Mark Lanegan & Duke Garwood › With Animals

Mark et Duke repartent à la pêche aux âmes, dans les plaines sans fin. Comme avec Black Pudding, il suffira de se laisser bercer, et ça ira tout seul. Se laisser cajoler, ourson docile, par le tempo pataud, s'assoupir dans la mollesse spectrale de chaque motif. Mais attentif, toujours, à recueillir le suc de cette voix, qui rôde entre râle rugueux et berceuse traditionnelle. Lovée dans ces pouls electro-mou, habillée par ses mélodies sans âge de Garwood, égrenant des "murderer" et des "sorcerer" au parfum maudit, des rimes d'apparence americananodine, qui prennent de l'épaisseur dans l'écho tendre des cordes. Un sifflement au loin, aussi, qui nous rappelle des souvenirs agréables... With Animals est une soie de Lanegan, un Lanegan à la beauté fugace, presque insaisissable. Une dimension folk-blues downtempo, d'ombres semblables à ce joli barbouillis de duvet et de ténèbres. Même si With Animals n'est pas le plus charismatique des Lanegan, ni le plus captivant, c'est à coup sûr l'un des plus propices à la rêverie, comme le suggère bien sa pochette très "paréidolique". Un des albums ultra-confidentiels du gars, pas du genre à s'imposer mais présents. De ces disques intimes qui semblent avoir toujours été là, tout près de vous mais pas trop, blottis dans ce coin poussiéreux du meuble. Moelleux comme le songe d'un vieux chef indien.