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Borgne › Entraves de l'Âme

cd • 7 titres • 42:47 min

  • 1Drown In Nothingness2:28
  • 2Tainted Utopia7:01
  • 3Die Trying to Take Off the Rope8:50
  • 4Dark Mirror7:47
  • 5Suffering to Buy Our Poison3:55
  • 6The Plague8:04
  • 7Moorwanderung3:42

informations

Pochette : Sperber Illustrationen. Artwork et Layout : Bornyhak et Industrie Chimère Noire. Cet album forme une trilogie avec les deux suivants, Royaume des Ombres (2012) et Règne des Morts (2015). Les trois disques sont réunis, avec 22 minutes de musiques inédites, dans le coffret 5LP Borgne Box Set Trilogy sorti par Those Opposed Records en 2018 (TOR066).

line up

Bornyhake (voix, cordes, basse, électronique)

Musiciens additionnels : Naser Ardelean (cordes et arrangements), Malefic (composition et instruments sur 1), Juno Nitta (solos de guitare, claviers et arrangements sur 3 et 6), C.z (instruments et arrangements sur 7), V (hurlements sur 3)

chronique

Une plage d’ambiance pas riante, au début, dont Bornyhake est... Absent. A la place, c'est Malefic, membre unique de Xasthur, qui joue, qui a composé, laissé son écot. Comme sur les disques dudit Xasthur, d'ailleurs ça fera le tri – entre ceux qui se demanderont « quoi ? » et ceux qui d’emblée vont décarrer. (La base de la misanthropie, de l’isolement faits musique ?). Ensuite…

Ensuite, eh bien : c’est bien du Borgne, qui déboule. De l’épique – les textures toutes teintées dans la masse, les mélodies d'une grandeur sale, brisée, hantée. La chose, tout de suite, a plus de chair – d’épaisseur de son – que tout ce qui avait précédé, dans la discographie. Les riffs sont doublés, triplés… La symphonie synthés-guitares enveloppe, drapent les blasts d’une morosité flamboyante, passionnée. Bronyhake cause – de gorge, étranglé – « d’Utopie Souillée », de crever en essayant de s’en sortir, au dernier moment, après le geste fatal... Les thèmes, quoi – du black dit « dépressif et suicidaire », l’habitude. Sauf que. Sauf que voilà : tout ça respire une colère vive, bouillante, un désespoir certes – mais défait de toute mollesse, qui s’élève comme un mur d’eau morte, gèle l’instant d’avant que la masse déferle sur nous. Pic d’angoisse étiré, ralenti, suspendu indéfiniment – et c’est une sorte de faîte, en effet, ça culmine, ça n'a de cesse.

Au vrai, la musique de Borgne – sur ce premier volet d’une trilogie qui courra sur les cinq ans à venir – trouve le sens plein de sa narration. Bien au-delà de cette pochette intrigante – là aussi les thèmes sont connus, ressassés, « de genre » (la forêt, les esprits blancs qui rôdent…) ; là déjà, le style, le rendu, émanent une atmosphère attirante et inquiétante, rêverie lancinante en mouvement – Entraves de l’Âme, Borgne, parviennent à « happer dans l’image », à nous basculer dans une dimension qui excède l’aplat, serait-ce celui, grandiose en ses trompes-l’œil, de la fresque allégorique. Cette musique nous plonge DANS les scènes. Une sorte de syndrome de Stendhal – comme exposé, interprété par Dario Argento dans le film du même titre, où les tableaux piègent ceux qui les contemplent (en l’occurrence, c’est Asia Argento). De là… On choisit d’explorer dans ces recoins ces lieux qui nous enserrent, veulent nous retenir, ou d’en fuir au plus vite. Pour ma part – et j’ai abordé Borgne par ce disque – j’ai dés ici voulu poursuivre l’expédition. Parce que le Noir y est une couleur – et ses nuances, perceptibles de mieux en mieux à mesure qu’on s’enfonce. Parce que là encore, là déjà – j’allais découvrir bientôt en insistant, que c’était déjà le cas sur les disques étrangement bricolés des débuts ; que ce serait encore comme ça sur les suivants, par-delà même cette trilogie – Borgne trouve toujours la chausse-trappe, sait les dissimuler sous d’apparents clichés – et qu’ici, ceux-là se dissolvent dès qu’on passe leur pas, le seuil, la ligne. C’est une question de composition, bien-sûr, d’arrangements – pas simplement de son ou « d’imaginaire », ou plutôt… De point où tout ça s’articule, devient même et devient mouvement. De sens, d’intention – à la fois patents, parfaitement sensibles, et cachés dans le Tout qu’il réalise, bien plus loin qu’une bête mise en place de scénar de genre (décidément), de moyens bien compris. De là certains détails, traits qui d’abord passent inaperçue, où ils pourraient surprendre, faire tiquer – solos heavy impeccable en plein paysages désolés, délétères, qui pourtant ne sonnent pas déplacés, pas grandiloquents (même pas grotesque, serait-ce dans un sens délibéré, expressionniste), traitement des batteries (boîtes à rythmes, il semble bien) qui varient, d’une plage à l’autre, les exposent sur différents plans, sans que d’abord on le remarque forcément, sans que ça choque par une quelconque impression de disparité, d’inconsistance du flux, du rythme. Et cette dernière plage, là aussi « d’atmosphère », là aussi synthétique (comme l’introduction) – mais qui ouvre, fait trouée, respiration, aspiration dans l’opaque de cette nuit prisonnière… Sortie des frondaisons – « dérive dans la lande ». La lune y luit haut – projette les ombres et marque les rides, les angles. C’est superbe, à vrai dire. Ça laisse dans l’attente – récepteurs grands-ouverts – de ce qui, sans doute, s’apprête à se fermer encore.

note       Publiée le samedi 23 mai 2020

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