John Carpenter › Lost Themes II

Mon très cher John, permets-nous de t’écrire ce petit mot pour te dire à quel point nous sommes heureux de te savoir en activité. C’était à grands regrets que nous t’avions quitté aux débuts des années 2000, fatigué que tu étais de te battre pour raconter d’effrayantes histoires selon ta propre vision, fatigué de naviguer dans un système que tu comprenais de moins en moins. Puis surprise, alors que personne ne s’y attendait tu revenais quelques années plus tard avec un nouveau métrage, et l’espoir de te voir reprendre les rênes d’un genre moribond caressait les yeux pétillants de tes fans. Hélas, quel film peu "carpenterien" que ce The Ward, en perpétuel équilibre instable et souffrant de carences sévères d’empathie pour ses protagonistes. Et comble de la déception, tu n’en signais même pas la bande-son ! Une épitaphe cinématographique décevante, malgré le plaisir éprouvé par la majorité d’entre nous d’avoir de tes nouvelles. Mais, et c’est bien l’un de tes qualités principales, tu n’es pas revenu sur le devant de la scène par le biais que nous espérions tous. Est-ce cette reconnaissance tardive chez diverses critiques de nombreux pays ou le fait que ton entourage t’ait poussé à te replonger dans ton univers ? Peu importe à vrai dire, puisque que "Lost Themes" était véritablement une célébration de ton œuvre musicale, modernisée et portée par une collaboration symbiotique avec ton fils et ton filleul. Pourquoi te priverais-tu d’en profiter encore un peu d’ailleurs ? Aussi ce second volet s’imposait comme une évidence, et peut-être pour démontrer qu’il y avait bien plus à exploiter que de l’auto-référence. Et en toute franchise cet opus bénéficie d’une meilleure cohésion et d’un panel de sons et d’atmosphères plus large que son prédécesseur. Peu de changement cela dit, après tout la formule Carpenter est bien ce que l’on doit s’attendre de ta part et cette façon de faire cohabiter synthpop, blues et autres genres funky sans que cela ne retombe comme un soufflé est à coup sûr la marque d’une vitalité créatrice réjouissante. Je pourrais jouer à l’énumération des titres phares ou des surprises, mais à vrai dire mon cher John, la chose est beaucoup moins aisée que pour le premier volume de tes thèmes perdus, tant l’écoute de cette «suite» se déguste comme une séquence onirique faite d’une seule pièce. Non vraiment, chapeau John, cette superbe aventure dans les contrées musicales héritées de ta propre expérience de réalisateur se devait d’être partagée. Un grand merci.