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Alvarius B. › With a Beaker on the Burner and an Otter in the Oven

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Dioneo      mardi 5 mai 2020 - 19:15

cd1 • 17 titres • 55:24 min

  • 1Natural Wonder4:48
  • 2Yellow Dog Prairie2:37
  • 3Open2:13
  • 4Their Words Disappear2:08
  • 5Zion the Rocket Ship5:09
  • 6Smokin’ to Live2:01
  • 7The Fort3:14
  • 8Central California Nightmare2:42
  • 9The Valley2:09
  • 10Sentimentalitis2:40
  • 11The Reason7:59
  • 12Big Mistery2:34
  • 13Mark Twain August3:21
  • 14Deark In My Heart2:51
  • 15Obelisk2:53
  • 16Are You Sure ?2:51
  • 17Locust Rain3:14

cd2 • 18 titres • 55:22 min

  • 1Fine Line2:00
  • 2Me & Me2:28
  • 3The Devil’s Spine3:05
  • 4Some Kind of Difference2:10
  • 5Trains2:41
  • 6A New Humdinger2:11
  • 7If You’re Gone3:47
  • 8ILL3:04
  • 9Crackled Witch2:19
  • 10Icicle Pillar2:37
  • 11I’ll Carry Your Dwarf2:42
  • 12Green Thumb3:15
  • 13GPS3:59
  • 14Cantaloupe Brain2:53
  • 15Mandolyne2:05
  • 16Suitcase Handler2:47
  • 17Take the Veil Down2:19
  • 18Wanted Man9:01

informations

Enregistré par Adham Zidan, assisté d’Alvarius B., Evan Schiller et Hussein Sami. Mixé par Adham Zidan. Masterisé par Evan Schiller. Produit par Adham Zidan et Alvarius B.

Artwork : Alvarius B. Layout : Mark Gergis. L’album est également sorti, la même année (2017) sous la forme de 3 vinyles (LP33t) vendus séparément, déclinant le numéro de côte du double CD et portant chacun un titre de volume ou « sous-chapitres » – Vol. 1 : Natural Wonder, ABDT059A ; Vol. 2 : A Mark Twain August, ABDT059B ; Vol. 3 : Heathen Folklore, ABDT059C.

line up

Alvarius B. (chant, guitare acoustique, basse électrique), Milky Burgess (banjo électrique, guitare électrique), James Davis (basse électrique), Maurice Louca (guitare slide), Don McGreevy (batterie, percussions), Evan Schiller (batterie), Sam Shalabi (guitare électrique), Cherif El Masri (guitare électrique, voix, piano électrique), Adham Zidan (orgue, voix, piano électrique, piano, effets, clavinet, clavecin, mellotron, synthétiseur), Aya Mahmoud Hemeida (voix, tabla, hurlement), Karim Ghazoly (batterie), Morgan Mikkelsen (batterie), Hana Al Bayaty (voix), Robert Millis (guitare électrique)

chronique

Alan Bishop n’est pas seul. Plus seulement dans sa tête, je veux dire - ça, on s’en était rendu compte, à sonder la discographie sans limites palpables des Sun City Girls, ses apparitions au sein des Master Musicians of Bukkake, autre bande de désaxés, ses propres disques sous le présent nom, Alvarius B. Non, je veux dire : cette fois-ci, c’est tout un groupe, qui joue avec lui, autour, font un monde avec ses compos. Des Égyptiens, beaucoup – membres d’Invisible Hands ou Dwarfs of East Agouza, formations basées au Caire où Bishop sévit également ; des compatriotes/concitoyens des alentours de Seattle, collaborateurs habituels dans Master Musicians of Bukkake, donc, un Montréalais qui opère chez les dénommés Land of Kush (Sam Shalabi), un Norvégien qui a dû arriver là par Ricochets (Morgan Kittelsen)… Ça joue, tout ce monde – aéré mais précis, tout le monde en a suffisamment dans les pattes pour balancer en toute décontractions sans que ça s’égare, que ça parte en jam sans direction.

