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Neptunian Maximalism › Éons

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Saïmone      samedi 7 novembre 2020 - 09:55
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Klarinetthor      samedi 7 novembre 2020 - 11:55
Dioneo      mercredi 4 novembre 2020 - 19:41
merci pour le fusil...      mercredi 4 novembre 2020 - 11:10

cds/lps • 16 titres • 128:35 min

  • To the Earth (Akur Hu Benben)
  • 1Daiitoku-Myōō No Ōdaiko 大威徳明王 鼓童 : L'Impact De Théia Durant L’Éon Hadéen6:13
  • 2Nganga : Grand Guérisseur Magique De L’Ère Probocène8:35
  • 3Lamasthu : Ensemenceuse Du Reigne Fongique Primordial & Infanticides Des Singes Du Néogène4:00
  • 4Ptah Sokar Osiris : Rituel De L’Ouverture De La Bouche Dans L’Éon Archéen9:16
  • 5Magická Džungl'a : Carboniferous2:20
  • 6Enūma Eliš : La Mondialisation Ou La Création Du Monde : Éon Protérozoïque7:11
  • To the Moon (Heka Khaibit Sekhem)
  • 7Zâr : Empowering The Phurba / Éon Phanérozoïque7:05
  • 8Vajrabhairava གཤིན་རྗེ་གཤེད་, རྡོ་རྗེ་འཇིགས་བྱེད། : The Summoning (Nasatanada Zazas !)6:03
  • 9Vajrabhairava གཤིན་རྗེ་གཤེད་, རྡོ་རྗེ་འཇིགས་བྱེད། : The Rising2:04
  • 10Vajrabhairava གཤིན་རྗེ་གཤེད་, རྡོ་རྗེ་འཇིགས་བྱེད། : The Great Wars Of Quaternary Era Against Ego8:36
  • 11Iadanamada ! : Homo-sensibilis Se Prosternant Sous La Lumière Cryptique De Proboscidea-sapiens5:38
  • 12Oi Sonuf Vaoresaji ! La Sixième Extinction De Masse : Le Génocide Anthropocène12:32
  • To the Sun (Ânkh Maät Sia)
  • 13Eôs : Avènement De L’Éon Evaísthitozoïque Probocène Flamboyant18:32
  • 14Heka Hou Sia : Les Animaux Pensent-ils Comme On Pense Qu’ils Pensent ?6:24
  • 15Heliozoapolis : Les Criosphinx Sacrés D’Amon-Rê, Protecteurs Du Cogito Ergo Sum Animal15:24
  • 16Khonsou Sokaris : We Are, We Were And We Will Have Been8:36

informations

Enregistré par Guillaume Cazalet, avec l’aide de Jean-Jacques Duerinckx au studio HS83, Bruxelles, en mars 2018. Mixé et masterisé par Guillaume Cazalet au studio Homo Sensibilis Sounds, Bruxelles, en juin 2018.

Pochette par Tomiyuki Kaneko : Vajrabhairava, 2014. « Lyrics from Pierre Lanchantin’s Imaginary proto-languages © Pierre Lanchantin, Homo Sapiens project (part of Marguerite Humeau’s FOXP2 exhibition, Palais de Tokyo, Paris, 2016) Machine Intelligence Laboratory, University of Cambridge ».

line up

Jean-Jacques Duerinckx (saxophone baryton amplifié, sopranino), Sébastien Schmit (batterie, percussions, gongs, voix), Guillaume Cazalet (CZLT) (basse amplifiée, guitare baryton, archet, sitar, flûte, trompette, voix), Pierre Arese (batterie, percussions)

chronique

Je me rappelle de ce roman d’une drôlerie grinçante où un informaticien indien se retrouvait mis en box pour trois ronds d’eldorado dans une quelconque start-up californienne – sa collègue alterno piercée/tondue/cyberpunk, lui décrivant ses tatouages, lâchait « celui-là, c’est un tribal » ; et l’exploité de lui rétorquer avec ce genre de bon sens qui installe les blancs, les blocages dans la conversation : « Ah, oui ? Et de quelle tribu ? ».

