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Pulp › Different Class

  • 1995 • Island CID 8041, 524165-2 • 1 CD
  • 1995 • Island ILPS 8041, 524165-1 • 1 LP 33 tours

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Membre Note Date
Klozer      dimanche 6 décembre 2020 - 23:37
Dariev Stands      mardi 21 avril 2020 - 15:27
E. Jumbo      mardi 21 avril 2020 - 15:15
Wotzenknecht      lundi 20 avril 2020 - 22:08
Rastignac      dimanche 25 septembre 2022 - 13:01
julayss      jeudi 4 novembre 2021 - 13:17
Richard      mardi 21 avril 2020 - 18:37
Seijitsu      mardi 21 avril 2020 - 09:22
allobroge      lundi 28 novembre 2022 - 22:07
Raven      lundi 20 avril 2020 - 22:24
SEN      lundi 28 novembre 2022 - 22:17

cd • 12 titres

  • 1Mis-Shapes
  • 2Pencil Skirt
  • 3Common People
  • 4I Spy
  • 5Disco 2000
  • 6Live Bed Show
  • 7Something Changed
  • 8Sorted For E's & Wizz
  • 9F.E.E.L.I.N.G.C.A.L.L.E.D.L.O.V.E.
  • 10Underwear
  • 11Monday Morning
  • 12Bar Italia

informations

Chris Thomas (production), David "Chipper" Nicholas (ingénieur son), Kevin Metcalfe & Geoff Pesche (mastering)

line up

Jarvis Cocker (voix, guitares Vox Marauder, Ovation 12, Sigma acoustic ; Roland VP-330, Roland SH-09, Mellotron, Micromoog, Synare), Russell Senior (guitare Fender Jazzmaster, violon), Candida Doyle (orgue Farfisa Compact Professional II, Ensoniq ASR-10, Korg Trident II, Minimoog, Fender Rhodes piano, Roland Juno 6, Roland SH-09), Steve Mackey(basse Musicman Sabre), Mark Webber (guitares Gibson ES 345, Gibson Les Paul, Gibson Firebird, Sigma acoustic, Casio Tonebank CT-470, piano Fender Rhodes, Roland Juno 6), Nick Banks (percussions Yamaha, cymbales Zildjian)

Musiciens additionnels : Gavyn Wright (chef d'orchestre), Anne Dudley (arrangements orchestraux)