En terme d’agitation, à vrai dire, ça n’est plus la même ! L’orchestre est bien moins déglingué que chez les déjà citées Sun City Girls, beaucoup moins porté sur l’impro délirante (au sens plein), sur l’exotisme vicieusement tordu – celui qui nous faisait prendre une chanson marocaine pour un truc du fin fond de la Cochinchine, faisait sauter nos neurones à coup de ragas électriques dissous dans la noise, le free, les fumées de circuits cramés. Le jeu est bien moins braqué – moins branque – que sur les disques tout à fait solo (à un ou deux invités ponctuels près) du type Alvarius. Pas de John Fahey frappé par une soudaine attaque de Haut Mal, ici, pas vraiment de cousinage avec les cordes à nœuds, la country-folk barbelée d’un grand cinglé genre Eugene Chadbourne… Non : là ce sont de véritables chansons – finement écrites, arrangées à merveilles, lacis de guitares électriques et acoustiques volubiles mais toujours justes ; orgues mousseux, autres claviers (Rhodes ?) aux vernis odorants ; harmonies vocales sur des lignes modales nuancées, majeur/mineur/extensions… Quelques accès, instants de boucan, de dissonance, qui reviennent en flashes pour bouter l’étincelle, toutefois, rappeler chez qui on est entré – l’intro de The Reason, magnifiquement crissante. Une certaine lenteur générale – un côté « jour de fermeture prolongé jusqu’à nouvel ordre ». Sauf que voilà, donc : chez Bishop, le Nouvel Ordre quel qu’il soit, on n’en veut pas ! (Chez les Bishop, devrais-je dire, vu que chez son frère, Sir Richard, l’ambiance n’est pas plus à ce genre d’embrigadement). Et ne nous y trompons pas : sous ses airs tranquilles, posés même, ce disque reste un bon gros chapitre de philo post-beat, Alvarius (ni les autres) pas venu là pour marcher au pas ou chanter le bon vieux temps, d’ailleurs, plus que l’avènement d’un âge d’or du digital. Bishop joue encore de ses obsessions – la clope, toujours la clope, qu’il fumera jusqu’à ce qu’elle ait son dernier souffle, sinon sûr qu’il en crèverait. (C’est con ? Eh… Bishop aime bien jouer au con, d’un absurde humour noir-goudron, noir-remontées d’huile, noir volute d’incendie au-dessus d’un pipe-line). Le vert qu’il porte « parce que c’est la couleur de la Folie ». Bishop ramène encore sa grande gueule de misanthrope au crâne désormais luisant, aux lunettes noires visées là-dessous, au sourire vachard quand il vous décoche une saloperie bien sentie. Le truc – qui fait que ça ne sonne jamais vieux machin bloqué dans une rébellion d’un autre temps, morte-vivante ou mort-née et lui avec – c’est que le mec, donc, écrit foutrement juste, en érudit aux sources multiples, lettré mais jamais confit dans l’admiration des Anciens ou d’autres Génies. Il y a aussi que le mec est drôle – véritablement, derrière cette incarnation de chieur acariâtre toujours là pour taper sur tout, de bourlingueur amer, désabusé. Il y a aussi qu’une sorte de colère joyeuse refait surface, au fil, sardonique mais pas à proprement parler cynique, plutôt à juste distance (c’est-à-dire en dehors) du cynisme facile autant que de la béatitude de troupeau (… et on sait où ça mène, d’être troupeau). Il y a encore que ça chante à merveille ces mots lâchés, pesés mais libres, et que le groupe chante avec, que ça fait un rythme sans absences, sans monotonie, eux tous ensemble, avec les variations.

