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Harutaka Mochizuki › Through The Glass

cd • 2 titres • 30:43 min

  • 1Untitled19:43
  • 2Untitled10:20

informations

Enregistré à Ezaki Hall, Shizuoka, Japon.

Existe également en cassette audio.

line up

Harutaka Mochizuki (saxophone)

chronique

Les petits oiseaux ont le pouls rapide. Un instant d’inattention, et voilà qu'on laisse filer une découverte à tire-d’aile. Au sein du Die Like A Dog Quartet, Peter Brötzmann semblait jouer avec le sens qu’on pourrait prêter au titre du double volume FMP sorti en 1998 : lui et son saxophone bombardier n’ont rien de poids plumes. On sait bien que le free jazz et l’improvisation libre ne sont pas toujours des duels, des échanges de salves tonitruants, mais ces genres-là peuvent-ils faire une place aux êtres plus fragiles ? Pour s’en convaincre, il suffit de tendre l’oreille, d’observer Harutaka Mochizuki. La silhouette courte et fine, le dos voûté comme pour protéger son instrument, les genoux serrés l’un contre l’autre, les yeux fermés dans une espèce de concentration crispée. La bouche au contact de l’anche, les doigts qui tâtonnent pour laisser échapper des petits cris dans le pavillon de son alto. Mochizuki tient de ses illustres prédécesseurs : l’illustre Kaoru Abe, le discret Homei Yanagawa, l’inénarrable Masayoshi Urabe. Ce qui le distingue, c’est une allure ordinaire qui paraît cacher, au fond, quelque chose de cassé. Depuis 2004, le saxophoniste s’efforce de diffuser sa musique, en autoproduction ou chez divers éditeurs spécialisés qui tentent de rendre justice à son talent solo. Le distributeur de metal extrême nippon Deathrash Armageddon, par l’intermédiaire de son sous-label Nova – déjà attaché à redorer le blason du grand oublié Aishi Oyauchi – signe en 2016 Through the Glass, disque superbe dont découlent deux morceaux précieux où l’on entendrait une mouche voler, un cœur battre au creux de la main. L’intensité sans artifice, dans la simplicité et l’humilité. Ça ne triche pas. Le jeu est épuré, il susurre, il râle. Mochizuki ne cherche pas à enchaîner les notes. Il va les chercher, une à une, pour les expulser de ses poumons. Son travail est celui de la texture, de la couleur, tout simplement le son. Le contrôle du geste, au dernier moment et en toute transparence. Pour enfin briser la glace ? À la fin du premier morceau, délicatesse ultime : un verre éclate. Le chant de l’improvisateur cherche à communiquer avec le reste du monde, son reflet ne veut pas accrocher ses ailes au grillage. Il veut pouvoir étendre ses ailes et prendre son envol. Ouvrez, ouvrez la cage aux oiseaux…

Bon
      
Publiée le dimanche 10 mai 2020

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    DukeOfPrunes Envoyez un message privé àDukeOfPrunes
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    Il y a eu pas mal de discours erronés sur "l'underground japonais" dans les années 2000, en tout cas des inexactitudes, des grossissements de traits. L'avantage des entretiens, c'est que l'information est brute. Bon, il arrive que les Japonais répondent volontairement à côté ou de manière laconique, mais c'est toujours mieux que rien. Dans le livre, on voit certaines questions éludées : c'est parfois une manière polie de dire "je ne souhaite pas m'exprimer à ce sujet"... Et à partir de là, on ne peut que spéculer !

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    saïmone Envoyez un message privé àsaïmone
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    L'entretien avec Masami Akita, qui est le tout premier (sans doute volontairement), est vraiment surprenant : ce gars est vraiment le prototype du nerd intello, que j'imaginais pas autant fondu de philosophie française, ni aussi "méta" dans le game. Mais c'est toujours sympa de se faire remettre les pendules à l'heure, sur le principe de la japanoise, qui a pour seule caractéristique commune, non pas d'être japonaise (encore que), mais en réalité, de ne pas être politisée (contrairement à la noise UE) et d'être surtout la fille des groupes psychédéliques (bon ça on le savait déjà). La perspective, c'est cool ! Et la chute des vieilles légendes aussi (Yoshihide réussissant à avouer qu'il n'avait rien appris de Takayanagi alors qu'on le ramène toujours à ça parce que c'est une légende, c'est assez marrant). Bref, grosse lecture, qui va sans doute me refaire tomber dans le chaudron...

    DukeOfPrunes Envoyez un message privé àDukeOfPrunes
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    Il y a de quoi nourrir de futures chros en ces lieux ! J'en salive d'avance.

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    saïmone Envoyez un message privé àsaïmone
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    Je suis d'ailleurs en train de le lire, ces dialogues sont vraiment passionnants

    DukeOfPrunes Envoyez un message privé àDukeOfPrunes
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    Pour info, le bouquin dont parlait dustedhead est paru chez Lenka Lente "Micro Japon". Recommandé !

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