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Acid Mothers Temple › Minstrel in the Galaxy

cd • 3 titres • 51:42 min

  • 1Cosmic Introduction3:08
  • 2Minstrel in the Galaxy41:38
  • 3St. Bel Canta6:56

informations

Enregistré et mixé par Makoto Kawabata à l’Acid Mothers Temple, Asuka, d’avril à juillet 2004. Masterisé par Tatsuya Yoshida. Produit par Makoto Kawabata.

Le nom complet choisi par la formation pour ce disque est cette fois-ci Acid Mothers Temple and the Melting Paraiso U.F.O. Photo : Makoto Kawabata. Artwork : Sachiko Kawabata.

line up

Hiroshi Higashi (synthétiseur, guitare ; Dancin’ King), Makoto Kawabata (guitare, sarangi bouzouki, tamboura ; Speed Guru), Hajime Koizumi (batterie ; Sleeping Monk), Atsushi Tsuyama (basse (monster bass), voix, guitare acoustique ; Cosmic Joker)

Musiciens additionnels : Pika (voix sur Minstrel in the Galaxy), Tiffany (voix sur Cosmic Introduction), Oni (voix sur Minstrel in the Galaxy)

chronique

Alors qu’on ne s’y trompe pas : ce disque, au vrai – malgré son titre-pastiche (piqué cette fois à Jethro Tull) – n’a rien d’une pantalonnade, du bout-rimé, de la farce de fin de banquet babos. Rien ici qui donnerait dans la veine « comique », grotesque, « pataphysique » (comme on lit souvent… mais qui de ceux qui l’écrivent ont lu un coup, vraiment, Jarry ? Moi, assez peu, je l’avoue) du groupe.

Au commencement, quelque chose, même, infuserait l’atmosphère d’une douceur un peu triste – un peu grave, spleen flottant ou rêverie qui médite – sur le morceau d’introduction acoustique (ou peu s’en faut). Une sorte de mélancolie, réminiscence d’un moyen-âge, de contrées, d’un folklore qu’ils auraient rêvé depuis leur archipel – des Cévennes psychédéliques qu’ils auraient parcouru, en dérive mentale, avec Robert-Louis (Stevenson, pardi) et son âne, dans l’aube où le crépuscule d’un autre siècle. (D’ailleurs, une certaine Fanny raconte quelque chose en français, enveloppé dans la réverb’ – ça dit « nous » et là aussi, le timbre est doux). Ça se poursuit en lente ascension, en phases-volutes, sur la longue plage-titre – comme une brume sur les reliefs, ceux qui font horizons, modelé. Ça s’étend, ça monte… Oni et Pika, du duo Afrirampo – en plus d’un des gars (à priori le bassiste) – viennent planer, elles aussi, sur le paysage, la perspective qui happe lentement (tant cette musique m’a toujours parue en trois dimensions – au moins – pas réductible au plat de l’image, simple stéréo ou pas). Elles semblent causer en langues, pendant que l’autre psalmodie, fait sa sorte de mantra balbutié. Et c’est beau, et ça monte, encore, doucement, disais-je – une sérénité pleine qui gagne, qui dilate l’espace, agrandit le souffle. Ça monte, oui… Jusqu’au point de basculement, le plateau dépassé ou se libère… L’intensité.

Ce disque, l’est, oui : intense. Et pas pour rire, ce coup, je le répète. Et beau – j’insiste. De cette « Galaxie » là, du point d’elle où ils nous prennent, on voit paraître l’immense soleil, détourant ce qui faisait obstacle – notre propre planète ? L’entendement borné de qui veut rester à terre sans voir qu’on y respire, que c’est notre principale, première, primaire condition ? On est pris dans le rayonnement – solaire, oui… c’est bien de ce genre d’éruption, qu’il s’agit. Elle s’étire, les guitares crachent et crament, flambent, éblouissent. Oni et Pika mêlent à ça leurs cris, onomatopées, scansions et filés improvisées à même la matière, la forme que tout prend – Space Whispers à la Gong, oui, propulsés dans cette autre sphère. Haut. Sans traces franchement patentes de jazz – ne serait cette propension endémique à la jam – ici, dans la forme, contrairement auxdits autres hippies, d’avant. Tout se confond – organes et cordes, textures, effets, s’amalgamant et essaimant une même substance, cohérente, ici, consistante, mais aux contours mobiles, sans cesse. Pas flous : mobiles. Elle s’ouvre encore, sans fin, il semble, oui – cette Galaxie. Et cet Acid Mothers Temple, là, au fil des découvertes, de mon parcours dans leur pléthorique discographie, reste un de ceux qui me « transportent » le plus, le mieux – un qui me « met bien », aussi, disais-je, malgré sa puissance électrique, l’emballement où elle se prend. C’est magnifique et grand – on n’y est pas effrayé, angoissé à l’idée que l’immense, profond mouvement nous avale.

Au bout – et la descente se fait sans regret de chute – on retourne à la terre. Il chante (est-ce Kawabata ou un autre ? … peu importe, au fond) – en un dialecte, il semble, bien plus proche de nos contrées que des leurs. (Occitan ? Gascon ? Autre variété de ce rhizome roman ?). Un chant simple, quelques arpèges, l’un et l’autre s’accompagnant (comme on marche ensemble, là encore, cheminant de versants en vallées, aux heures claires-obscures). Une fraîcheur émane – du sol, de la coupe des branchages et feuillages. Qu’on aille vers la veillée, le songe ou la journée, on emporte avec soit, qui persiste, la sensation qu’il s’est passé tout autre chose, cette fois, qu’un bête tour de jongleurs – ou que ceux-là, alors, ne prennent pas l’art des troubadours comme un pauvre métier.

note       Publiée le lundi 18 mai 2020

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    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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    D'rien, l'Alfred... J'en "ferai" d'autres, des AMT, dans pas trop, je pense.

    L'oumupo, j'avoue n'avoir pas du tout tâté - ni même entendu parler jusque là, il me semble. Je pense que j'irai me faire ma propre idée tôt ou tard - d'un pas peut-être un peu circonspect parce que oui, je peux l'être déjà sur les réalisation de l'oulipo dans le domaine littéraire/poétique, passé quelques bouquins de Perrec ou de Quenau, dont certains d'ailleurs (pas La Disparition, évidemment...) ne relèvent pas forcément ou pas évidemment (ce qui veut dire pour moi que "ça réussit au-delà du concept", quand c'est le cas l'inaperçue) de la "contrainte formelle/créative" qui est l'axe même du mouvement... Donc bon, on verra mais pas pressé ni bouillonnant, là, pour moi, d'y aller voir.

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    Alfred le Pingouin Envoyez un message privé àAlfred le Pingouin

    Il est super, sinon, ce disque! Merci Dio!

    Et l'Oumupo, y a la musique de Tom Johnson qu'est extraordinaire, mais sinon c'est assez couillon, justement, dans la musique il y a toujours des contraintes, c'est pas une découverte, et dans le minimalisme d'autant plus.

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    nicola Envoyez un message privé ànicola

    Et pas loin du tout, on a l’Oumupo que les dodécaphonistes ont plagié par anticipation.

    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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    Oui. C'est après, mais oui. (D'ailleurs j'ai lu davantage, ça, l'oulipo, mais c'est pas la question).

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    nicola Envoyez un message privé ànicola

    Le collège de ’Pataphysique, c’est aussi l’Oulipo.