chronique

  • jarvis cocker contre tout

« We want your homes, We want your lives, We want the things you won't allow us... » Cela aura pris dix-sept ans à Pulp pour tout rafler. Suffisait-il de le dire haut et fort, par ces furieux prolégomènes qui traversent 'Mis-Shapes' ? Different Class dit tout, balance tout, sans retenue ; se complaît voire s'extasie dans l'excès (les 48 canaux de la table de mixage saturés d'instruments en tous genres), le péché, la drogue, l'adultère, l'envie, la jalousie... tout ce que la bien-pensance anglaise exècre encore. Different Class, c'est dans le titre et sur la couverture, veut la peau du bourgeois, comme Jacques Brel. 'Common People', que dire qui n'a pas déjà été dit sur cet hymne se foutant de la gueule d'une demoiselle de la haute qui voudrait faire un peu de tourisme prolo, c'est-à-dire se faire Jarvis lui-même et faire semblant de ne pas avoir de thunes (les anecdotes apocryphes à cette histoire ont aussi leur dose d'ironie) ? Ces bribes post-Thatchériennes sur l'hypocrisie de la société restent valables aujourd'hui même en restant bien ancrées dans leur époque. Le désenchantement n'est pas non plus nouveau en Grande-Bretagne, mais il devient un accessoire de mode indispensable à la britpop, avec cette touche de « kitchen-sink drama ». Ian Anderson, fondateur de The Designers Republic à qui l'on doit le logo de Pulp et bon pote de Jarvis, décrit le cynisme ambiant avec éloquence au détour du bouquin A-Z de ladite boite (je traduis) : « J'en ai eu ras le bol de l'austère ironie anglaise. À l'époque il y avait pleins de bouquins avec des titres tels que «Pourquoi tout est de la merde » et autres. Il n'y a que les gens ennuyeux qui s'ennuient. » Mais ce n'est pas non plus là que se trame le vrai miracle de cet album, pas plus que dans cette fameuse écriture effrénée de huit titres sur douze en quarante-huit heures. Jugeons la musique : ces orchestrations cinématographiques luxuriantes et exubérantes, tour à tour rock, disco, new wave qui ont sûrement coûté un bras au label pourraient être trompeuses prises dans le mauvais contexte, j'en sais quelque chose. C'est que je n'ai pas découvert le groupe par 'Common People' mais bien 'I Spy' en 1996, coincé entre Massive Attack et Danny Elfman sur la B.O. du Mission Impossible avec le jeunot Tom Cruise. C'est aussi cela les nineties, ces cds de « musiques inspirées de » sorties en parallèle de blockbusters remplis à ras-bord de hits alternatifs du moment, compiles dont le cynisme mercantile m'échappait alors totalement. Dans ce contexte, 'I Spy' m'apparaissait comme une trame noire et épique, intensément puissante dans sa progression légendaire, qui devait causer d'une affaire d'espionnage. Du haut de mes dix ans, tout juste comprenais-je les mots 'Shove it up your ass'. Il m'en aura fallu quinze de plus pour réaliser que c'est un exemplaire de « Une année en Provence » qu'il invitait à se carrer dans le minestrone. Je n'invente rien, c'est dans les paroles. Le choc... J'ai vite fait de me procurer l'album et dans la fausse idiotie de l'exutoire de la bande à Jarvis, tout s'est remis en place. Ces bonds magistraux entre moment intimistes et chorus flamboyants, ces faux titres discos, ces titres de stade suivent les élucubrations les plus puériles de Cocker. Et c'est ça qui est bon. Du haut de ces trente-trois ans, il n'a pas eu besoin, comme nous tous, de se monter une B.O. personnelle « inspirée de ». Non, il l'a composée lui-même. Un orchestre avec tous les instruments du monde qui vous suivrait partout, qui résonnerait avec vos mots, vos angoisses, vos prouesses et désastres sexuels, comme les trente canards de l'autre, voilà le vrai miracle. On se rappelle notre copine d'enfance ? Faisons-en un hymne space-rock. On se fait la femme du voisin ? Une petite ballade sarcastique. D'ailleurs combien de conquêtes, ou conquêtes avortées, en prennent pour leur grade ici ? «Now every night she plays the sad game, Called pretending nothings going wrong, Oh, but she knows, If this show was televised, No one would watch it » ouch. Même les drogues, ni villifiées ni particulièrement ensensées sur 'Sorted for E's and Wizz', ne le font rêver plus que cela. Les choses vont changer après le succès phénoménal de cet album-plongée dans le tourbillon de sa mesquinerie, la drogue et l'excès reprendront de l'avant pour l'anti-glamour This is Hardcore. En attendant, Pulp nous a pondu là a un des miracles intouchables de l'époque, coïncidence des opposés pour parler comme un bourgeois, entre misère émotionnelle et exultation d'icelle. S'ils n'ont pas pu racketter la maison des riches ils se seront introduits dans plus d'un millions d'entre elles – un succès qu'il faudra apprendre à négocier, quand on chante pour les petites gens.

note       Publiée le lundi 20 avril 2020

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Note moyenne        11 votes

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GrahamBondSwing Envoyez un message privé àGrahamBondSwing

Common people...like me !

allobroge Envoyez un message privé àallobroge

Je lui préfère amplement "His 'n hers" ! Pulp c’était quand même pas mal, mélodies souvent hors pair et une petite nouvelle par chanson, miam.

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Rastignac Envoyez un message privé àRastignac
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Se chante à tue-tête cet album.

Note donnée au disque :       
born to gulo Envoyez un message privé àborn to gulo

Ouais, nique le darkos.

dariev stands Envoyez un message privé àdariev stands
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Bah j'ai bien chroniqué PWOG et Monolake héhé ! Elle passe bien cette chro... Bon, sans surprise, j'aurait fait différemment, j'aurai peu parlé du côté prolo et beaucoup plus du colossal premier degré dont fait preuve Cocker derrière la morgue et l'esprit caustique, et moins des paroles, mais bon on est d'accord sur l'essentiel pour dire que ça tue. "Sorted Out" et "Something Changed" font vraiment du bien, pour moi là ils rejoignent les sommets des Blur et Oasis (ehh ouais, voilà pourquoi je rechigne à parler de Britpop sur guts, j'adore Blur ET Oasis. à mort. même si eux n'ont PAS ce 1er degré qui rend Pulp unique au monde)... Pour moi Cocker est un chansonnier, et comme Gainsbourg, il se bonifie en devenant léger et moins darkos... Même si j'adore les débuts aussi. Très bonne chronique wotzy, c'est marrant cet amour pour Pulp de longue date... Entre ça et Mojo qui kiffe son Duran Duran... ;)

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