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Orbital › The Box

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Klozer      lundi 30 novembre 2020 - 23:26
Wotzenknecht      dimanche 4 octobre 2020 - 16:46
allobroge      dimanche 4 octobre 2020 - 16:07
Dioneo      dimanche 4 octobre 2020 - 14:41

cd • 4 titres • 28:17 min

  • The Box
  • 1Radio Edit4:13
  • 2Untitled7:46
  • 3Untitled8:40
  • 4Vocal Reprise7:36

informations

line up

P&P Hartnoll

Musiciens additionnels : Clune (batterie sur 4), Alison Goldfrapp (voix sur 4), Grant Fulton (voix sur 4)

chronique

La grisaille, le grisâtre – mais en une espèce de « scope », de « techni » … Une impression de 5.1 exceptionnellement conservée lors du transfert en stéréo. Le grain, le piqué d’une précision immobile et fascinante. « Cinéma pour l’oreille et la tête », projection mentale. On m’excusera – oui ? – le cliché ! Mais après tout The Box – sa version originale (en deux parties, dont la première, ambiante introductive, est ici absente), telle qu’entendue sur In Sides (formidable album, soit dit) – se voulait de toute façon un hommage aux « grands compositeurs pour l’image » – Lalo Schifrin, John Barry, Morricone… Un trip « frissons, angoisse, danger sourd, espionnage » avec cymbalum (cet instrument des Balkans aux cordes innombrables qu’on frappe avec des sortes de baguettes en forme de cuillères) et synthés qui planent leur inquiétude diffuse et continuelle.

Cette version, cet EP, prolongent les scènes, ajoutent des angles, des parties à la séquence. Soufflent des indices, aussi, quant à « l’action » montrée, le « quoi » dont ce serait la bande-son. Et ce Quoi est un… Rien. Un vide parfaitement rendu et parfaitement impossible à croire – comme cette maison-témoin sur la pochette, modélisée dans un ordinateur ou peinte en à-plats qui miment le lissé de pixels, le faux-réalisme d’un programme de design, d’architecture, calculé par un processeur. Une promesse, une menace, déjà parfaitement mortes au moment de leur formulation, de leur mise à plat sur papier – confort réglé, limité, réglementé, ennui parfaitement calibré. C’est pour ça – sans le dire, y gagnant l’échappatoire dans leur bulle de luxe, de plaisirs précieux ou violents – qu’ils se battent, les héros desdits films, Bond etc. ; c’est ça qu’ils visent, aussi, les « vilains », Dr. No, Minos… : les Privilèges ! Et les cohortes, derrière, le peuple au pas. S’accaparer, détruire, et puis ne plus rien changer. Vu de celles et ceux à qui on « vend » ça, l’un ou l’autre, l’Ordre ou le Mal, comme disait un auteur : « les deux mâchoires d’un même piège à cons »…

The Box, donc – la version longue, en quatre tableaux – est la B.O. de « ça ». De la vie dans ladite « boîte » – bicoque sans caractère, préfabriquée, « projet » sur le panneau fixé sur la paroi du chantier, à quoi la réalité, une fois les constructions achevées, ne semblera guère qu’une version encore plus plate (et très vite : plus sale) ; de l’existence conformée. Les timbres se multiplient, s’ajoutent, montés en éléments de narration ; vibraphone ; mécaniques d’horloges et carillons (un classique « de genre », ça aussi : les cloches des églises – de là on voit la ville, d’ici on sonne les alertes de catastrophes… et puis ce passage, on dirait presque l’amorce du Time de Pink Floyd – sur un album que je n’aime plus, d’ailleurs, mais ce n’est pas la question ; je me rappelle en revanche que comme disait un – autre ; pas celui du piège à cons plus haut cité – écriveur : « le problème de Pink Floyd, c’est celui de la Civilisation ») ; craquements de mâts ou d'autres structures en bois, de poutres ou madriers ; cornemuse ou vielle en circuits imprimés, simili ; guitare saturée mais au spectre comme écrasé, compressé ; montée chromatique de piano staccato, anxiogène, qui s’ouvre, en haut, sur un motif de clavecin qui semble flotter ; le cymbalum, encore, qui scande, revient, insinue ses trémolos, bouclera, au bout, la boucle. Il n’y manque pas, même, « la chanson du générique », la version vocale, « explicative et explicite » du thème ! Seulement, eux la placent à la fin – fermeture dans tous les sens du terme (jusque, littéralement, au son qui la conclut) et non introduction, prémisse. Un retour au froid complet – un froid très anglais – après le foisonnement des instruments, les digressions étoffées des plages intermédiaires. Alison Goldfrapp en Shirley Bassey de circonstance – et « cantonnée » en chœurs sans parole, le timbre atone et masculin d’un certain Grant Fulton se chargeant, lui, des mots. Explicites, on vous dit – « there’s commotion in promotion… », « selling satellites for substance »… Pas tellement Goldfinger, pas trop les laudes « au service de sa majesté ». Une espèce de rumination, plutôt – post-chômage (tellement long qu’il n’y a plus de « post »), post Thatcher (et « queue de comète John Major », post-guerre-duGolfe-partie-1… pré-Tony Blair, en passant) ; post indus, post syndicats… Un truc anglais on vous disait – faire de la pop et du (bon) cinéma avec la Crise, la mort sociale, la dépression morbide en terrain soi-disant tempéré.

Bref… Bonne chanson. Bonne version déclinée, dépliée, arrangée. Qui me laisse toujours, cette sensation, eh bien… De Gris, je me répète. D’une large palette de ceux-là, maniés par les frères Hartnoll (alias Orbital, donc) en virtuoses dissimulés sous des blouses de tâcherons, de techniciens engagés pour planter le, les décors. Ah ! Et non, au fait, pas tout à fait : ce que je disais plus tôt, sur le son qui conclut. Il y a encore, après, ce sifflotement… Qui reste dans la tête, avec son air sinistre. (Et je préfère ça, toujours, cette inquiétude qu’il peut, qu’ils peuvent passer – le sifflement, les frangins, l’EP… J’aime mieux ça – que d’avoir sous les yeux, au lever, l’ocre marron égal de cette terre battue qui n’existe pas, sous des arbres qui n’ont jamais existé, qui n’existeront jamais… Que d’habiter dans la tranquillité sans troisième dimension de cette image qui à jamais ne restera que « témoin » – et d’un temps qui n’aura jamais, n’aura jamais eu, ne pourra pas avoir eu lieu… Et suspend pourtant sur nous son létal idéal).

note       Publiée le dimanche 4 octobre 2020

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    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo  Dioneo est en ligne !
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    Ben pareil. J'avais acheté In Sides attiré par la version "radio" de The Box, justement, et le maxi était "offert" avec à ce moment là... En écoutant les deux dans le même espace temps, rapprochés voire enchaînés, celui-là me faisait à la fois l'effet d'un "extension" et d'un truc "parallèle"...

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    allobroge Envoyez un message privé àallobroge

    Intrigant ce maxi CD, la pochette et la musique m'ont fait pas mal bloquer à l'époque !

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    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo  Dioneo est en ligne !
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    Eh eh... Oui, cette chro était "en projet" depuis un moment... Et j'avoue que ta demande sur le forum a été un des trucs qui me l'a rappelé. (Avec la réécoute du The Bells tout bizarre de Loulou Reed hier, en plus de ce climat qui s'y prête bien, à l'envie d'en causer, de cet EP).

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    Wotzenknecht Envoyez un message privé àWotzenknecht
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    Bah tiens, quand on cause de cloches. Très bon souvenir de celui-ci.

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