Guts Of Darkness

L’obsidienne, la pierre magique de la vigueur sexuelle, celle qui aurait le pouvoir de servir de bouclier pour être certain que le sort jeté ne se retourne pas contre le lanceur, utilisée aussi pour la divination à l’instar des boules de cristal…Il va sans dire que les allusions sont donc monnaie courante chez les producteurs de musique sombre. Une formation américaine de Floride en a même fait son nom avec un premier mini sous le thème de la matière mais nettement moins noble, la vase…’A swamp’ nous propose un deathrock dynamique aux sonorités effectivement légèrement boueuses avec chant plaintif en retrait qui s’énerve parfois dans une tradition purement punk (‘Nondisclosure’, ‘Living dead’). On apprend que le groupe concentre sa musique sur l’idée de s’en servir comme élément créatif pour surmonter la dépression, le chanteur ayant lui-même tenté de se suicider en se lacérant les veines avec des éclats d’obsidienne. Voilà qui explique probablement une certaine tension omniprésente (jouissive) sur les trois premières compositions évoquant des crises existentielles, la moiteur toxique d'une société bouffée par ses contradictions. L’ultime pièce a de quoi étonner puisqu’il s’agit d’une reprise allongée de ‘A swamp’ avec cinq minutes d’un beat à la boîte, avec uniquement la basse et des éclats de guitares comme autant de bulles vaseuses. Une technique et une ambiance évoquant beaucoup le ‘Bela Lugos’is dead’ de Bauhaus mais là s’arrête la comparaison car le tempo est plus rapide, le rythme binaire et la mélodie n’a rien à voir. Un Ep assez prometteur, pas forcément 100% catchy à la première écoute et qui pourtant incite à retenter car le potentiel sourd clairement de la glaise de ces chansons finalement plutôt addictives.