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Gerald Donald, Michaela To-Nhan Bertel
Compilation de plusieurs titres sortis à l'origine sur les maxis 'Fascist State', 'Infophysix', 'Sterilization', 'Cellular'. Les pistes 8 et 17 sont inédites
Si Drexciya était majoritairement l'affaire de James Stinson, Doppleffekt est sans conteste le rejeton de Gerald Donald, cette fois en duo avec son épouse Michaela To-Nhan Bertel. L'un se voulait inspirant, rêveur et joueur ; l'autre se veut grinçant, implacable -et joueur, tout autant. Deux extrémités sur le même spectre : l'electro sans concession de Detroit, avec son mordant tout comme son incroyable potentiel expressif. Du Kraftwerk dégénéré, voilà ce qu'est Dopplereffekt sur cette compilation de maxis pour recycler une excellente expression qu'a employé VL sous une de mes chroniques de Karl Runau. On se souvient de 'Das Model' desdits ; on a ici 'Plastiphilia' qui nous déclame "I want to make love to a mannequin! I want to fuck it, I want to suck it" sur des rythmiques urbaines. Peut-être se moque-t-on aussi de Depeche Mode sur ce 'Speak & Spell' réemployant les bruits du même jouet. Ils se moquent en tout cas déjà d'eux-même en annonçant l'esthétique scientifique qu'ils développeront par la suite, comme sur 'Scientist'': "Conducting experiments / Analyzing data / I am a scientist / I am a scientist" sur son roucoulement irrésistible de basse et riffs analogiques scintillants écrasant d'un coup de talon toute la scène synthwave. Il n'empêche, lorsque c'est l'expression qui l'emporte sur l'ironie, la magie est sans égale: ainsi 'Scientist' laisse la place à 'Rocket Scientist', electro instrumentale pure et dure. Classe maximale : s'attaquer à la question raciale par le front de la science sur le très EBM 'Superior Race' et 'Sterilization' (dont le sous-titre original était tout de même "Racial Hygiene And Selective Breeding") où Donald joue lui-même le scientifique eugéniste -on se rappelle qu'il a nommé son alter ego Heinrich Von Mueller, pas mal pour un noir de Detroit. Cette compilation, voulue par DJ Hell pour élargir l'audience de Dopplereffekt en Europe, n'est paradoxalement plus vraiment représentative du groupe lui-même qui s'est affranchi de son attitude grinçante et cool et de ses bases electro pour tout miser sur l'émerveillement scientifique, faute de meilleur terme, que l'on pressent ici déjà. Pour ceux à qui les rythmes rétro manquent déjà, on les retrouve largement sur les maxis de son side-project Der Zyklus.
note Publiée le vendredi 20 novembre 2020
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Der Zyklus, ça tue (même si je l'avais pas reconnu en blind-test... Le premier ou 2ème maxi est énorme.
Ahhh, l'électro bien dark et bien raide de Dopplereffekt (quel nom qui pète aussi!). Gerald Donald, c'est vraiment le meilleur héritier moderne de Kraftwerk, que se soit ici ou avec Arpanet (Kraftwerk meets Internet). Sans Dopplereffekt, probablement pas d'electroclash, non plus.