Muslimgauze › Flajelata

Ca s’étoffe…Nous sommes en 1986 et Bryn Jones compose plus vite, compose mieux. Toujours la même technique, un rythme qui tourne et des couches qui enveloppent. Les sonorités commencent gentiment à sonner moins datées, les percussions itou. Même si certaines notes de clavier demeurent présentes, tout au moins contribuent-elles réellement à poser une vraie ambiance, ainsi sur le bon ‘Mujahideen’ avec sa cadence de marche dans le désert. On fronce les sourcils sur le départ de ‘Hezbollah’ mais la touche synthétique maladroite est équilibrée par les samples orientaux et un jeu percussif plus assuré. Curieusement, alors qu’il nous a plongé dans une atmosphère arabisante marquée sur quatre morceaux, Bryn Jones change soudainement de thème et de registre en rendant hommage au Père Popieluszko assassiné pour son opposition au régime communiste polonais au travers d’une courte pièce tissée de loops de violon synthétique que n’auraient pas renié Les Joyaux de La Princesse. Interlude car dès le départ de la face B, nous retournons en Orient avec un ‘Cahcot’ pas inintéressant mais laborieux dans sa tentative de faire cohabiter dub décousu et roulements rapides évoquant les danses tribales bédouines. La fin de disque commence à puer le recyclage puisque on y retrouve quelques-unes des boucles de cordes utilisées précédemment réarrangées avec d’autres sonorités mais ces collages sentent l’improvisation plus que les titres solides pour un résultat très brouillon et amateur. C’est bien dommage car en trois ans à peine et cinq albums au compteur, le projet témoigne déjà d’une franche vitalité et d’une orientation musicale évitant la facilité qui améliore continuellement ses outils. Bryn Jones aurait simplement dû apprendre à trancher dans ses bandes pour ne garder que le meilleur…