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Acid Mothers Temple › Chaos Unforgiven Kisses or Grateful Dead Kennedys

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Dioneo      lundi 8 juin 2020 - 17:01

cd • 3 titres • 53:50 min

  • 1Enough to Make You Fuck by Two Fingers16:15
  • 2Grateful Bedtime for Fresh Pussy Landscape16:38
  • 3Hows Does It Feel to Be the Acid Mothers of 1000 Grateful Dead ?20:57

informations

Enregistré au Chaotic Noise par Takaotic Noise et Makoto Kawabata. Mixé par Makoto Kawabata. Masterisé par Tasuya Yoshida. Produit par Makoto Kawabata.

Le nom complet choisi cette fois-ci par le groupe est : Acid Mothers Temple and the Cosmic Inferno. Artwork : Yoshi Inoue.

line up

Hiroshi Higashi (synthétiseur ; Dancin’ King), Makoto Kawabata (guitare ; Speed Guru), Shimura Koji (batterie ; Latino Cool), Mitsuru Tabata (basse ; Malatab), Opera (batterie, violon, voix ; Operatic Bomb)

chronique

Oui, aussi… Ça arrive comme ça parfois, aussi – forcément. « Inferno », de toute façon, cette mouture-là de la Mère Acide : c’est dans le nom – avec la possibilité que le fameux « voyage » y verse, que la vibration se gâte, qu’on se trouve à basculer dans des régions pas franchement accueillantes du cosmos, des « set and settings » mal calculés, mal alignés, de l’esprit qui voulait jouer avec la perception. Eh bien voilà : c’est là !

Avec son titre à tiroir qui amalgame des boutures californiennes réputées pas trop compatibles (même si à vrai dire… bon, c’est un autre débat qu’on n’aura pas ici, ça, les continuités et oppositions, bref) – le Grateful Dead et les Dead Kennedys, donc, San Francisco sous deux soleils, deux époques, cheveux et nerfs pas pareillement en bataille, neurone et synapse pas en identiques épis, Chaos Unforgiven Kisses… ne rigole pas du tout, calembours ou pas ! L’ambiance est chargée – du genre qui s’alourdit sans cesse, s’épaissit, les ions, particules qui s’excitent sans que ça n’arrive jamais à péter, exploser une fois pour toutes. Ou alors : qui explose, implose sans fin, accident d’astres étiré encore, encore, en bouffant toute la lumière, en suintant du noir dense, aveugle. Sale atmosphère, à vrai dire – exceptionnellement tendue, hors de toute béatitude, pour du Kawabata & Co. ! Larsens tout embrouillés, froissés, en pelotes de parasites magnétiques. Violon free – la dénommée Opera ; qui plus loin vocalise, aussi – qui strie son bruit sanglant, attaque l’émail. Batteries qui s’éboulent… Des ritournelles sur arpèges simples, ensuite, comme ils font souvent – mais ici toutes dissonantes, fausses, faussées, le son salopé, grésillant, comme sur le point de se défaire, sa matière de se déliter. Les titres même des plages s’y mettent – jeux de mots et bouts-collés là encore habituels chez ces gens, mais qui instillent ici une impression hostile, déréglée, le délire orgiaque tournant là carrément à l’obsession malsaine, malade, crevarde. Pourtant il y a du beau ! Quand ladite Opera par exemple se met à chanter une de ces mélodies à la tournure « folkorique » – celte ? occitane ? d’Osaka ? … – en plein cette tourmente, avec un timbre entre une Nico en flamme (plutôt que prise dans sa chape de glace coutumière, sa robe-voile en congère…), une Renate Knaup (d’Amon Düül II) à son plus exalté (période Yeti ou Tanz der Lemminge) et une récitation, une litanie shōmyō (bouddhique et japonaise, donc) ou pansori (coréenne – chose grave et magnifique, souvent) prise dans ce déchaînement matériel, en lutte avec cet élément, campée au centre, haute et malmenée… Non, ce disque ne déconne pas du tout. Il surprend, même, par sa violence, la tension qu’il parvient à maintenir, malgré la longueur des plages, la folie non-jugulée de ses jams. Et c’est… Tellement bon, de s’y confronter, à ce méchant foutoir – de ne pas être cette fois-ci seulement porté, de se sentir talonné, dans l’élévation que malgré tout il semble vouloir insuffler, dans sa poussée, de sauter pour ne pas y être avalé, d’une crête à l’autre de sa puissance, d’un faîte à l’autre de ses rebonds, boucles voilées, secousses et trous d’air ! Il faut se fondre au noir – ou à ce rayonnement surnaturel, caché derrière – sans peur de, au risque de s’y dissoudre… Ou de lâcher, simplement, l’écoute, de ne rien parvenir à saisir, de cette agitation. Certes : on peut s’y épuiser, aussi – tant ça ne se relâche jamais.

On peut trouver ça trop impénétrable, s’y cogner, y buter. On prendra comme on veut le mot « purge », à l’y appliquer. Pour moi, ça veut dire, oui : qu’il draine à travers leur éther familier tous les cauchemars, les mauvais chemins et les hantises hurlantes, au bout, ce qui finit par jaillir et dévorer, si l’on feint de pouvoir à jamais réprimer, repousser. C’est le déferlement des bêtes, des chimères cosmiques. Elles emportent, aussi, dans leur gueules – illusions molles, replis aux certitudes qu’on pourra continuer, sans fin, à s’y bercer. Ça fait place rase – en attendant qu’ils aient retrouvés bols tibétains et mantras d’harmonie. La dame sur la pochette cache pour une fois ses seins. Elle porte une tête de mort, trois six dessus gravés, chair vive et os séché parmi les fleurs… Ça fait une figure, un guide bien idoine pour nous mener « là-dedans » – suive et ressorte qui pourra, quand le silence gobera, en le fermant, ce cratère au fond des confins des cieux.

note       Publiée le lundi 8 juin 2020

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