Je vous refais le coup, eh ouais : et si pour parler de la chose – ce disque, ce groupe, ces deux heures et quelques à ras-bord et dans tous les sens, flottements compris d’une strate à l’autre – on évacuait d’emblée les termes-réflexes, « rituel », « cérémonie », « percussions tribales » etc. ? … Et si Neptunian Maximalism – et si Éons, je dirais même, tant le disque, tant la longue suite qu’il abrite, renferme, déploie, semble douée d’une volonté propre, presque, et à part – cherchait au-delà de ça (des clichés critiques) des moyens, des formes, pour communiquer avec, exprimer autre chose ? D’autres lieux que les scènes d’un exotisme ou de l’autre ? Notre époque toute de chaos trop logiquement contenu, formé, débité, écoulé, pour ne pas dégénérer, déborder, tout contaminer, à force, peut-être ? Un cosmos très physique – si pas toujours visible – qui serait une dimension vers quoi il serait nécessaire, vital de tendre, de muter, si on ne veut pas que tout sombre – ou seulement avant que tout sombre ? Oui : Neptunian Maximalism use de masques ; d’une phraséologie bizarre et extensive, aux accents mythologique autant qu’anthropologiques, archéologiques – ça parle d’ères en « ien/éen », ça évoque des Gestes inconnues, comme les actes, les chapitres, les strophes et stances de codex et sagas disparus, ressurgis de nulle-part. Les titres s’affichent en français, anglais, japonais… En une langue, une écriture, un alphasyllabaire que je ne parviens pas à identifier avec certitude (devanāgarī ? gurmukhī ? tĕlugu ? kannaḍa ? tamiḻ ? …). Le groupe, pour ses paroles, va chercher des langages imaginaires mais viables – inventés ou modélisés apparemment par un chercheur (Pierre Lanchantin), pour une artiste (Marguerite Humeau) qui, elle, crée des installations peuplées de sculptures d’animaux articulés et capables de phonétiser, d’émettre, de parler, donc… A vrai dire si ce disque, ce cycle en trois phases, est « post » quelque-chose, « exotique » en quelque mesure, c’est qu’il se rapprocherait par certains aspects du « post exotisme » de Volodine (Antoine), allez. Sans l’explicite outre-républiques-populaires-de, d’accord, néo-goulags et autres acronymes renouvelés des KGB, NKVD, des Cellules et Comités – mais l’aspect apocalypse-continué-après-la-chute certainement pas gommé, rogné ! Le côté lutte furieuse, aussi, violente et continuellement méditée, dans et hors l’action. (Aussi : on peut penser à certaines directions de l'anthropologie contemporaine – « au-delà de l'humain », comme l'expose, le propose, l'amorce Eduardo Kohn dans son Comment Pensent les Forêts de 2013... Volume qui peut laisser songeur mais qui, de toute manière, y donne matière – à penser !).