Une sorte de « folk païen » comme il dit (comme dit le sous-titre du troisième et dernier disque de la version vinyle de la chose) – mais alors oubliez les révérences à quelques divinités aussi « poly » soient-elles en lieu et place d’un Sauveur et Rédempteur unique. Païen, ici, voudrait dire quelque chose comme viveur – comme vivant, se mouvant toujours hors de l’ombre des pouvoirs, des murs de leurs geôles, concrètes ou morales, moralistes. Ça demande, encore une fois, d’atteindre à une certaine décontraction, ça – siffloter dans la pluie de braises, comme il fait, là, sur The Devil’s Spine. Ça exige de ne pas prendre trop au sérieux – au totalisant à son tour, à l’ââârt – la forme que va prendre cette liberté. Ça veut dire que la blague, l’absurde, peut-être quand elle s’y met ce qu’il y a de plus beau là-dedans – et un truc comme I’ll Carry Your Dwarf (chantée d’une voix d’or flottant, filant, par une certaine Hana Al Bayaty) laisse rêveur, à ce chapitre. Ça veut dire que les vieilles mythologies sont là pour qu’on en fasse sortir les esprits frappeurs plutôt que d’autres Tables de la Loi – Mark Twain, les trains petit-et-grand-véhicules du hobo des vieux blues, clochard plus ou moins vaguement céleste. Ça veut dire qu’arrangements à la Morricone (volontiers pas loin, chez ce type – cf. son Baroque Primitiva de 2011) ; cordes qui grattent à la Blind Lemon Jefferson ou Skip James, slide ou pedal-steel à la western swing, à la Hank Williams et pléthores plus obscures ; Hammond glissants et « strumming » élastique façon surf-garage… tout est bon pour le dire, pour que ça sorte avec le tour adéquat. Ça veut dire qu’on n’est pas à l’abri de se prendre sans semonce, au détour d’une vacherie torve ou de l’autre, un coup de confession sincère, de cœur-ouvert qui n’essaye même pas de faire croire que ce serait une fiction de plus sans plus (If You’re Gone… vraiment touchante avec ses chœurs en strates façon David Hykes ou pas loin).

Bien-sûr : ce disque est long, et plein – une heure cinquante entre le Natural Wonder aérien, doucement « orientalisant » qui ouvre le CD1 et le saccage en roue libre du Wanted Man de Dylan (avec petite pique à Nick Cave qui l’avait repris en son temps, bien avant) qui conclut le CD2. Seulement on s’y prend, on s’y plait très vite, dans sa touffeur – parce qu’elle est riche pour de bon, et sans biscotos pour l’épate, accueillante dans la rudesse du ton, du gars qui dégoise (elle fait du bien, à ne pas vouloir nous amadouer, nous flatter, dire « nous » ; plutôt « je vous aurai prévenus, c’est vous qui voyez »), dans la foison des atours qu’ils y mettent, tous, des tombés élégants et des détails parfois brillants mais jamais précieux, lui et tous, parce que les brèves poussées plus dépouillés sont placées juste où il faut, aussi (GPS et ses guitares qui viennent nous brasser au sortir du limbique Green Thumb). Le jazz, le blues, le folk, TOUS LES FOLKS pris au même niveau, et Tom Waits qui percute les Beach Boys dans le Désert de Van Vliet (Cantaloupe Brain) – artisanats de magnificences à ras de l’os, des raretés torrentielles, tout ça. Une vraie profondeur dans le par-dessus-la-jambe affecté – le sens de l’essentiel dans le développé, du plus vrai par le plus à côté de la plaque, pour les logiques d’application, de canons, de révérence. On ne révère rien, ici. On prend divers plaisirs. On doit pouvoir chopper deux ou trois autres démangeaisons, à s’y frotter sans précautions prophylactiques.

Ah, et sinon : ne vous avisez pas de toucher à son bagage ! Vous ne voulez pas savoir ce qu’il leur fait, l’homme B., aux grooms trop empressés qui voudraient reluquer là. On n’a jamais retrouvé la moindre trace du dernier qui avait tenté le coup. Y’en a qui susurrent qu’il l’aurait débité avec sa mandoline avant de l’éparpiller au fond des fins des continents – façon Osiris mais sans résurrection, sans gloire, sans Isis et Nephtys pour sortir après ça les bouts de dessous le sable. Kaput pour de bon, l’indélicat larbin… Quand il vous dit – quand ils vous le tissent tous ensemble en épopées et rondos patchworkées : qu’on ne peut compter que sur soi-même. (Et encore, les bons jours – les pairs, c’est à dire ; ou les impairs ; merde, je sais plus trop… Foutu whisky nippon qui vient de nous boire jusqu’à la lie… Et vivement demain matin, qu’on se mette une fois de plus bien campés sur nos cannes).

note       Publiée le mardi 5 mai 2020

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