« So, what do you call a guy who eats his own flesh ? …. Inventive ». Quand on remonte un peu la discographie de Razorback records, on se rend vite compte à quel point les premières sorties du label étaient plus gore et trash que la suite (c’est dire)… Ici sur ce premier Lord Gore, derrière la pochette très manga « ero-guro », on tient un disque aux textes particulièrement imprégnés de cette horreur glauque, héritée des slashers les plus crades des 80s, et les affreux y sont allés de bon cœur sur la dégueulasserie… pas au détriment de la musique d’ailleurs, car même si The Autophagous Orgy pourrait laisser craindre au premier abord une bouillie inaudible, on reste ici dans la tradition du label, donc assez loin du slam death de 8eme zone ou du goregrind inaudible. D’autant que l’on retrouve chez Lord Gore des membres de Frightmare, d’Engorged et des délicats Fornicator, soit un regroupement de musiciens dont on imagine assez bien les saines aspirations, tirées de longues après-midi défoncés, passées à mater en boucle Bad Taste et Street Trash (ce dernier fournissant quelques samples disséminés ici), avant de se rendre en répét’ avec le bon vieux Eaten Back to Life de tu-sais-qui en fond sonore sur le chemin. Des bourrins donc, mais des bons, et si on se retrouve donc en présence d’un death-grind bas du front et garanti pure A.O.C., fourni avec son lot d’influences habituelles, Lord Gore nous fait patauger joyeusement dans son atmosphère, à grand renfort de mid-tempo poisseux et de la traditionnelle alternance de vocaux bien immondes... avec des petites surprises, comme ces moments plus typés hardcore, ou les quelques solos stridents qui déboulent au détour de certains morceaux... et ce chant « gras » qui dérive parfois dans un gargouillis épais, effet classique, mais toujours aussi ignoble, d’autant que la production bien organique donne à l’ensemble un côté très viscéral. Pour enfoncer le clou, ils ont exhumé un morceau de l’ancêtre Impetigo en clôture du machin, et si le son y est un peu plus roots, disons qu’on reste dans l’ambiance. Alors certainement, on atteint jamais ici la foutracité d’un Autopsy ou l’hystérie maniaque d’Embalmer, mais il n’empêche que Lord Gore reste tout de même un des bons rejetons de cette joyeuse bande de tarés.