Éons est dense, oui. Plein. Plein de montées en flèches et de chutes vertigineuses au fond des dépressions – mais pas dépressif, non ! Percé de saxophones en vrilles, de soufflants et sifflements sur toutes les fréquences, tour à tour ou assemblées – dédoublés par les effets (octaveur ?), la portée multipliée dans l’espace par les réverbérations. Travaillé, remué, étiré, découpé par les cordes amplifiées, électriques, saturées – overdrive, littéralement, se traduit par surmultiplication, donc là encore : débordement, émission, irradiation. Bringuebalé par ces percussions, batteries : deux hommes aux toms et caisses et cymbales, aux éléments frappés, qui se roulent dessus mutuellement, s’enroulent et s’échappent, leurs articulations sphériques – théoriquement et sur le plan de ces Éons-là, ça doit leur permettre de se mouvoir hors de l’axe hauteur-largeur, d’atteindre au moins à la troisième. (Dimension, je disais – il faut suivre, je sais… C’est que le truc me trimbale, aussi – je l’écoute encore pendant que je l’écris). Éons s’ouvre en trop de perspectives, d’horizons, de ruptures aux angles incalculables, pour se figer en l’une ou l’autre variation de « math-etc. » – math-rock, math-core… Idem d’ailleurs pour tous les autres « core », jazz et variations : l’étiquette ne tient pas sur la peau, la surface de cette bête, de cette machine, de cet assemblage, cet organisme-là. Ça glisse trop. Et ça tremble dans son espèce de transe maîtrisée mais pas maniaquement contenue – ils ont trouvé les inducteurs et l’agencement des séries, mais je ne crois pas qu’ils proposent, tiré de leur exercice, quelque manière de modèle. Oui : Éons tient sans doute d’une sorte de théâtre – de représentation. Oui : la violence, l’arrachement comme les instants de recueillement, de rassemblement dans le calme avant de se confronter à nouveau, y sont… joués. Mis en place dans une sorte de chorégraphie, de scénographie – précise, éprouvée. Pourtant : la musique ne s’y arrête pas, ne trouve pas dans ce dispositif complexe et fou une ornière – une impasse, serait-elle belle. Il me semble que cet Éons, dans ses agitations, sa forme grandement aboutie, ne se pose (façon de parler, donc) en rien d’autre qu’en un moment possible de la substance qu’il touche – qui est celle de Neptunian Maximalism, celle qu’ils tentent de saisir, d’incarner, qui les porte et les tient. J’entends là-dedans une volonté – pas du tout velléitaire, qu’on me comprenne – qui ne m’avait guère frappé ailleurs, ces dernières années, ou très sporadiquement, rarement menée avec une telle intensité. Un principe dynamique, curieusement, qu’il me semble déceler ces derniers temps, pourtant, chez d’autres – dans le Cycle des Grenoblois d’Owun, dont je vous parlais très récemment (autrement, bien sûr) ; chez les Suisses de Convulsif, dont je vous causerai bientôt, je pense (à leur manière bien différente, à eux aussi)… Cet apparent désir de dire une chose, une seule, qui serait l’ouvrage, son essence et sa forme indistincts – sans épeler un message qui, trop parfaitement codé/décodé, se ferait diktat ou simple modalité d’une esthétique. Un jamais-pareil qui ne semble pas, pourtant, viser à ce qu’on ne puisse le reconnaître, d’une occurrence (plage, index…) à l’autre. Une forme de vie musicale qui ne sacrifie pas l’improvisation à la structure, ni plus l’inverse – qui semble chercher (et trouver momentanément – dans ce momentané, donc, qui est la dimension de chaque tentative, de chaque pièce empoignée) la ligne où leurs bords s’absorbent, s’imitent, créent des contours et des volumes, des teintes où tout ressort, se déplie, croît de ces nœuds trouvé plutôt que de bêtement se confondre, confuse synthèse. « A la Terre, A la Lune, Au Soleil »… Et d’autres objets et corps célestes – bolides, planètes, galaxies, cailloux et géantes intouchés. On se dit qu’il en est tant, au-delà de ces limites, de ces noyaux de notre « système », qu’aucun de nos chiffres – même les plus gigantesquement abstraits – ne saurait, avant notre fin, parvenir même à commencer d'imaginer comment on pourrait les compter.

note       Publiée le mardi 3 novembre 2020

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saïmone Envoyez un message privé àsaïmone
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Ouais, le dernier live du groupe est plus que jamais Painkidub, ça fait tellement plaisir de retrouver ce genre d'ambiances, les lignes de basses à la Scorn, les petits effets de reverb et le saxo qui déroule au pif à la cool. Parfait pour s'affaler

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Nicko Envoyez un message privé àNicko
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Y'a un côté "Execution ground" de Painkiller vraiment pas dégueu. Supers ambiances !

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saïmone Envoyez un message privé àsaïmone
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Et ne pas hésiter à aller voir chez Zaäar, extension zoulou de cette déjà excroissance dégénérée de K-Branding. Comme le dit formidablement un gars, "ça sonne comme la pochette"

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Nicko Envoyez un message privé àNicko
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Je viens de visionner leur dernier DVD, le Live au Roadburn, qui reprend grosso modo la partie "To the moon" de ce disque. Et c'est vachement bien ! Très belles montées progressives, bien pensées et exécutées. Un régal ! Très bon complément au précèdent live "Solar drone ceremony"

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saïmone Envoyez un message privé àsaïmone
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Des potes ont acheté ça en LP, je me demande ce qui ne tourne pas rond sur cette terre : se lever 11 fois pour parcourir le trajet entre la terre et le fond diffus cosmologique, ça n'a aucun sens.

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