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Eliane Radigue (b. 1932) › Œuvres électroniques

  • 2018 • INA/GRM INA 6060/74 • 10 CD
  • 2018 • INA/GRM INA 6060/74 • 4 CD

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Dead26      dimanche 3 avril 2022 - 18:01
CeluiDuDehors      mardi 18 mai 2021 - 13:44
Klarinetthor      lundi 30 novembre 2020 - 02:00
David Locke      dimanche 29 novembre 2020 - 18:39
Wotzenknecht      dimanche 29 novembre 2020 - 18:28

14cd • 859:18 min

cd1 • 2 titres

  • 1Chry-ptus (version 2001)24:01
  • 2Geelriandre29:57

cd2 • 3 titres

  • 1Chry-ptus (version 2006)23:10
  • 2Biogenesis21:06
  • 3Arthesis25:40

cd3 • 1 titre

  • 1Ψ 847 (version concert)71:08

cd4 • 1 titre

  • 1Adnos I71:28

cd5 • 1 titre

  • 1Adnos II72:44

cd6 • 1 titre

  • 1Adnos III72:40
  • Les chants de Milarepa

cd7 • 4 titres

  • 1Mila's Song in the Rain19:10
  • 2Song of the Path Guides21:01
  • 3Elimination of Desires17:22
  • 4Symbols for Yogic Experience19:29

cd8 • 1 titre

  • 1Mila's Journey Inspired by a Dream62:22
  • Jetsun Mila

cd9 • 1 titre

  • 1Jetsun Mila (première partie)44:25

cd10 • 1 titre

  • 1Jetsun Mila (seconde partie)39:57
  • Trilogie de la Mort

cd11 • 1 titre

  • 1Kyema61:07

cd12 • 1 titre

  • 1Kailasha56:09

cd13 • 1 titre

  • 1Koumé51:18
  • L'Île re-sonante

cd14 • 1 titre

  • 1L'Île re-sonante55:04

informations

coffret 14 CD + livret

line up

Éliane Radigue (ARP 2500, Buchla Modular System, Moog Modular System, Serge Modular, bandes magnétiques)

Musiciens additionnels : Lama Kunga Rinpoche (voix CD7, CD8), Robert Ashley (voix CD7, CD8), Gérard Frémy (piano préparé 1.2)

