Psychic TV › Fishscales falling: A smorgasbord ov delights - Mixtape Volume 1

Le smörgåsbord, c’est quelque chose en vacances le matin même si en tant que végétarien, je fais l’impasse sur les trois quarts des mets proposés, le truc qui te nourrit avant tes 6 heures de trekking (sur lesquelles je fais l’impasse aussi, je préfère flâner dans les rues ou en bord de mer)…Celui proposé par Psychic TV propose du lourd, du très lourd mais du genre qui te pousse à te resservir encore et encore sans jamais te gaver. Présenté comme une mixtape, il te harponne (pour rester dans les métaphores poissonnières) avec des morceaux d’une qualité époustouflante. Après la petite intro rigolote, voici la plus belle interprétation de ‘Thank you part I’ (dédiée sans doute à Lady Jaye) qui ait franchi mes oreilles. Live. Psychic TV est un groupe de scène plus que de studio et bien que plusieurs de leurs albums soient bons, certaines pièces capturées sur scène avec un vrai son digne représentent à mon sens la crème de ce que peut offrir le collectif. Cette performance capturée à Berlin bénéficie d’un son excellent; sur fond de post punk psychédélique tribal, P-Orridge y est tout bonnement déchirant. Textes simples, voix simple, sans emphase, mais derrière laquelle pointe une sincérité des plus émouvantes; rien que ce morceau vaudrait l’achat du disque. Ce n’est pourtant pas la seule perle. La version démo de ‘BB’ est vraiment bonne aussi dans ce contexte post-Doors d’après le punk mais c’est surtout ‘Thee political ghost’ qui m’a capté…Tissant une forme d’ambient tribal trouble, la musique dégage quelque chose de brumeux et nocturne à la fois, le genre de truc qu’on pourrait jouer avec des potes allumés dans une clairière. Le chant fantomatique, calme, de P.Orridge y colle parfaitement. Grandiose, hypnotique, de par la mélodie entêtante et ce climat unique. La transition courte et étrange constituée par ‘Limboland’ annonce pourtant efficacement le départ à l’orgue de ‘Roman P.’Là, encore, une excellente prestation live même si le son est légèrement en deçà des pièces précédentes. ‘Pinnocchio C.’, c’est du Psychic TV expérimental version opaque, glauque, avec des bruits fantomatiques inquiétants. Dommage que ça ne dure pas plus longtemps mais ‘Maximum swing’ compense par ses accents menaçants, ses lointaines influences rythmiques jazzy, évoquant énormément Foetus (y compris dans les intonations de la voix). ‘I don’t think so’ à la gratte sèche, sans chant, c’est assez anecdotique. Le remix de ‘Snakes’, par contre, tout en nappes façon didgeridoo avec le chant de P-Orridge comme perdu dans l’espace, des incursions de bruits étranges, d’accords de guitare répercutés aux quatre coins de cette voûte mystérieuse, avec un final en guise de décollage, vaut son pesant de cacahuètes. ‘Slow Roman’ en répétition conclut de manière pas indispensable mais agréable avec son feeling paresseux. Je ne sais pas ce que vaut le second volume paru uniquement en LP mais celui-ci a une gueule d’indispensable dans la discographie du combo.