré avant le Side Black et son avalanche d’imprécations Mercurielles. Ce sera la presque-berceuse « Some Day One Day » (oui, un solo de guitare triplée pour s’endormir, ça peut paraître bizarre, mais on est comme ça chez les May), et surtout le bravache « The Loser In The End », ritournelle collégienne façon « regarde m’man, je joue de la batterie sans les mains ! Ding dong ! ». Quand le chat Mercury n’est pas là, les souris se délassent, mais je peux vous dire que ça va filer droit dès le début de la face B.

note       Publiée le mardi 8 décembre 2020

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chronique

  • side black > hard épique

« Sur le deuxième album, on s’est rendu compte que même si on tenait une formule, on n’était pas forcément obligés de la suivre. Donc on a essayé d’autres trucs. ». Quand il n’élude pas les questions par la défensive ou la pirouette, Mercury était le meilleur pour parler de son propre groupe. Queen II est précisément ça : l’album d’un groupe qui se découvre un son, mais décide de le corrompre par tous les moyens, de l’empilement de strates sonores à celui des breaks et ruptures, en passant par l’inclusion de piano préparé, de clavecin, de percussions et de compositions ultra-poppy et aériennes qui n’ont a priori, hem, rien à faire là. Le tout avec un sens mélodique qui évoque le moyen-âge timbré du Holy Grail des Monty Python.

Oui, la face B de Queen II est un labyrinthe, une colossale forêt de sapins hérissés de riffs cloutés, clous plantés par le marteau du plus efféminé des Thor : Roger Taylor, ici également préposé aux cris d’orfraie façon Patrick Juvet. C’est dans la rondeur de cet œuf Queenien que le bébé-monstre heavy metal avait commencé à naître. 1974 est aussi l’année du In For The Kill de Budgie, autre album qui se révèlerait très influent sur la NWOBHM. Sans en dépasser la classe inoxydable, cette Side Black en égale sans problème la frénésie bourrine et proto-speed metal – on est ici dans des sphères bien plus barrées et moins propres que le commun du heavy, d’ailleurs. Freddie, qui à ce stade n’est encore que la mascotte du groupe, porté à bout de riff par le noble chevalier Brian May de l’Astroriffière, a écouté aux portes de mon autre chronique et à juste retenu « botte-moi le cul », sans entendre la suite. Il écrit donc Ogre Battle, sorte de massacre à la hallebarde tolkienien qui empile les plans sans se soucier de la stabilité de l’édifice. Cette vision complètement pétée de la culture médiévale et chevaleresque va grandement inspirer les japonais (et pas que des musiciens), ayant eux même un élément déjà proto-surréaliste dans leur moyen-âge à eux (Yokaï, fantômes, etc…). On évitera de mettre ça sur le compte des origines « asiatiques » de Mercury, même si certaines paroles de « March of the Black Queen »… J’y viendrai.

Les liens avec ces univers fantasmés s’entendent encore plus quand le baroque-pop « The Fairy-Feller Master’s Stroke » émerge d’une gerbe de poudre à canon avec son maître-clavecin. C’est une charge ensorcelée, l’entrée des mages noirs sur le champ de bataille ! Ne vous moquez pas de leur petite gueule encapuchonnée, ça va invoquer du troll et du Behemoth… Et patatras, ils invoquent une porte vers l’outre-monde sans faire gaffe : le cas épineux « March of the Black Queen » ! Quand je vous parlais de Behemoth… Tous aux abris, chérie, j’ai agrandi le Freddie !! Le voilà proférant des ordres aux éléments, tel un Godzilla zanzibarien au zusteauscorps zippé zébré de noir et blanc à la Chaplin, tandis que la caméra zoome sur son piano dont les cordes déclenchent des tremblements de terres dans un Gotham City privé d’électricité, retour à la vapeur steampunk, chauffe marcel ! Cette chanson est un serpent marin dans l’œuvre de Queen, nécessitant à elle seule plus d’écoutes en faisant le bonsaï que le reste de leur disco, du moins pour y capter quoi que ce soit... On peut aussi se contenter de suivre les paroles aussi limpides que les eaux du Gange : « Water-babies singing in a lily pool delight / Blue powder monkeys, praying in the dead of night »… Merci, c’est très clair. Avec la musique, on penserait à un temple hindou envahi par les singes en train de prier, avant qu’on se rende compte qu’un « powder monkey » est un… enfant canonnier sur les bateaux ! ça y est on s’y perd ! Ne serait-ce pas une allusion du sieur Farrokh à l’époque où il traversait l’océan indien en bateau pour rallier son internat dans la montagne du Maharashtra ? Un bateau à voile et à vapeur, bien sûr. Mais je divague. Oui, March of the Black Queen, c’est une murène se tordant dans tous les sens pour arriver à passer par un dédale rocheux hérissé de virages renversant les notions de haut et de bas, puis surgissant tout à coup gueule ouverte dans un grand « DA-BA-DA-BA-DAAAAAH » de chœurs qu’un compositeur du XVIIIème siècle n’oserait pas mettre sur une partoche, même pour boucler la scène finale de son opéra-bouffe le plus boursouflé et grandiloquent. Et l’effet disque rayé au milieu, c’est gratuit. Mercury, qui a passé une bonne partie de sa vie à exiger que la planète entière et toutes les couches de la population comprennent sa musique du premier coup et l’adorent, cherchait ici à semer l’auditeur dans un labyrinthe d’encre de pieuvre qui force le respect, quand bien même c’est loin d’être un des sommets du LP. Vous voulez du Queen sombrex ? C’est noté, commandé par la table 666, et le chef a dit « gratuit pour qui arrive à finir l’assiette ». Bien entendu, comme avec tous les titres un peu chiadés de Mercury, qui ne se plonge pas corps et âme dans la ligne vocale (qui reste pop, comme tout ce que touche l’homme) n’a aucun espoir d’y entraver ni d’y apprécier quoi que ce soit.