chronique

Reprendre son cours. En finir avec la séparation d’avec la vie. Pour ça, laisser derrière l’oppression du rythme, organisé en suites de chiffres. Fuir la rationalisation qui coupe les liens. Plutôt se fondre, d’un état à l’autre, d’un corps à l’autre, d’un son à l’autre, analogiquement. Pour en finir avec la séparation, évidemment il y aura des problèmes à résoudre. Déjà, la finitude, la nôtre. S’élever autant qu’on peu, mais à l’intérieur de notre espace-temps. Impossible de ne pas s’y inscrire. Bon. En différents formats alors. C’est que ça demande du travail, et le travail, ça demande du temps. Viser le long terme. Pas la fin, pas le terme dans ce sens : viser à long terme, sans se détacher d’avec la vie. Passer de vingt, vingt-cinq minutes, à soixante-dix, puis à trois fois soixante-dix, ça ne se fait pas du jour au lendemain. Et puis apprendre à connaître la bête, ça aussi ça en demande, du temps. C’est une longue, longue relation. La bête, l’ARP 2500, sans clavier (trop rationalisé déjà le clavier), c’est la grande histoire d’Éliane Radigue. Ça n’empêche pas un petit passage sur un Buchla ou un Moog avant d’être totalement sûre, et puis aussi de vouloir un piano, une fois. Pas n’importe quel piano, le piano de untel en particulier, et ça sera exclusif, lui et pas un autre. L’exigence, c’est ça aussi, c’est non pas limiter sa possibilité de choix, c’est pousser ses choix dans la profondeur, pousser l’acuité de ses choix et s’y tenir, exclusivement. Travailler dans la densité en somme, c’est à dire dans l’épaisseur, même la plus ténue qui soit, voire les drones de presque rien de la longue pièce Ψ 847 sur lesquels surviennent incessamment ces mêmes notes spectrales, sur un labyrinthe en ligne droite qui s’étire en faisceau. Le son comme densité. Là où le monde sature de tout, et de musique surtout, Éliane Radigue, en solitaire dans son appartement face à son ARP, avec la patience comme pratique, remplit son propre espace, sa propre musique en densité, magnétisée sur bandes, comme une coloriste qui n’en finirait pas de déplier ses teintes à l’infini. Enfin, l’infini à l’intérieur d’un cadre. Mais l’infini dedans un cadre, ça reste toujours de l’infini, suffit encore une fois d’écouter entre chaque variation, entre chaque pulsation infime, entre chaque nano-vibration, il y en a toujours une autre à saisir, un nouveau ton qui résonne avec les autres, entre les autres, qui résonne à partir des autres. C’est comme observer la surface de l’eau qui frissonne. Comme dans cet étang empli de poissons où il y a toujours d’autres petits poissons entre les gros, et d’autres encore plus petits entre les petits et ainsi de suite jusqu’à notre imperceptible. Pas sûr pour autant qu’Éliane Radigue se soit inspirée de Leibniz, elle aura plutôt rencontré le bouddhisme. Alors pour changer, elle appose mots sur monochromes. Ça peut être dangereux les mots. Même le chant, c’est risqué. Toujours on court le risque du discours. Mais voilà, Éliane est inspirée par Milarepa, yogi et poète tibétain du XIeme siècle, elle veut donner à entendre ses chants, dans leur langue par un lama, en anglais parce que l’Occident, comme elle, a rencontré le bouddhisme à un moment bien précis de l’histoire d’une culture pop qui voulait s’ouvrir de nouvelles voies. Ses bourdons juste assez en retrait pour ne pas les étouffer, tout en se conservant une présence ininterrompue. Mais ici les mots n’ont qu’un temps, celui de cinq chants, étalés en quelques deux heures. Le nom de Milarepa à nouveau reviendra, pour les drones les plus sereins et hypnotiques tirés de son bienheureux ARP, couverture sonique douillette dans laquelle se lover entre les impressionnistes Adnos et la très profonde et contrastée Trilogie de la Mort, où Éliane Radigue poursuit sa tentative d’élévation spirituelle. Empruntant parfois des figures impossibles dignes d’Escher, parfois reflétant ses ombrageuses hallucinations sonores en des miroirs troublants, ici on jurerait des voix en harmonie, là des clochettes ou des gongs, ailleurs le roulement d’un tonnerre entre les montagnes. Musique de la variation infinitésimale, du flux constant de la vie, du geste de presque rien témoignant du génie de l’esprit humain. Musique de l’élévation, de la plénitude au sens propre, érigée dans la pure densité analogique, sublime et terrible, littéralement. Comme le bruit de la mer entendue dans la conque, l’illusion de nos perceptions et leurs consolantes mélodies polymorphes, toujours renouvelées par l’inaltérable volonté humaine d’essayer de faire quelque chose, et quand bien même apparemment si peu.

note       Publiée le dimanche 29 novembre 2020

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Gros Bidon Envoyez un message privé àGros Bidon

"Ces sons ont une action qui est presque comme un miroir, un miroir mental, ils reflètent l'humeur dans laquelle on est sur le moment. Si on est prêt à s'y abandonner, à écouter véritablement, à se donner à l'écoute, ils ont véritablement un pouvoir de fascination, très magnétique." Éliane Radigue (2006)

CeluiDuDehors Envoyez un message privé àCeluiDuDehors

Un très facile 6/6 pour la musique. On peut regretter néanmoins que cette collection ne soit pas exhaustive, il manque notamment "Tryptich" et "Transamorem - transmortem", ainsi que quelques autres pièces plus courtes difficilement trouvables. Sachant que ces albums sont tous disponibles un peu partout séparément, ça aurait rendu l'achat du coffret indispensable. On peut aussi discuter le choix de publier la version concert de "Psi847" plutôt que l'originale. Mais je chipote...pour le prix, et pour débuter une collection de Radigue, c'est imparable!

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Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

seul bémol des choses dans les premiers cd qui empèchent le 23/20

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Wotzenknecht Envoyez un message privé àWotzenknecht
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Ah ben c'est encore plus mignon comme ça. Le cours de la vie, oui.

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(N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
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C'est les battements de coeur de l'enfant de sa fille en fait. Ah ouais, j'avais vu ce petit docu, elle est tellement géniale (ah bah tiens je me demande bien d'où ça m'est venu le truc de la surface de l'eau, en même temps c'est une image récurrente avec ce genre de musique, mais avec elle ça prend une autre dimension).