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Borgne › Royaume des Ombres

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Dioneo      dimanche 24 mai 2020 - 17:11
Walter Benjamin      dimanche 24 mai 2020 - 17:13
Demonaz Vikernes      mardi 23 juin 2020 - 10:33

cd • 6 titres • 58:55 min

  • 1Fall of the Lost Souls4:58
  • 2Suffer As I Paid My Grave11:08
  • 3In the Realm of the Living I’m Dead11:48
  • 4Only the Dead Can Be Heard8:53
  • 5All These Scream Though Me13:47
  • 6The Last Thing You Will See8:21

informations

Enregistré par Bornyhake. Masterisé par J. Kovaks.

Pochette : Sperber Illustrationen et Bornyhak. Artwork et Layout : Bornyhak et Industrie Chimère Noire. Cet album forme une trilogie avec le précédent, Entraves de l’Âme (2010) et le suivant, Règne des Morts (2015). Les trois disques sont réunis, avec 22 minutes de musiques inédites, dans le coffret 5LP Borgne Box Set Trilogy sorti par Those Opposed Records en 2018 (TOR066).

line up

Bornyhake (voix, électronique, claviers, guitare, basse, violoncelle)

Musiciens additionnels : Naser Ardelean (guitare sur 3, 6), Lady Kaos (claviers sur 3, 4, 6), Quaoar (basse sur 3, 4, 6), Veritum (chœurs sur 1, 5), C.s (outro sur 2), Xax (guitare sur 3, guitare lead sur 4 et 6), Phasesphoros (guitare lead sur 3)

chronique

Bornyhake, à la fin d’Entraves de l’Âme, nous avait emmené dans la Lande, au sortit du bois mal famé où ça rôdait en peine, désincarné, errant. (Ça : tout, lui, nous avec, l’atmosphère délétère). Nous voilà ici au cimetière...

Introduction ambient – en nappes synthétiques crassées, de suies étalées, rien d’un new-age lumière-à-tous-les-étages, ici… On ne sait trop ce qui se passerait si l’on clignait. On est tenté, pourtant, quelque chose dans le son y incite... De là, la seconde où on relâche, c’est – encore – la plongée. Ce black metal épique et cassé que poussait déjà Entraves de l’Âme. Mais passé dans un autre temps. C’était, là-bas, celui d’une lutte – tentative désespérée de s’arracher à la chute, à l’instant de se pendre ou d’être pendu, la béance qui cherchait le souffle pour en sortir, revenir. Ici, c’est un « après ». Royaume des Ombres ne parle que de ça – de s’y trouver les yeux ouverts, en ce lieu des « Âmes Tombées » où « Seuls les Morts » entendent, glissant entre les sépultures... Autant vous dire qu’on n’y goûte guère une quelconque forme de sérénité, là, aucune paix, aucun « enfin ». C’est le mauvais rêve qui continue – et les vivants sont là aussi mais ne le, ne nous voient plus.

Plus encore qu’Entraves de l’Âme, Règne des Ombres s’étend en symphonie défaite, en désespérance furieuse. Bornyhake, cette fois, ose les chœurs – de requiem, de poème orchestral ; que les voix soient celles d’humains, incarnées, ou sortent de banques de sons synthétiques… Et dans les deux cas, ça ne sombre pas dans le ridicule, le Era, l’Enigma (l’Elend ?), le générique pompeux façon Les Visiteurs ou 1492 – justement pour cette fureur qui nie la magnificence de la construction, sa majesté, semble vouloir la renverser, la retourner. Sa voix à lui, aussi, déchire tout ça – ce voile de grandeur – y perce, y tisse des circonvolutions opaques. Il la multiplie, d’ailleurs : retrouve en contrepoint la gravité rauque où elle s’ensevelissait parfois sur les disques des débuts, la raucité death, terre grasse et caillouteuse. Contrepoint, oui, contrepoids maintenant plus que jamais maîtrisé – qui tiraillent les compositions. Rythmes lourds, enfoncés ; ces voix multiples, donc, antagonistes dans leurs timbres mais pointant toutes vers le gouffre (ou au-dessus… mais c’est pour nous y laisser choir) ; claviers qui font des envolées (Lady Kaos, ici entendue pour la première fois – elle deviendra plus tard le seul autre membre « officialisé » du groupe, les autres restant « invités ») ; guitares en strates accumulées qui viennent souiller, faire ployer cet éther, briser les arches… Et ce sens mélodique, toujours, qui vient surprendre – qui peut d’abord passer inaperçu, tant aucun motif ne sonne « rapporté », collé là pour choquer dans le contexte ; qui une fois qu’il a fait tendre l’oreille, à tel ou tel instant, laisse l’impression que ce n’est pas comme ailleurs, que c’est là justement – ailleurs – que ça va chercher sa substance, la forme de son dessin. Quelque chose à vrai dire d’assez… « Émo ». ! Mais pas au sens « post » - post-rock, post-core, post-black – trop courant, larmoyant, mièvre. Plutôt une sorte de mélancolie sèche, à la taille, la coupe épurée, exacte – quelque chose de quasiment… New Wave. C’est frappant, ça culmine, à mon sens – ce glissement du noir sans tain vers des gris nuancés ou tranchés, hors-genre à priori mais remarquables de cohérence avec l’ensemble, les volumes et lignes et teintes – sur All These Screams Through Me, longue pièce où le son laisse flotter ça seul, le détache, là où les autres plages dissimulent cette tournure dans la vastitude ou la touffeur de l’arrangement. D’ailleurs… Le titre d’après – conclusif – s’abat, jaillit en grêle particulièrement drue, cauchemar en marche qui n’en finit pas de s’épandre, d’obscurcir tout l’espace, le volume de l’air. Faux retour, à vrai dire – car le grain de cette violence-ci, accrue, encore, n’est pas tout à fait celui des quatre premières plages. Elle fait rupture, encore, après All the Screams… mais pas seulement avec elle. Elle arrache au cycle – celui de ce volet, son enceinte – celle du champ des morts. Plutôt : elle en frappe le sol, le fend, puis elle-même s’éteint, doucement, laisse revenir le silence.

L’étape d’après nous trouvera sous terre, avec « eux » ; on ce sont eux, peut-être, qui marcheront encore, là où nous existons.

note       Publiée le dimanche 24 mai 2020

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    Demonaz Vikernes Envoyez un message privé àDemonaz Vikernes

    Mon dernier Borgne. Il m'avait beaucoup plu à l'époque, mais je l'écoute difficilement aujourd'hui. Les 2 derniers titres sont vraiment réussis mais le reste de l'album me laisse indifférent.

    Note donnée au disque :