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Fushitsusha › Secret Black Box

  • 2003 • aRCHIVE aRCHIVE 1-6 • 20 copies • 6 CD

cd 1 • 4 titres • 70:12 min • i

  • 1Secret Black Box I39:38
  • 2Secret Black Box II4:18
  • 3Secret Black Box III20:36
  • 4Secret Black Box IV5:40

cd 2 • 4 titres • 63:55 min • ii

  • 1Secret Black Box V18:47
  • 2Secret Black Box VI7:07
  • 3Secret Black Box VII19:01
  • 4Secret Black Box VIII19:00

cd 3 • 5 titres • 69:07 min • iii

  • 1Secret Black Box IX12:11
  • 2Secret Black Box X19:27
  • 3Secret Black Box XI10:31
  • 4Secret Black Box XII9:05
  • 5Secret Black Box XIII17:53

cd 4 • 2 titres • 65:18 min • iv

  • 1Secret Black Box XIV28:34
  • 2Secret Black Box XV36:44

cd 5 • 3 titres • 59:10 min • v

  • 1Secret Black Box XVI12:49
  • 2Secret Black Box XVII15:37
  • 3Secret Black Box XVIII30:44

cd 6 • 5 titres • 63:04 min • vi

  • 1Secret Black Box XIX15:24
  • 2Secret Black Box XX16:43
  • 3Secret Black Box XXI13:32
  • 4Secret Black Box XXII5:55
  • 5Secret Black Box XXIII11:30

informations

Enregistré le 13 décembre 2003 à l'Université Hosei, Tokyo.

Coffret 6xCDr.

line up

Keiji Haino (guitare, voix, instruments divers), Yasushi Ozawa (basse)

chronique

Les civilisations antiques ont longtemps cherché à se lier au cosmos, à toucher au divin, alors que leurs racines trempaient dans un bain de cruauté. Quignard le sait bien, la musique a joué un grand rôle dans ces ablutions dignes d’une Bathory. Ainsi, la culture précolombienne Chavín cherchait sa verticalité dans les murs des pyramides, en se servant des temples comme caisses de résonance pour le pututu, conque cérémoniale soufflée à l'occasion de rites initiatiques pour aspirants au culte. Des cocktails psychotropes se mêlaient à une mise en scène liturgique, favorisant les visions psychédéliques sur fond de sonorités étranges qui cherchaient tantôt à apaiser les disciples, tantôt à les affoler jusqu’à un état de tension extrême. Épreuves physiques éclairant les cryptes sur le chemin de la renaissance cathartique. La souffrance allait de pair avec la pensée des anciens, si bien que la Grèce antique, ce « berceau de la démocratie », ne manquait pas d'imagination en matière de sévices aux condamnés. Né en Sicile, le taureau de Phalaris, dans lequel on faisait brûler le supplicié, était conçu pour transformer les cris du malheureux en mugissements afin de satisfaire l'ivresse du tyran. Un instrument de torture et de musique ; les deux fonctions entretiennent une relation profonde. De nos jours, la musique n'a pas tellement perdu en sacralité. Elle a même développé ses rapports avec bruit et souffrance depuis le siècle dernier. Pour s'en rendre compte, quelle meilleure preuve que cet extraordinaire concert de Fushitsusha donné à Tokyo le 13 décembre 2003 ? Presque sept heures d’une performance amplifiée, déclinée en vingt-trois tableaux – un Léviathan qui constitue la première série (quoique non-officielle et à tirage ultra-limité) du défunt label aRCHIVE et dont le statut est devenu mythique. Auréolée de mystère, la nature du groupe de rock protéiforme y dévoile ses multiples avatars, échappant, au détour de chaque moment de répit, à une quelconque classification. Haino n’est pas un mystique. Pourtant, il canalise des forces qui échappent au commun des mortels. Le faux gourou fait vibrer les murs de l'université de Hosei avec son fidèle acolyte, le bassiste Yasushi Ozawa et, par le son, tente d’insuffler la vie au monstre de sa création. Le puissant acid-rock aux contours volumineux, dévorant les six premières parties, est semblable au double live de 1989 ; il prolonge les riffs en hauteur, sans batterie. Le triptyque suivant lénifie par des flèches de shakuhachi accompagnées de boucles percussives, et s’ouvre sur un chant éthéré. Les deux officiants font tonner la grosse caisse vers le ciel, implorent cithares, clochettes, soûtras chamaniques. Puis, une guitare blues glisse vers le bas, s'engouffre dans un vortex électronique, traverse les profondeurs de l'âme ; d’abord en nervosité pure, puis tout en émotion planante. Grand trip hallucinatoire puis recueillement minimaliste, orgie contemplative aux sonorités étranges de vielle à roue. Haino déballe une large partie de son répertoire et emploie son talent à transcender les genres pour ne faire qu’un avec le tout. C’est là l’étendue de sa mimêsis atonale. Les derniers pseudo-accords disloqués transpercent la croûte musicale, nous embarquent dans une odyssée aux confins plasmatiques de l’horizon cosmologique. Au centre, l'homme vit le pathos de sa condition. Son douloureux appel est un cri dans le néant.

note       Publiée le mardi 12 mai 2020

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    DukeOfPrunes Envoyez un message privé àDukeOfPrunes
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    On est d'accord :) Au passage, un complément (de taille) disponible gratuitement en streaming sur le web, que je ne saurais que conseiller : http://arika.org.uk/archive/items/music-lovers-field-companion-05/secret-music

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    taliesin Envoyez un message privé àtaliesin

    Oui oui oui chef-d'oeuvre absolu !!! <3

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