Mais il en va de ‘Black Queen’ comme de tout l’album, au fond : Queen II en rajoute dans le côté poussif de Queen I pour atteindre une sorte de puissance maousse à la Warhammer 4000, purement basée sur la lourdeur et sur le maximalisme à tout crin, et évacuant toute tentative de sonner rock trad’ ou vaguement tubesque. Seule « Seven Seas Of Rhye » est chargée de faire le job, le reste de l’album est entièrement dévoué à une vision. Loin de sonner décalée dans le contexte d’un album très chargé et truculent, cette dernière s’insère parfaitement à la fin de Queen II, apportant un générique de fin plutôt direct et presque reposant à ce péplum musical. J’en oublierais presque les désuets mais troublant Nevermore et Funny How Love Is, courts instantanés joyeux-triste, petites perles incrustées qui, plus tard, expliqueront qu’un Freddie mal en point pouvait encore pondre des ‘I’m Going Slightly Mad’ et des ‘The Miracle’ à la fin de sa vie… Il n’avait qu’à puiser dans ce qu’il avait bossé, esquissé, inventé, déliré. Sans être un album concept, Queen II se tient, la mise en place y est mûrement réfléchie, et l’édifice ne s’apprécie que mieux un bon gros soir d’orage, dévalant la rue avec le casque sur les oreilles tandis qu’une pluie noire vous détrempe les os. L’un des meilleurs albums de metal de tous les temps.

note       Publiée le mardi 8 décembre 2020

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GrahamBondSwing Envoyez un message privé àGrahamBondSwing

Bon en fait, je ne connaissais vraiment que 3 albums de Queen : NOTW (bien usé), The miracle et Innuendo dans une moindre mesure… Donc j’ai sorti le tas de linge, et depuis quelques jours je lance spotify en même temps que je branche le fer à repasser. Sur Queen II, j’ai failli brûler quelques cols : je savais vaguement que ce scud avait la réputation de ne pas être dégueu et sans rentrer dans le même genre de délire wagnérien que la chronique ci-dessus (c’est affectueux/ respectueux/admiratif), je dois reconnaître qu’il est porteur d’un souffle épique assez stupéfiant. Une note de 5 est un minium, je me donne le temps de réécouter tous les albums avant de majorer.

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dariev stands Envoyez un message privé àdariev stands
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Goes Over All Terrain , ouais

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Alliage Envoyez un message privé àAlliage

Dariev est le GOAT

Coltranophile Envoyez un message privé àColtranophile

Ça ne sert à rien de dire quoique ce soit sur ce disque à part : lire les chroniques. Mais je rebondis sur un point de la chronique, justement: Budgie mériterait de figurer sur le site, du moins jusqu'à "Bandolier". On a pléthore de chroniques des galettes d'Uriah Heep. Je n'ai rien contre Uriah Heep bien que ce soit le groupe qui tient la place de numéro 1 dans ma liste (bien à moi) de "Groupe qui m'horripile plus que Deep Purple".

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Nicko Envoyez un message privé àNicko
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Le style se personnalise, ça s'améliore, il y a de très bons titres, mais ça manque le coche selon moi encore.

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