Quand il eut achevé de créer le jardin d’Eden, Dieu décida qu’il était grand temps de le peupler pour lui donner un peu de vie. Il s’attela donc à la tâche pour tenter de créer la créature parfaite avec laquelle aucune autre ne pourrait rivaliser. Il y passa énormément de temps, fit des essais, recommença, tant et si bien que quand il y parvint, il ne lui restait plus assez de glaise pour façonner d’autres personnages et de toute façon, il était trop crevé. D’un éclair, il fendit donc sa création qui se scinda en deux semi-dieux, l’un androgyne aux cheveux rouges du nom de David Bowie, l’autre, andorgyne également, à l’allure d’elfe appelé Marc Bolan. Pas trop certain de ce qu’il avait fait, Dieu s’en alla piquer un roupillon sur un nuage. Ce qu’il n’avait pas remarqué, c’est qu’après le coup d’éclair, un petit bout s’était détaché sous le choc, une petite créature excentrique baptisée Andi SexGang. Les trois demi-dieux s’en allèrent porter la bonne parole et la foi aux humains qu’un certain Satan avait conçu dans son coin, les deux premiers face aux foules, le troisième se chargeant des recoins plus sombres. Jamais pourtant elle n’oublia son héritage et ne manqua pas, à quelques reprises, de rendre hommage aux deux entités dont elle était issue. Belle parabole, non ? Et j’ai rien fumé. Elle pourrait définir quelque peu le contenu de ce mini intitulé ‘Western songs for children’; on y trouve le Andi cool, groovy, fortement influencé par le glam rock. ‘Diamond girls’ et ‘Heaven shines for you’ le posent en rien de moins qu’un héritier moderne de Marc Bolan mais toujours avec sa patte, une touche plus tordue. Avec ‘Welcome to my world’, c’est comme si Andi tournait soudain le dos à l’aspect smooth pour se tourner vers quelque chose évoquant plus volontiers Bowie (quelle surprise, Mick Ronson avec qui il avait collaboré quelques années plus tôt joue de la gratte sur ce cd). Une fois encore, nulle copie, Andi est bien trop maître de son propre univers (et d’un timbre unique), comme le prouve l’excellent ‘Waiting for the assassin’ (je fantasme sur une reprise par Bowie) et le nom moins réussi ‘Beauty of lovers’, plus complexe dans ses structures, plus émouvant aussi, moins marqué par la morgue glam, davantage par une forme de spleen post-cabaret. Sa fin avec le chant qui s’efface progressivement dégage quelque chose d’un adieu à la scène touchant. La morale de l’histoire est que c’est super que des disques aient été enregistrés car à défaut d’animer le jardin d’Eden, c’est notre vie qu’ils pimentent. 4,5/6